mardi 16 juin 2015

La Fourmi (... et la Cigale)

Non, ce n'est pas le titre d'une fable de La Fontaine, mais le nom de deux établissements de spectacles tout près l'un de l'autre dans la troisième arrondissement.

La Cigale est devenue depuis de nombreuses années le Théâtre Tête d'Or. Lorsque j'habitais dans le quartier, j'y avais croisé un soir le prince  Norodom Sihanouk, sur le trottoir, à peine accompagné de quelques gorilles. J'y avais vu aussi Marie Laforet, dans Master Class, et Lisette Malidor, dans Les Monologues du vagin. Deux belles soirées théâtrales.

Mais c'est La Fourmi qui reste pour moi un endroit fétiche. C'est un petit cinéma indépendant, à la programmation soignée, loin des sempiternels blockbusters américains. La place n'y était pas chère et les vieux fauteuils de velours totalement défoncés. Outre le cinéclub italien auquel j'ai été abonné pendant des années, j'y ai vu des films inoubliables.

Deux en particulier. Pandora, avec James Mason, et Ava Gardner : j'étais au premier rang, presque sous l'écran et, malgré la position inconfortable, j'avais été fasciné. Et puis Mort à Venise, de Visconti où, en sortant j'avais failli me faire écraser par une voiture, tant j'étais sur un petit nuage.

La Fourmi avait fait un petit, Cours Gambetta, presque en face de l'ancien Eldorado, une salle à l'italienne démolie pour construire un immeuble. L'expérience n'a pas duré très longtemps, la décennie des années quatre-vint, en gros. Juste le temps d'y voir quelques films. Un jour d'un hiver particulièrement rigoureux, j'étais le seul client. Il faisait si froid qu'on y avait installé un radiateur d'appoint contre lequel je m'étais blotti. Aucun souvenir du film mais je me souviens bien de l'onglée que j'avais attrapée en rentrant chez moi, à quelques centaines de mètres seulement.

Depuis que j'ai déménagé, je ne passe plus guère devant La Fourmi. Par hasard, l'autre jour, en me rendant à mon cours d'allemand, j'ai pris la rue Pierre Corneille. Et là, stupéfaction : des travaux masquaient l'ancienne devanture ! La Fourmi aurait-elle disparu, comme les CNP lyonnais ? Un gros pincement au cœur, il a eu, le Calystee. Mais, en me renseignant à la pizzeria d'en face, j'ai appris qu'elle allait bientôt rouvrir. Le vieux propriétaire que j'ai toujours vu derrière son guichet à l'entrée a pris sa retraite et la salle a été récupérée par l'Institut Lumière. Alors là, grande joie, car la qualité sera préservée. Et je me suis promis de revenir plus souvent y faire un tour.


2 commentaires:

Jérôme a dit…

Aaaahhhh Ava dans Pandora !!
Et au fait, ces cours d'allemand ??

Calyste a dit…

Jérôme : terminés pour cette année, et sans doute ailleurs l'an prochain. Pas satisfait du tout de la prestation.