Une journée un peu hors de tout que ce vendredi. Mal commencée avec un départ de Lyon sous la pluie, direction Bourg-en-Bresse pour visiter le Monastère royal de Brou, à l'entrée de la ville. Un petit tour dans le centre auparavant, où nous rencontrons Louis, un ami bressan, qui nous offre d'abord l'apéritif puis nous invite à déjeuner à la brasserie du Théâtre.
Je crois n'avoir jamais mangé de rognons aussi bons, cuits juste ce qu'il faut, c'est-à-dire encore rosés, et fondants sur la langue.
Puis Jean-Claude, qui en a eu l'idée, nous conduit jusqu'à Brou. Frédéric et moi ne connaissons pas. D'après le dépliant touristique, la visite est censée durer une heure trente. Nous y resterons trois heures, tant c'est beau et intéressant, d'autant que, cerise sur le gâteau, le Musée propose en ce moment une exposition sur Gustave Doré, dont la famille a séjourné à Bourg.
Le monastère a été édifié au début du XVI° siècle sur le site d'une nécropole gallo-romaine puis burgonde, à la demande de Marguerite d'Autriche, la fille de l'empereur Maximilien de Habsbourg, pour perpétrer l'amour qu'elle portait à son mari défunt, Philibert le Beau, duc de Savoie. Elle devait l'aimer, Marguerite, son Philibert, pour avoir réussi un tel chef-d'œuvre! On reste bouche bée devant la splendeur de ce site aux dimensions royales, puisque l'ensemble comporte, fait unique en France, outre l'église elle-même, trois cloîtres, deux salles capitulaires et pas moins de 4000m2 de communs pour douze moines seulement.
L'église, chef-d'œuvre du gothique flamboyant flamand, surprend par ses contrastes pourtant pleins d'harmonie: si le chœur est décoré à profusions de dentelles de pierre ciselées comme des joyaux, la nef, qui en est séparée par un jubé orné d'une végétation luxuriante, est d'une sobriété rare pour du gothique. Le choeur contient trois tombeaux: celui de Marguerite de Bourbon, en enfeu dans le mur sud, celui de Philibert le Beau, veillé par dix gracieuses sibylles et celui de Marguerite d'Autriche, surmonté d'un baldaquin monumental.
Le premier cloître, conçu comme un lieu de transition entre le monde extérieur et les bâtiments des moines, accueillait les hôtes de passage. Le second, dit grand chœur et destiné aux moines, s'ordonne sur une disposition semblable, de galeries hautes et basses, à celle du premier. Le troisième est le plus surprenant car de style bressan que, personnellement, je n'avais encore jamais vu. Pavé de galets, il était réservé aux communs et desservait le réfectoire, la cuisine, le chauffoir, les fours, la procure, une chambre pour les domestiques et une prison. Le dortoir et les cellules se situaient à l'étage du bâtiment principal et abritent aujourd'hui le musée.
L'exposition Gustave Doré montrent des œuvres très intéressantes de cet artiste que je connaissais, bien sûr, par les illustrations de la Bible, ou de La Divine Comédie, et dont j'ai appris aujourd'hui qu'il avait été également caricaturiste, peintre et sculpteur aux différentes périodes de sa vie.
Trois heures de bonheur pur sans lassitude, sans ennui, qui se sont terminées à la terrasse du petit café d'en face devant un verre somme toute bien mérité!
samedi 19 mai 2012
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8 commentaires:
Voilà un édifice dont je connais l'existence depuis très longtemps (je me souviens d'un dépliant que mon père avait rapporté de là-bas), mais je n'y suis jamais allé. Je crois que c'est une lacune à combler rapidement, d'autant que ce n'est pas très loin des terres éduennes.
Cornus: pas très loin, et ça vaut vraiment le détour. J'ai pris une centaine de photos que je mettrai un jour prochain sur Flick'r
Merci pour cette visite d'une église qsue, pour la connaître, je n'ai jamais visitée... quant à ceci "est d'une sobriété rare pour du gothique.", ça mérite quelques remontrances et un développement quand j'aurais 5 mn !
Karagar: qu'est-ce que tu veux, je ne visite presque plus que du roman. Mais je veux bien que tu développes. Ça m'intéresse, sincèrement.
C’est juste que l’expression « sobriété rare pour du gothique » m’étonne car la nef que tu montres a des voûtes très nervurées et donc assez maniérées, une mouluration abondante des piles. C’est l’absence de chapiteaux (normale pour l’époque) et de triforium qui te fait cet effet. Surtout, intérieurement le gothique se définit par la sobriété (unification du type de voûtement, disparition des scènes historiées aux chapiteaux) et beaucoup des grands intérieurs romans sont plus chargé que ceux les vaisseaux gothiques. Il n’est guère que les remplages des fenestrages (et encore apparus en 1210 seulement, à Reims, qui soient d’une plus grande complexité formelle. Tout ce que je dis vaut pour l’intérieur des églises uniquement, bien sûr, à l’extérieur, je te l’accorde, c’est l’inverse.
Karagar: c'est le contraste avec le chœur foisonnant qui m'a fait parler ici de sobriété pour la nef. Pour le reste, je te fais confiance, tu en sais plus que moi sur le sujet.
Calystee> Je ne veux pas que tu me fasses confiance, mais que tu regardes avec tes yeux et à l'aune de ma remarque, quitte à ne pas perçevoir les choses de la même manière...
Karagar: à la première occasion!
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