Chaque année, coutume oblige, j'achète pour Noël un paquet de papillotes. Autrefois les blagues, à l'intérieur, étaient bêtes à pleurer. Les fabricants ont voulu changé et nous inondent maintenant de citations d'auteurs plus ou moins connus qui, si elles sont plus "intellectuelles", n'en sont, la plupart du temps, pas moins stupides ni grandiloquentes, ou les deux.
Cette année, je suis tombé sur une nouvelle (parce qu'ils ne se renouvellent pas vite !), de Léonard de Vinci : "Parmi les cinq sens, la vue, l'ouïe et l'odorat connaissent moins d'interdits que le toucher et le goût."
Sans doute n'est-ce pas faux puisque ces trois premiers sens sont instinctifs, ne demandent pas de participation volontaire de celui qui s'en sert alors que les deux autres procèdent d'un acte délibéré. J'imagine bien ce cher Leonardo bavant devant un de ses modèles qu'il aurait bien voulu palper, encore que je doute qu'il s'en soit vraiment privé, en tout cas je le lui souhaite. Le goût lui aussi est censuré, par exemple celui du porc par certaines religions qui l'interdisent.
Mais que dire de la vue en ce moment où certaines caricatures provoquent des réactions meurtrières, où le corps des femmes doit se cacher pour ne pas attiser la convoitise des mâles ? A la décharge de Léonard, son époque n'était guère exposée à ce genre de réalités. Toujours à propos de la vue, que dire du remplacement de la cigarette légendaire de Lucky Luk par un brin de paille ?
L'ouïe n'est guère mieux lotie. Combien, aujourd'hui, sont obligés de se taire, de ne pas exprimer oralement leurs pensées de peur de représailles ? Combien de gens intéressants sont abruptement coupés dans leur discours par un journaliste plus porté à se mettre lui-même en valeur qu'à informer ?
Oui, mon cher Léonard, l'odorat semble bien être aujourd'hui le seul sens libre de toutes contraintes. Et parfois, aux heures de pointe, on en viendrait à le regretter...
jeudi 15 janvier 2015
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5 commentaires:
Ah, les blagues nulles des papillotes, c'est comme le café sans sucre : c'est pas utile, mais ça manque sans.
C'est une analyse intéressante, et d'actualité en ce qui concerne l'odorat, qui peut être incommodé par des discours également. Enfin, comme le dit le vieil adage, on ne discute pas l'égout et les douleurs.
Oui, combien de fois ne dit-on pas "c'est puant" en parlant d'un discours qui nous choque ?
Cornus : perso, le café, je le bois sans.
Jean-Pierre : tout à fait. En ce moment, je mets une pince à linge !
Plume : je dis plutôt ça du mec qui le prononce, mais ça revient au même.
Selon Fromfrom, le sucre, c'est ce qui donne mauvais goût au café quand on oublie d'en mettre. Je ne serai pas aussi catégorique car il m'arrive de ne pas sucrer avec du vrai ou du faux sucre.
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