vendredi 22 décembre 2017

Vieille sueur

J'ai fait hier mon voyage quasi hebdomadaire à Emmaüs pour tenter d'y trouver un Indridason que je ne connaîtrais pas encore. Peine perdue : rien de mon auteur islandais préféré. Pas non plus de nouvelle biographie signée Jean Orieux.

Mais, pendant que je jetais un œil distrait sur les autres titres présentés, une odeur désagréable s'est subitement introduite dans mes narines, odeur amplifiée par la chaleur qui règne toujours dans cette cave-bibliothèque. J'étais accroupi devant le rayon Histoire et, en tournant la tête, j'ai aperçu deux pieds, puis deux jambes et, en continuant à relever la tête, le torse et la tête d'un homme d'environ mon âge, habillé en bon bourgeois du troisième arrondissement. Était-ce lui qui dégageait ces relents de vieille sueur aigrie qui macérait sous le manteau ? J'en eus la confirmation en me relevant pour lui laisser la place : lorsqu'il me contourna pour s'approcher du rayon, la puanteur devint encore plus intense.

Je m'éloignai un peu, retournant auprès des polars, mais l'odeur était toujours là, fade et entêtante à la fois, qui me dégoûtait. Comment sa femme, qui l'accompagnait, pouvait-elle ne pas la sentir ? Comment la supportait-elle, non seulement ici mais chez eux aussi, sans doute, elle qui ne sentait pas  ?

Je regagnai rapidement la rue et, pour une fois, accueillis avec plaisir le temps froid et le crachin qui, enfin, me délivra de ces miasmes. Je n'avais rien acheté.

8 commentaires:

plumequivole a dit…

Oui c'est j'imagine assez désagréable. Mais (tu me diras que ça n'est pas une consolation !) pas toujours de la faute de la personne. J'ai l'exemple tout proche d'une cousine qui fouette, tellement bien que quand elle passe on ouvre les fenêtres en grand. J'ai appris très récemment qu'elle souffre depuis l'enfance d'une phobie de l'eau.Traitée mais apparemment incurable. Et j'ai aussi le souvenir d'une petite élève de maternelle qui sentait affreusement mauvais et tu imagines ce qu'elle pouvait entendre avec les autres gamins ! Hygiène absolument impeccable pourtant. Et la chose a disparu d'une année sur l'autre. Ah les mystères du corps !!!

Calyste a dit…

Plume : lorsque j'accompagnais la chorale, il m'est arrivé, au Québec, d'avoir la même expérience. Je logeais, avec six petits chanteurs à la cure d'un petit village. Le chef de chœur m'avait bien recommandé de surveiller de près la toilette de deux jumeaux qui puaient vraiment. Eh bien dix minutes après la douche (qu'ils avaient effectivement prise) et après avoir changé de vêtements, ils puaient tout autant.
Mon problème, c'est que, même en sachant cela, j'ai du mal à supporter ce genre d'odeur. J'ai l'impression chaque fois qu'elle va rester incrustée en moi et ça me donne, physiquement, la nausée !

CHROUM-BADABAN a dit…

J'ai un copain qui a écrit une nouvelle très drôle à ce sujet.
En résumé:
Un clochard est assis sur la banquette parmi les voyageurs du métro, à Paris. Tous les voyageurs, assis ou debout, se pincent le nez tellement ça pue ! D'ailleurs, le gars qui est assis juste à coté du clochard, d'un air absolument dégoûté, finit par se lever pour sortir de la rame. Une fois descendu, les portes refermées, la mauvaise odeur qui incommodait tout le monde a soudainement disparu !

karagar a dit…

Je connais un très beau garçon, jeune et sans doute irréprochable point de vue hygiène, qui rend chaque salle où il séjourne insupportable à mon nez (certes un peu délicat). Et le cas n'est pas unique, loin de là, je pense qu'il ne s'agit pas toujours d'une phobie du gant de toilette mais d'un dérèglement quelconque.

Et pour le beau garçon je me demande souvent comment font les innombrables qui doivent lui tomber dans les bras....

Cornus a dit…

Personnellement, j'ai connu trois types de personnes à odeur :
- les personnes qui sentent extrêmement mauvais, parce que crasseuses, qui ne se lavent pas ou alors une fois l'an les années bissextiles. Je pense que ces personnes (adultes) sont rares , je n'ai connu dans ce type que de vieux paysans ;
- les personnes qui sentent exagérément la sueur parce qu'ils ont fait un effort et que certaines personnes exhalent facilement de telles fragrances, probablement pour diverses raisons ;
- les personnes qui font virer l'eau de toilette dont ils se sont aspergés. Il se peut d'ailleurs que cette aspersion ou douche de parfum frappe deux sous catégories : ceux qui s’inondent pour laisser une trace olfactive sur leur passage, soit de manière inconsciente, soit pour imposer une présence, et ceux qui tentent de masquer des odeurs corporelles incontrôlables.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Son épouse n'a peut être plus d'odorat :D

CHROUM-BADABAN a dit…

Pour ma part, rien de ce qui est humain ne me rebute ! Les odeurs, bonnes ou mauvaises, de mes congénères me font voyager dans leur univers intime...
Les clodos, dans leur misère forcée, les normaux dans leurs misères choisies !
Le mélange des odeurs, dans certains lieux publics, font comme un feu d'artifice dans ma tête, redoutablement coloré, parfois inconcevable mais toujours surprenant !
Et parfois je me demande comment font les chiens d'aveugles dans les wagons du Métro parisien !
Ouah ouah !
Et pour information, sais-tu qu'il existe pour les médecins deux sortes de stéthoscopes ?! Un court pour le tout venant et un long, pour les odeurs à tenir à distance !
Tout ça me fait bien rire, ouah ouah !

Calyste a dit…

A tous : eh bien, je suis ravi que le sujet vous ait autant inspiré, que vous soyez amateurs d'odeurs ou pas.