Je ne compris pas tout de suite. Le bébé
dormait dans les bras de Dorée. En m’approchant d’elle, je vis qu’il ne devait
être âgé que de quelques mois, six tout au plus. Son visage chiffonné dépassait
à peine du lange dans lequel on l’avait emmailloté. Malgré cela, je constatai
que l’enfant paraissait particulièrement maigre.
- Il est beau, n’est-ce pas, me dit Dorée et
caressant doucement son front de l’index.
Que pouvais-je répondre, moi qui ai toujours
trouvé que tous les bébés se ressemblent et que rien en eux ne laissent
présager la beauté qui sera éventuellement la leur plus tard ? Je m’en
tirai par une pirouette.
- Il a l’air fatigué. Vous ne devriez pas le
laisser trop au soleil.
Et, heureux de m’occuper à autre chose, je
leur tournai le dos pour déplier le grand parasol de ma terrasse. Dorée s’assit
à l’ombre sur la chaise que je lui avais avancée et continuait à bercer
doucement le bébé. Tom aussi se rapprocha, visiblement incapable de savoir ce
qu’il devait faire. De tous, c’était Valeria qui semblait la plus naturelle.
Elle alluma une cigarette et me demanda si je voulais bien leur offrir quelque
chose de frais à boire.
Quand je revins sur la terrasse avec des
verres d’orangeade, Tom s’était assis lui aussi et tenait maintenant le bébé.
Curieux comme les hommes sont mal à l’aise dans ces moments-là ! On aurait
qu’il n’osait plus faire un seul geste,
c’est à peine s’il se permettait de respirer. Cela me fit sourire
intérieurement mais je savais qu’à sa place, j’aurais réagi exactement de la
même façon. Lorsqu’une de mes amies me confiait un instant son bébé, j’étais terrorisé.
Ce corps minuscule me semblait si fragile que j’avais toujours peur de le
briser avec mes grosses mains d’homme.
- Vous devez être surpris ? me demanda
Valeria.
L’italienne, dans nos correspondances lors de
la location, m’avait précisé qu’elle n’était pas mariée. Mais elle pouvait fort
bien avoir un bébé, même noir. Ce n’était pas la première mère célibataire que
je rencontrerais.
- Surpris est un bien grand mot, mais je ne
savais pas que vous aviez des enfants. J’en suis ravi pour vous.
Alors, s’étant rapprochée des deux hollandais
assis, elle se tint droite derrière leurs chaises, une main sur l’épaules de
chacun d’eux, comme si elle les protégeait. La scène me fit penser à ces
tableaux de la Renaissance où la Vierge recouvre de son manteau ouvert les
pauvres mortels qui lui ont demandé son aide.
- Mais je n’en ai pas !
6 commentaires:
Encore chiffonné à 6 mois ? Ça craint ! ;)
Voyons La Plume, et la license poétique alors? l'imagination au pouvoir? lrs droits du romancier?
Un bébé qui trainait en Italie...
Et en plus, il est fripé !
Plume : c'est vrai que je ne suis pas un spécialiste en bébé.... On n'est plus du tout chiffonné à 6 mois ?
Jérôme : merci de me soutenir !
Cornus : on peut dire ça. Tu verras la suite.
Karagar : il a dû coûter moins cher...
Calyste > Moi non plus pas plus que ça, faut pas croire ! Mais enfin le bébé fripé ça dure quelques heures maxi. Après faut envisager un bon repassage...Ensuite en principe on est tranquille pour quelques bonnes dizaines d'années. ;)
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