Ça sent bigrement la fin de l'année scolaire: emplois du temps qui se délitent avec les derniers brevets blancs, les oraux d'histoire des arts en troisième, les visites extérieures qui se multiplient, certains élèves qui commencent à comprendre qu'il est plus qu'urgent de se mettre au travail, certains collègues qui commencent à se dire qu'il est urgent de se préparer au far niente.
Je n'aime pas ces fins d'année qui n'en finissent pas. Elles me donnent chaque fois l'impression que quelque chose meurt, même si, en vieillissant, le temps de mon deuil est de plus en plus court. Aussi, pour moi, n'y a-t-il pas de ralentissement dans la qualité ou la quantité de travail que je demande aux élèves. Puisqu'ils sont là, autant en profiter pour leur inculquer encore deux ou trois notions qui leur serviront par la suite, que ce soit dans le domaine scolaire ou sur un plan plus personnel, comme le développement de l'esprit critique par exemple.
La plupart des élèves de collège se contentent de régurgiter (plus ou moins bien) ce qu'on leur apprend en classe. Que cela ait un sens ou non n'a pas d'importance pour eux. Ils font ce qu'on leur demande, en bons petits chiens qui croient être savants. Ensuite, une fois la note obtenue, ils tournent la page et se dépêchent d'oublier ce qu'ils ont engrangé.
Cette année, je n'ai pas à me plaindre, avec ma cinquième en particulier. L'autre jour, lors d'un tour d'horizon où je les sondais pour voir ce qui restait des connaissances qu'ils avaient acquises au cours de ces quelques mois, j'ai été agréablement surpris de constater que certains d'entre eux s'en sortaient plutôt bien et semblaient même avoir définitivement ingurgité ce que ce barbon de professeur leur avait enseigné.
La seule chose que je trouve positive dans ces mois de mai et de juin à trous, c'est de finir par des séquences sur la poésie et le théâtre: beaucoup plus de liberté dans l'organisation des cours, beaucoup plus d'occasions d'échanges et de prises de parole de la part des élèves. On a ainsi l'occasion de découvrir la sensibilité littéraire de deux ou trois qui ne sont pas forcément les meilleurs éléments de la classe. L'an dernier, un sixième, légèrement caractériel et plutôt pénible en classe, a surpris tout le monde, moi compris, en interprétant quelques passages de pièces courtes de Jean Tardieu que j'avais choisi pour finir l'année. Ton juste, mimique adéquate, silences bien placés. Et tout cela naturellement, comme quelque chose qui venait du plus profond de lui-même. Visiblement, il était heureux et épanoui à ce moment-là.
Allez, nous ne sommes pas tout à fait inutiles, nous les profs!
lundi 16 mai 2011
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7 commentaires:
un brin nostalgique tout ça...
moi j'ai fini !
Karagar: oui, c'est un peu vrai. mais, comme je l'ai écrit, je m'en remets de plus en plus vite.
Bonnes vacances à toi, alors!
Non, non, je suis en vacances du 15 juillet au 15 aout !
35 heures de présence obligatoires sans élèves.
Karagar: c'est pas trop tristounet, sans élèves?
J'ai souvenir qu'à l'époque au collège, cela ne se relachait pas avant 2-3 semaines avant la fin officielle, ce qui me semblait déjà trop.
Sinon, comme j'en parlais avec un collègue l'autre jour, on faisait le constat qu'on n'avait pas été forcément de très bons élèves au collège ou au lycée, qu'on avait néanmoins appris un minimum, mais qu'on avait fait peu de bachotage de sorte qu'on n'avait pas forcément de bonnes notes, mais que ce qu'on avait appris, on l'avait appris pour un bout de temps et pas pour le recracher et l'oublier immédiatement après. Et tu soulignes bien ce problème et tu soulignes bien l'importance qu'il faudrait donner à d'autres approches, à d'autres évaluations. Lire ce que tu racontes là montre à quel point ton approche est importante.
Cornus: je ne sais pas si elle est importante, mais elle est sincère.
35 heures de présence obligatoire sans élèves pour Karagar ???? C'est pire que "tristounet", moi je me tirerais une balle ! Rien de plus affreux que ces heures de présence passées à remplir d'interminables dossiers, assister à des réunions à la noix de coco, ou à surveiller des examens sans faire cours. Epouvantable.
Heureusement, chez nous, ça ne dure pas, pas trop.
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