Eric-Emmanuel Schmitt est un écrivain né tout près de Lyon. C'est d'abord ce qui attira mon attention sur lui. Je ne connais guère son théâtre mais j'ai lu plusieurs de ses romans, dont Oscar et la dame en rose. L’Évangile selon Pilate traînait dans mes rayonnages depuis de nombreuses années. C'est presque par hasard, et désoeuvrement, que je l'en ai tiré l'autre soir.
Après un prologue où Jésus raconte lui-même une partie de son histoire, Pilate (Ponce-Pilate, préfet de Judée pendant onze ans) prend le relais pour évoquer cette affaire dans une correspondance unilatérale avec son frère. Inutile de raconter les événements : tout le mode les connaît, surtout la phrase qu'il aurait dite à la fin du procès : "Je m'en lave les mains". On sait en fait peu de choses sur cet homme, rappelé ensuite à Rome et dont on perd ensuite complètement la trace (Certains prétendent, sans preuve historique aucune, que le mont Pilat, au-dessus de Saint-Étienne, en aurait tiré son nom.)
Schmitt peut donc tout à loisir l'interpréter à sa façon : un solide romain d'abord, bien campé dans ses sandalettes, qu'aucun doute ne vient assaillir. Il est là pour garantir le calme dans cette province remuante et il le fait, sans état d'âme ni scrupules. Puis, peu à peu, principalement sous l'influence de son épouse Claudia Procula, il se met à se poser des questions, à essayer, avec sa logique, de résoudre un mystère qu'il prend pour une énigme, à être ébranlé puisque chacune des pistes qu'il suit le fait rencontrer un mur.
C'est une interprétation du personnage propre à Schmitt mais elle en vaut bien d'autres. Et Pilate, au fil des pages, en devient émouvant de sincérité, en acceptant petit à petit, de ne pas comprendre, mais en trouvant, par ses questions, une liberté et une humanité qu'on serait autrement loin de lui attribuer.
(Eric-Emmanuel Schmitt, L’Évangile selon Pilate. Ed. Albin Michel)
jeudi 14 mai 2015
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2 commentaires:
L'analogie entre Ponce Pilate et le Pilat, j'ai cru à une blague quand j'ai lu ça il y a quelques années. Cela ne tient guère la route en effet. En revanche, est-il exact qu'il aurait vécu à Vienne ?
Cornus : il paraît, ce qui finalement rendrait l'affirmation toponymique plus crédible.
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