Douze pas, une pause. Trois pas plus hésitants, un autre arrêt. Le tuyau des eaux usées de l'immeuble est là pour accueillir sa main tremblante. Il repart. Quelques gouttes de pluie. Le ciel est devenu noir. La canne canadienne risque de glisser. Il lève les yeux au ciel. Il y a longtemps que sa bouche ne profère plus aucune prière. Juste pour voir si l'averse lui laissera le temps d'arriver. Au fond d'un sac blanc en plastique, un chargement léger, quelques légumes pour le dimanche de solitude, des haricots suffisants pour le déséquilibrer.
Le pas gratte le trottoir. Les pantoufles n'ont plus de forme,pas non plus le vieux jean qu'une ceinture retient moins bien que le ventre. Le T-shirt Kookai, saugrenu, n'a plus que de jaune le souvenir. Le visage est blême, sans sueur. De ma fenêtre, je devine la respiration embarrassée par l'effort. Encore trois pas et un passant le double, sans le voir. Image du passé. Supposition de l'avenir.
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2 commentaires:
Fort. Mon appartement donne aussi sur une rue. Je vois défiler sans le vouloir des passants de là où je travaille. Je suis, ces derniers temps, particulièrement sensible à ces petits vieux ou ces petites vieilles pour qui marcher constitue un véritable effort et un vrai courage. Je me dis que je vieillis moi aussi pour les remarquer et être autant touchée.
Christine: c'est que voulait dire la fin de mon billet. Cependant, j'ai toujours été très sensible aux personnes âgées, peut-être pour avoir été élevé par ma grand-mère maternelle.
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