En regardant le "28 minutes" d'Arte un soir, j'ai eu la surprise d'y voir apparaître, dans la première partie, deux des fils de celui dont j'ai déjà parlé ici et que j'évoquais encore plus longuement dans le livre que l'on m'avait demandé d'écrire sur ma carrière d'enseignant et que je n'ai jamais terminé, la commanditaire n'ayant plus donné signe de vie. Il s'agit du professeur de français/langues anciennes que j'ai eu plusieurs années au lycée à Saint-Étienne et que je veux nommer mon Maître.
Le nom correspondait, un nom peu courant à ma connaissance et que je n'ai jamais oublié, mais ce sont les prénoms qui finirent par me rendre certain qu'il s'agissait bien d'eux. François, après des études de philosophie, est aujourd'hui apiculteur. Il doit avoir à peu près mon âge et a fréquenté avec moi les camps sous tentes que son père organisait chaque été dans les environs de Saint-Étienne. Son frère, Pierre-Henri, est plus jeune, et je l'ai connu bébé pendant mes premières années de lycée. Ils étaient invités pour la parution d'un livre écrit en commun.
Les voir ainsi, après tant d'années, m'a ému. Je cherchais dans leurs traits quelque chose qui me rappellerait leur père mais ne l'ai pas trouvé. Pourtant aucun doute : le village de Haute-Loire où François est apiculteur est celui où, il y a des années, avec Pierre, j'ai cherché la tombe de son père sans jamais parvenir à la découvrir.
En venant à Lyon, j'ai oublié cet homme : on se croit grand lorsque l'on entre à la faculté et il y a tellement d'autres choses à expérimenter. Pourtant tout ce que je sais, je le tiens essentiellement de lui, de même que la façon dont j'ai mené mon enseignement pendant toute ma carrière. Réciproquement, je peux dire, sans fausse pudeur, qu'il était attaché à moi. La dernière fois que je l'ai vu, c'est pendant une formation pour enseignant que j'ai suivie avec une collègue : cette formation se passait dans son appartement, près du lycée où j'ai fait mes études. J'appréhendais un peu de le retrouver, comme on appréhende de relire un roman qui nous a plu autrefois et que l'on craint de trouver fade aujourd'hui. Il n'en fut rien. Lorsque j'ai sonné, il est venu lui-même ouvrir la porte, la canne à la main comme je l'ai toujours connu et, lorsqu'il m'a vu, il a dit simplement : "Ah ! C'est toi !", comme si nous étions quittés de la veille. Des mots d'une tendresse qui m'émeut encore maintenant.
Ce temps est loin aujourd'hui. Sans doute achèterai-je le livre de ses fils, peut-être irai-je même jusqu'à contacter François ou lui rendre visite en Haute-Loire. Un voyage pour remonter aux sources, en quelque sorte.
mercredi 20 mai 2015
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3 commentaires:
Et surtout achète-lui du miel, denrée si précieuse et dont il vaut mieux profiter avant qu'elle ne disparaisse !
Et soi dit en passant, philosophe-apiculteur, j'aimerais connaître cet homme-là !
Voilà qui est bien intéressant à tous points de vue. D'abord par le souvenir de ton Maître. Mais aussi, entre autres, par ces auteurs qui doivent être intéressants (j'ai trouvé leurs traces).
Plume : c'est fait, mais dans le Jura. Oui, moi aussi, j'aime bien ces deux mots accolés.
Cornus : tu es un fin limier, mais je crois te l'avoir déjà dit.
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