11 juillet
Il y avait très longtemps que je n'y avais pas mis les pieds. Profitant du beau temps enfin retrouvé, je décide d'y faire une petite visite. Le Père Lachaise est un de mes coins préférés de Paris. Je m'y laisse errer au gré de ma fantaisie, sans trop consulter le plan remis à l'entrée. Découvertes au hasard que je prise, même si le temps me manque pour tout voir ou revoir. Tombes orgueilleuses d'illustres inconnus, chapelles à l'abandon et menaçant ruine, nouveaux enterrés dont la pierre est encore indemne de toutes souillures.
Quelques conversations aussi avec d'autres visiteurs dont ces deux canadiens de l'Ontario pour qui le nom d'Eugène Delacroix ne représente rien. Au hasard des allées, Gilbert Bécaud, Marie Trintignant, Philippe Khorsand, Claude Chabrol, Mano Solo, Michel Petrucciani et une émotion pour moi: la tombe de la famille Russier, où est enterrée Gabrielle qui s'est suicidée en 69 suite à sa condamnation pour détournement de mineur en la personne d'un de ses élèves. Je me souviens encore de l'émotion qu'avait provoqué en moi le film de Cayatte, Mourir d'aimer, avec Annie Giradot.
Émotion encore devant la chapelle à l'abandon où reposent deux amis, deux militaires liés pour l'éternité. Combien de courage, à cette époque du XIX° siècle, a-t-il fallu au survivant pour décider de cette sépulture commune avec celui à qui allait toute sa tendresse!
Lorsque nous avions visité le cimetière avec Yvon, nous avions vingt ans et j'avais été ulcéré par le manque de fleurs sur la tombe de Colette alors que la sépulture voisine, dont le nom ne dit sans doute rien à personne, excepté à sa famille, en était regorgeante. J'en avais subrepticement dérobé quelques-unes pour les placer sur le monument de l'écrivain que l'on oubliait. Yvon avait été choqué par cette audace. Moi, je m'étais senti très fier de mon coup!
En rentrant à Saint-Ouen, fasciné dans le métro par la nuque et les oreilles d'un homme jeune devant moi. Serais-je fétichiste? Douceur de la peau que l'on a envie de lécher, beauté de l'ourlet encore tendre, candeur du léger duvet que vient caresser le vent de la rame. La vie après la mort. Je préfère la vie.
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4 commentaires:
Je suppose que tu voulais écrire Mano (Solo) au lieu de Manu.
J'ai découvert trop tard que tu t'étais décidé à passer quelques jours à Paris ; j'aurais été ravi de faire ta connaissance.
Gonzo: oui, merci, je rectifie.
Pour Paris, je me suis décidé à la dernière minute. Je te fais signe lorsque je remonte (j'espère dans moins de 20 ans!).
"s'est suicidée en 69"
j'savais pas qu'c'était aussi dangeureux!!
...et on m'demande d'écrire "culanco"...j'sais pas c'que ça veut dire mais ça m'a pas l'air très catholique...
Piergil: à un certain âge, on risque tout au plus un tour de reins! Rassure-toi! Le jeu en vaut bien la chandelle, si j'ose dire, non?
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