vendredi 27 mai 2011

Elle

Elle était au bout du couloir. Il n'en dépassait qu'un petit bout de visage, derrière la porte, comme si elle se cachait. Et puis son œil perdu, de femme jeune et déjà perdue. Elle ne se cachait pas, elle n'a plus rien à cacher. Je ne connais que son corps déjeté, croisé maintes fois silencieux, seul. Je ne lui donne pas de nom, je ne lui invente pas d'histoire. Juste cette errance qui n'intéresse personne. Je savais que je n'oublierais pas ce petit bout de chair abimée. Par quoi? Elle même ne le sait plus peut-être. Personne ne la regarde. Rêve-t-elle encore? Devant la télévision, elle contemple le mur, absente, transparente. Elle se cogne aux barreaux de sa solitude. Je ne l'ai jamais vu dehors. Quel oiseau pourrait-elle encore écouter?

4 commentaires:

Cornus a dit…

Je ne comprends pas tout, mais en tout cas, cela n'est pas sans me parler.

Calyste a dit…

Cornus: c'est une femme que je croise souvent dans la clinique de ma mère. Elle me bouleverse chaque fois par son côté perdu et si fragile.

Lancelot a dit…

Terrible.

Pouffff, quand tu t'es mets, toi... encore pire que Paul Auster, pour l'impact sur mon moral.

Calyste a dit…

Lancelot: j'apprécie la comparaison! J'aime (presque) tous les livres d'Auster ( à l'exception de La trilogie New-Yorkaise qui, bizarrement, passe pour son chef-d'œuvre.