Il y a longtemps que je n'ai pas parlé de ma mère ici. Tout simplement parce que j'essaie de conserver un peu de légèreté à ce blog qui m'est un espace de liberté que je ne veux pas plomber et qui m'est cher.
En fait, les choses se dégradent et, j'ai l'impression, de plus en plus vite. Elle tombe depuis quelque temps dans un délire paranoïaque de plus en plus fréquent. Un jour, les aides-soignantes la battent et la volent. Ça, c'est pour les moments softs.
Hier, alors qu'il y avait son amie, ex-infirmière de la clinique à la retraite, elle m'a dit devant elle que c'était une menteuse et que, si elle me parlait, c'était parce qu'elle me "voulait" : elle est très obnubilée par le côté sexe en ce moment, elle qui, dans sa vie ultérieure, était d'une pudeur frôlant la pudibonderie. Comme j'essayais de changer de sujet de conversation, elle m'a menacé, geste à l'appui, de me jeter son dessert lacté à la figure, ce qu'elle fera sans doute un jour ou l'autre.
Aujourd'hui, dès que je suis arrivé, elle m'a parlé d'une petite fille qu'on avait enlevée ou qui avait disparu, je n'ai pas très bien compris. J'ai cru qu'elle avait entendu cette info à la télévision (mais elle n'est plus guère capable de se concentrer à ce point devant le petit écran). C'est lorsqu'elle a prononcé le prénom de Christine que j'ai compris qu'elle évoquait ma petite sœur, morte en 1971, à onze ans. Ce qui me fut confirmé par l'infirmière qui, dans la journée, avait fait venir le psychiatre contre qui elle s'était mise à hurler.
On m'avait dit que sa maladie évoluerait en ce sens. Ce n'est donc pas de la surprise que je ressens en ce moment, mais de la fatigue. Une grosse fatigue psychologique en ressortant presque chaque soir de sa clinique. Ce soir, il faisait beau. Alors j'ai pris une cigarette et regardé le vert tendre des arbres sur l'avenue. Toujours ça de pris.
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5 commentaires:
Les fins de vie sont épouvantables. Courage...
Ah oui la parano soudaine de ces moments-là...Mon père accusait l'aide-soignant de l'empoisonner et nous disait ne pas pouvoir nous recevoir parce qu'il avait rendez-vous avec...Churchill !
Nous avions la chance d'être plusieurs pour accuser le coup et de pouvoir en rire faute de mieux.
Tiens bon, Calyste ! Et ne crains pas de nous en parler si ça t'aide, on est là pour ça aussi, non ?
RPH : merci. Est-ce d'ailleurs un progrès de vivre plus longtemps mais dans cet état ?
Plume : merci à toi aussi, Plume. Il y a effectivement eu des moments où nous avons ri, avec ma sœur. Ils deviennent rares aujourd'hui.
Je comprends aisément ta fatigue en de telles circonstances. Cela m'angoisse aussi, de peur d'être confronté à de telles choses. La semaine dernière, une amie autunoise nous racontait les autres "délires" de sa mère, fortement atteinte par la maladie d'Alzheimer. Elle ne semble plus avoir un seul instant de lucidité.
Cornus : parfois, rarement, ma mère refait surface.
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