La demi-journée de ce matin était banalisée pour faire passer les oraux d'"Histoire des Arts" aux élèves de troisièmes. C'est une nouveauté de cette année qui s'étendra progressivement aux autres niveaux du collège. Personnellement, j'apprécie beaucoup cette idée d'intégrer une certaine culture artistique à de nombreuse matières sans la laisser cantonnée aux seuls arts plastiques. Je ne vois d'ailleurs pas comment un professeur de français ou d'histoire par exemple pourrait faire autrement dans leurs matières.
Ainsi ma collègue d'espagnol et moi avons-nous vu défiler devant nous neuf élèves pour un entretien en deux parties: dans la première, le candidat devait faire un bref exposé (cinq à six minutes) sur un thème de son choix (peinture, musique, objets du quotidien, mode, etc.) en le présentant dans sa spécificité et en établissant les liens nécessaires avec d'autres genres ou moyens d'expression. La deuxième partie était consacrée, au vu du dossier (classeur) de l'année qu'ils devaient nous présenter et qui regroupait tous les points étudiés (pour les troisièmes, la période historique est obligatoirement le XX° siècle), à un échange sur un autre thème, en principe décidé par les enseignants mais que, dans notre jury, nous avons laissé au choix du candidat.
Le résultat fut assez bon, si l'on excepte un élève qui avait jeté son dévolu, de façon assez originale, sur la 4CV Renault, se disait passionné d'automobiles et, au final, ne savait pas ce que voulait dire les deux lettres CV. A quoi sont allées les préférences de nos ados ce matin? Nous avons eu (parmi ceux dont je me souviens) le groupe U2, le perfectionnement de la machine à coudre par Isaac Singer, Sonia Rykiel, la couverture de l'édition Folio du roman de Steinbeck Des Souris et des hommes (le détail d'un tableau de Thomas Hart Benton intitulé "The Ballad of the jealous lover") et deux présentations de Coco Chanel.
Des élèves un peu intimidés au début (ils n'ont pas encore l'habitude de passer des oraux) puis finalement assez à l'aise parce qu'ils avaient travaillé sérieusement et que présenter leur passion leur tenait à cœur. Un des oraux sur Chanel fut même exceptionnel: l'adolescente n'avait aucune note devant elle, à voulu rester debout au cours de l'entretien et avait préparé de très beaux et très complets panneaux pour appuyer ses paroles.
Au final, une très bonne matinée donc, un peu en dehors des éternels sentiers battus par l'Éducation Nationale, et agréable justement à cause de cela. Où l'on a vu que, lorsque les élèves sont passionnés, ils peuvent donner beaucoup.
mercredi 25 mai 2011
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12 commentaires:
Bravo à eux et à vous de vous prêter à cette expérience qui les enrichira sûrement.
Il n'y pas que les élèves passionnés qui peuvent donner beaucoup.
Cornus: l'intérêt principal, il me semble, est, outre de leur inculquer quelques connaissances artistiques, de leur faire découvrir que, dans les choses de la vie, il n'y a pas de saucissonnage par matières ou connaissances, mais au contraire un fil rouge, une trame continue qui les relie et leur donne un sens.
Je suis assez d'accord avec Cornus, la passion fait beaucoup pour la qualité du travail, encore faut-il que les jeunes aient liberté de choix de leurs sujets, et pour ça, bravo !
La Plume: c'est la moindre des choses, non? Où nicher la passion dans les choses imposées?
Je ne suis pas sûr de m'être correctement exprimé. Ce que je voulais dire, c'est qu'il n'est pas nécessaire d'être élève pour donner beaucoup par passion.
Oui, c'est une épreuve que je trouve très intéressante et très fructueuse. Dans notre collège, les modalités de passation étaient différentes de celles que tu décris, plus "scolaires". Mais nous avons eu de belles surprises et pour une fois que l'oral est mis en valeur, je ne me plaindrai pas!
Votre démarche (dossier, objets du quotidien, etc) me semble intéressante et plus apte à laisser s'exprimer des goûts plus personnels, voire des passions.
Enfin, tout comme toi, je trouve cette initiative vraiment intéressante! (pour une fois)
Belle initiative en effet, les deux aspects que j'ai retenus et qui m’intéressent sont l'histoire de l'art et le libre arbitre quand au choix. Suis toujours assez curieux de voir ce que peuvent faire les gens dans leur domaine de prédilection.
Cornus: si;si; c'est bien ce que j'avais compris!
Christine: comment avez- vous fait, vous?
Karagar: j'ai eu de véritables bonnes surprises.
Nos élèves avaient le choix entre 8 sujets étudiés en musique, en arts plastiques et en histoire. Pour chaque oeuvre, une problématique les obligeait à non seulement décrire l'oeuvre mais à lier leurs remarques à l'Histoire.
Tirage au sort de deux sujets: ils choisissaient l'un des deux.
Les oeuvres présentées étaient:
Les Joueurs de skat d'Otto Dix
Le Dictateur (l'extrait de la mappemonde) Charlie Chaplin
Guernica, Picasso
Une affiche de propagande du PCUS de 1934
La Cité radieuse, Le Corbusier
Le concerto pour la main gauche, Ravel
Let my people go
West side story, America
Au pays où se fait la guerre, mélodie d'Henri Duparc
La difficulté d'une évaluation harmonisée, c'est que chaque collège a un peu fait "selon sa sauce".
Christine: ta liste est assez semblable à la nôtre. Quant à la difficulté d'harmonisation évoquée à la fin de ton commentaire, pouvait-il en être autrement, la première année. Reste que c'est une innovation intéressante.
La couverture de l'édition Folio de "des souris et des hommes", j'en connais un qui a dû frétiller en voyant arriver ça ! :D
Lancelot: effectivement, mais quelle que soit la couverture. L'élève n'avait pas aimé le roman. Je lui ai conseillé de le relire dans quelques années.
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