Hier, aujourd'hui et demain

Pendant longtemps pour moi, Sophia Loren ne fut qu'une actrice à forte poitrine, à mettre au même rang que sa compatriote Gina Lollobrigida. Je lui préférais largement Monica Vitti, Anna Magnani, Alida Valli, Silvana Mangano, Giuletta Massina ou Lucia Bosé. Un film pourtant m'avait enthousiasmé : Une Journée particulière, d'Ettore Scola, où elle joue le rôle d'Antonietta, une bonne mère de famille nombreuse qui va nouer une relation "amoureuse" avec Gabriele (Marcello Mastroianni), un homosexuel condamné à l'internement par le régime fasciste.

Pour son anniversaire, j'avais offert à Frédéric, passionné de biographies, celle de la célèbre napolitaine. Le voyage à Rome fut pour moi l'occasion de le lire et de découvrir une autre femme, plus intime, plus attachante. Elle évoque son enfance à Pozzuoli, auprès d'une mère déboussolée et d'une grand-mère aimante qui compensent l'absence d'un père volage, ses débuts au cinéma, sa rencontre avec Carlo Ponti, sa difficulté à avoir de enfants, son séjour en prison et ses amitiés dans le milieu cinématographique, en particulier avec Cary Grant et Marcello Mastroianni.

Un livre idéal pour se détendre chaque soir après nos journées fatigantes, sans avoir à se creuser les méninges, en ayant l'occasion parfois de mettre mes pas dans les siens, comme sur la Place d'Aracoeli, au pied du Capitole, où elle vécut quelques temps. Des pages où elle se livre avec beaucoup de sincérité, même si ses explications sur les difficultés de son mari Carlo Ponti avec la justice me semblent un peu tirées par les cheveux (ce qui est un comble pour un producteur aussi dégarni !).
(Sophia Loren, Hier, aujourd'hui et demain. Ed. Flammarion. Trad. de Renaud Temperini.)