Tout le monde ou presque dit le plus grand bien d'Haruki Murakami. Cédant à la curiosité, j'avais acheté et lu Chroniques de l'oiseau à ressort qui ne m'avait pas vraiment séduit.
Cette fois-ci, pour Autoportrait de l'auteur en coureur de fond, c'est autre chose. Dès les premières pages de cet essai (bien que lui-même récuse cette classification et lui préfère celle de "mémoire", je me suis senti chez moi, pleinement ("plénitudement"!), totalement. Le livre est corné maintenant à de nombreuses pages. J'ai eu, en tournant la dernière, l'envie irrésistible d'enfiler mes chaussures de sport et de repartir le long des chemins, comme je le faisais jusqu'à l'an dernier.
Très intelligemment, Murakami fait un parallèle entre son besoin de courir et celui qui l'habite aussi, d'écrire. Même motivation, même technique, même ressenti. Cela peut paraître extravagant à qui n'aime pas voir défiler les kilomètres sous ses pieds, et je ne conseillerai pas cet ouvrage aux gens qui n'ont jamais éprouvé que de la souffrance à ce genre de sport, que ce soit l'écriture ou la course d'endurance. Moi, il m'a comblé, du début à la fin. J'avais besoin de lire un livre comme celui-ci, positif et subtile.
(Autoportrait de l'auteur en coureur de fond. Editions Belfond. Trad. de Hélène Morita.)
lundi 23 mai 2011
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5 commentaires:
Je suis asthmatique et gros fumeur, la question est réglée, d'autant si l'on ajoute un dos cassé : donc courir n'a jamais été dans mes moyens. Mais lire des Japonnais, ça je peux (syntaxe brittonique). Mishima (bien qu'occidentalisant) avait chez moi arrosé ce que Rimbaud avait planté. Le plus embêtant serait de ne pas mélanger envie de lire et envie d'écrire : l'excitation n'est pas toujours signe de "bon moment" pour cumuler des mots. Comme souvent, ces temps-ci je lis trois livres en même temps : pour éviter les influences et l'ennui (un livre dans les chiottes, un près du lit, un dernier dans le sac). Et aucune hésitation à condamner celui qui m'ennuie au bout de cinquante ou cent pages (je ne lis pas pour me conformer à une culture ! ).
Ceci pour dire que j'aimerais tellement écrire un récit 'à la japonaise" : court, focalisé, très technique et lumineux à la fois.
Voilà une lecture qui me plairait!!
Merci d'en avoir parlé! Et merci pour ton soutien moral. G.
Kab-Aod: je n'accroche que modérément avec Mishima et n'arrive pas à comprendre pourquoi. J'essayerai sans doute encore dans l'avenir.
Pour Hurakami, courir et écrire demande la même concentration et le même dépassement de soi, l'oubli de soi, le sortir de soi, et ça, je le comprends assez bien sans y parvenir toujours pour l'écriture. Quant à la lecture, lire plusieurs livres à la fois m'arrive rarement. Mais je n'hésite plus maintenant à jeter aux orties un livre auquel je n'accroche pas. J'ai longtemps fait des efforts pour terminer. Résultat: l'ennui le plus profond.
Je trouve ta définition d'un récit "à la japonaise" très juste.
Georges: merci à toi pour tes billets et leur style, à la fois loin du mien et si proche finalement.
@ Calyste : cette relation entre l'écriture et un sport (leur parallèle), Mishima en donne sa propre vision à travers une confession très courte (120 pages chez Folio), "Le soleil et l'acier", un récit (rédigé en anglais) de 1970, l'année de son suicide. Il y évoque, mais sans doute loin de la réflexion de Hurakami, comment, d'abord écrivain pâle et nocturne, il s'est investi dans l'athlétisme et la culture de son propre corps.
Le style littéraire adopté n'est pas toujours digeste ; on y reconnait bien sa profonde pénétration du patrimoine japonnais (celui traditionnel et celui de l'après "Hiroshima") ainsi que sa fascination pour l'Occident littéraire, mais le mélange, dans cette ouvrage, demeure à mon goût un tantinet hétérogène (il m'a fallu de la patience, pourtant j'ai dû depuis le lire une bonne dizaine de fois car le sujet et son auteur me questionnent intimement).
Ps : quand je dis qu'il m'arrive de lire plusieurs livres en même temps, il ne s'agit pas nécessairement de fictions romanesques. Actuellement j'ai affaire à une évocation de l'univers et de la vie à leurs débuts, au témoignage désœuvré d'un toubib et le court roman d'un Cubain :)
Kab-Aod: j'avais tapé, il y a quelques jours, une réponse à ton commentaire. Elle a disparu, je ne sais comment.
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