Sur mon cou sans armure et sans haine, mon cou
Que ma main plus légère et grave qu'une veuve
Effleure sous mon col, sans que ton cœur s'émeuve
Laisse tes dents poser leur sourire de loup.
O viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d'Espagne
Arrive dans mes yeux qui seront morts demain.
Arrive, ouvre ma porte, apporte-moi ta main,
Mène-moi loin d'ici battre notre campagne.
Le ciel peut s'éveiller, les étoiles fleurir,
Et les fleurs soupirer, et des prés l'herbe noire
Accueillir la rosée où le matin va boire,
Le clocher peut sonner: moi seul je vais mourir.
O viens mon ciel de rose, O ma corbeille blonde!
Visite dans sa nuit ton condamné à mort.
Arrache-toi la chair, tue, escalade, mords,
Mais viens! Pose ta joue contre ma tête ronde.
Nous n'avions pas fini de nous parler d'amour.
Nous n'avions pas fini de fumer nos gitanes.
On peut se demander pourquoi les Cours condamnent
Un assassin si beau qu'il fait pâlir le jour.
Amour viens sur ma bouche! Amour ouvre les portes!
Traverse les couloirs, descends, marche léger,
Vole dans l'escalier, plus souple qu'un berger,
Plus soutenu par l'air qu'un vol de feuilles mortes.
O traverse les murs; s'il le faut marche au bord
Des toits, des océans; couvre-toi de lumière,
Use de la menace, use de la prière,
Mais viens, ô ma frégate une heure avant ma mort.
Jean Genet, Le Condamné à mort.
vendredi 2 septembre 2011
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3 commentaires:
Connais-tu la version intégrale de ce texte ?
Tu peux la trouver ici : http://www.sptzr.net/Translations/prisoner.htm
pour rebondir sur un post que Laplume avait posé chez moi, écoute la version de Marc Ogeret. Tu peux la trouver sur youtube, je pense, ou sur Deezer c'est sur
La Plume: oui, je la connais. Merci quand même.
Charlus: en fait, c'est cette interprétation, la première que j'ai entendu, que je voulais poster. Mais elle n'est pas sur Youtube et je ne peux plus accéder à Deezer.
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