Je n'ai jamais su écouter la radio sans rien faire d'autre en même temps, par exemple dormir le matin, manger à midi, conduire ma voiture ou refaire mon appartement. En ce moment donc, je l'écoute beaucoup puisque je dors, je mange et surtout je ne manque pas de travaux domestiques.
Aujourd'hui, sur France Inter, il était question de l'art épistolaire ou, plus prosaïquement, de la disparition progressive du courrier par lettres. Ainsi seulement 3% de ce dont se charge la poste en est constitué, mais, paradoxalement, alors qu'au début de cette institution, c'était surtout une certaine classe sociale cultivée qui écrivait, de nos jours les lettres sont écrites à 40% par des gens plutôt modestes. Explication peut-être dans le manque d'ordinateur à la maison?
Si quelques auditeurs regrettaient ce mode de communication, la grand majorité considérait qu'un mail pouvait être tout aussi riche qu'une lettre. J'en doute! Un SMS est souvent rédigé à la va vite et dans un but uniquement utilitaire. Il est loin de posséder toute la poésie d'une enveloppe trouvée dans sa boîte et tenue fébrilement dans l'escalier en entendant de pouvoir l'ouvrir, sans parler du plaisir à considérer le timbre ou la flamme. Il prive du contact sensuel avec la papier, que j'avais l'habitude de sentir longuement avant de lire les mots qui y étaient tracés.
J'ai, en archives, quelques lettres dont je ne me débarrasserais que difficilement. Celles de gens que j'ai aimés ou qui m'ont aimé, d'amour ou d'amitié, celles, riches de savoir, de Paul, un ami parisien traducteur et écrivain, celle d'Odile, bonne de cure, toujours agrémentées de dessins naïfs et de collages, celles de tous ceux qui, à un moment, ont pris le temps de se pencher sur leur bureau pour rédiger un texte, beau ou émouvant, ou les deux, à moi destiné.
Il est vrai qu'aujourd'hui, je n'en reçois plus guère, de même que je n'en envoie pas et que les seules enveloppes que je tire de ma boîte sont des factures, des publicités ou de la propagande politique. Je le regrette un peu, même si je comprends que l'on puisse préférer taper sur un clavier plutôt que de prendre un stylo en main. C'est mon cas, à moi que l'ordinateur a désinhibé de l'écriture en me faisant oublier tous les anciens modèles écrasants que je tentais vainement d'imiter.
La lettre papier est donc d'un autre siècle. Passons et vivons avec notre temps! Mais j'ai plus de mal à supporter que le mail remplace également peu à peu les coups de téléphone. Depuis combien de temps n'en ai-je pas reçu de ma sœur ou de mon frère? La communication ne passe plus désormais que par de petits mots à lire sur son écran, auxquels on ne peut répondre qu'en différer, en n'ayant plus comme point de repère le ton ou le rythme de la voix, en ne pouvant s'enrichir mutuellement de précisions ou de contradictions instantanées. Moi qui aime les voix, je suis en manque. Profond.
lundi 25 juillet 2011
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10 commentaires:
J'ai jeté toutes mes vieilles lettres sur un coup de tête, le jour où je me suis aperçue que quelqu'un d'autre y avait fourré son sale nez. Qu'est-ce que je regrette ce geste de colère!
SMS, je suis d'accord avec toi. Utilitaire, et pratique quand il faut faire vite...ou qu'on a envie d'éviter l'autre en direct !
Reste les mails. Il y manque l'odeur du papier, mais pour les bavards dans mon genre c'est le salut !
La Plume: autant pour moi. J'ai tapé SMS et je voulais écrire mail. Sans doute la poussière de l'appartement qui m'obstrue les méninges! J'ai corrigé le texte.
J'écris, j'écris beaucoup, des mails, des cartes, des lettres. Et même les SMS qui sur l'iphone se suivent et gardent un petit côté éphémère et pourtant si vivant.
Il y avait une blogueuse et twitteuse dans l'émission. La luciole je crois qui est dans la vraie vie lucie Caulmant.
Valérie: mais où prends-tu le temps?
Exact pour l'invitée de l'émission, mais je ne la connais pas.
Assez d'accord avec ça. Le téléphone apparaît néanmoins trop intrusif à pas mal de monde (ce qui est le cas quand il ne s'agit pas d'amis ou de la famille)
Cornus: oui, c'est le revers de la médaille. L'instrument m'exaspère surtout quand je suis à un guichet quelconque en train d'exposer mon problème (ou autre) et que le téléphone sonne, prenant ainsi la priorité sur tout et sur tous!
Plaisir du papier ou pas, chaleur de la voix ou pas, je pense que l'essentiel c'est de pouvoir se dire que les autres pensent à nous. Et le font savoir. Avec de vraies phrases, évidemment. Et en prenant du temps pour le faire, pour construire, élaborer, choyer, ces phrases, évidemment. Le reste n'est que... littérature.
Lancelot: sans doute, mais en ce domaine, je reste très classique.
C'est pour cela que tu tiens un blog ?
Lancelot: mais ça n'a rien à voir, mon cher! J'ai déjà expliqué mon rapport à l'écriture via le blog.
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