Autrefois, à l'une des dernières d'Apostrophes, Pivot avait demandé à ses invités quel était selon eux le mot le plus beau de la langue française. En y réfléchissant, pour mon compte, j'avais choisi "tome" parce qu'oralement, il m'évoquait les deux choses dont je ne peux pas me passer : le fromage et les livres.
Et l'autre jour, en bavardant avec le fils de M-C, j'ai trouvé celui qui me hérisse le plus : c'est "gagner". Je me retrouve ainsi bien loin des "premiers de cordée" tant appréciés de notre président, mais je dois dire que ce n'est pas pour me déplaire ...
Gagner, c'est soit faire confiance au hasard et je n'ai jamais gagné grand chose à la loterie, soit tout faire pour réussir. Dans ce dernier cas, cela implique une compétition et je n'ai absolument pas un tempérament à ça. Écraser les autres ne m'a jamais fait bander. Et je dois avouer que je n'ai pas besoin de ça pour garder une certaine estime de moi, celle en tout cas nécessaire pour vivre correctement.
De plus, la nature (ou mes parents) m'a fait tel que je n'ai aucune perception ni aucune considération servile de n'importe quelle hiérarchie. Lorsque j'ai quelque chose à dire, à qui que ce soit, aucun grade, aucun titre ne peut me fermer la bouche : je le dis, en général poliment, mais je le dis. Et j'ai constaté que cette façon de faire (ou d'être) était souvent appréciée. Alors pourquoi changer (ce que, d'ailleurs, je ne pourrais pas faire) ?
Enfin, mon tempérament m'a toujours fait préférer les fêlés, les cancres, les "à la marge", les timides, les doutant d'eux-mêmes, aux premiers de la classe. Je ne suis pas à la mode, je sais, mais ça aussi, me convient tout à fait !
lundi 12 août 2019
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4 commentaires:
Je suis assez d'accord pour "gagner". Quelques nuances ou compléments toutefois :
- participer à une "compétition" n'implique pas forcément d'écraser les autres, cela peut être aussi avec personne en face de soi. Cela m'est arrivé plein de fois où j'avais peu de concurrents et plusieurs fois pas du tout. On peut gagner aussi contre ou plutôt avec soi-même avec des "compétitions" qui se passent en grande partie en solitaire. C'est ainsi que j'ai le sentiment que s'est passée une grande partie de mon cursus scolaire, universitaire, ma thèse. Pour mon travail, je ne pense pas que j'ai nui à qui que ce soit. Mais ai-je gagné une compétition ? Je me suis sans doute contenté d'être moi ;
- "gagner sa vie" peut sans doute être vu avec un œil positif, bien que cela se discute car sa vie n'est pas un jeu et un salaire ne devrait pas être une parcelle de vie en principe ;
- "gagner de l'argent" : voilà qui me semble un peu vulgaire, parce que je ne me suis jamais vu dans le commerce ou les affaires. Mais est-ce mal pour autant si on reste honnête ?
et les mots beaux ou laids indépendamment de ce qu'ils signifient?
Cornus : gagner avec soi-même, c'est pour moi se construire peu à peu. Il n'y a pas de bataille avec ce qui précède (ce que sous-entend gagner) mais plutôt construction progressive de ce que l'on est.
Gagner sa vie ? C'est une expression abominable. Comme tu le dis, chacun a droit à vivre correctement sans que le hasard y ait quoi que ce soit à faire. D'ailleurs, certains la gagnent fort bien sans avoir quoi que ce soit à combattre, juste parce qu'ils sont fils ou filles de.
Gagner de l'argent : mais on ne le gagne pas, on le mérite, si, comme tu le dis, on est honnête.
Karagar : tu dois savoir combien je suis sensible à la musicalité des mots et à ce qu'elle évoque profondément. C'est grâce à cette musicalité que j'ai retenu mes premiers mots en italien, et tu serais surpris si tu savais de quels mots il s'agit, pas vraiment de ceux que l'on emploie tous les jours. .
Calyste, je pense que nous sommes bien d'accord.
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