lundi 30 août 2010

Momentini

- Les Puces ce matin avec Frédéric. Rien acheté mais revu ceux qui m'ont vendu le bahut. Plus que quelques semaines pour eux avant la retraite. Étonnante, la diversité d'aspect des propriétaires de boxes, du quasi marginal à la queue de cheval et à l'hygiène douteuse à la dame hypermaquillée sur le retour dont le lifting ne parvient plus à camoufler les heures de vol et qui se prend pour une grande artiste, en passant par ces braves gens qui vont bientôt quitter le grand hall de la Feyssine et n'hésitent pas à parler franchement de leur travail.

- Entendu cet après-midi au parc de la Tête d'Or, à la serre Victoria, celle qui renferme de magnifiques nymphéas: " Oh! chéri, c'est la même chose qu'à Limoges, surtout en ce qui concerne la température!". Et si l'on s'amusait à calculer le nombre de paroles inutiles prononcées sur terre en une journée! Vertigineux! Peut-être d'ailleurs ne raconterais-je plus grand chose ici...

- Ma sœur m'a devancé et a donné de ses livres à la dame de la clinique qui a déjà commencé à les lire. A ma question de savoir si je pouvais ce début de semaine lui en apporter d'autres sans risquer de l'encombrer (quand je dis d'autres, ce sont des sacs entiers), elle m'a jeté un regard inoubliable, comme un assoiffé du désert à qui l'on voudrait livrer une citerne. Je l'aurais embrassée pour ce regard!

- Lorsque, pour rejoindre la chambre de ma mère à la clinique, je traverse le salon où ces dames, assises sur des canapés et fauteuils dépareillés, regardent la télévision ou écoutent de la musique, une certaine émotion m'étreint toujours: elles m'apprennent chaque fois l'humilité.

- Je rêve beaucoup en ce moment. Ce matin, juste avant le réveil, j'étais dans une maison à la campagne, loin de tout, comme celle de Noëlle dans la Creuse et je savais qu'un événement culturel important allait se dérouler à quelques kilomètres de là. Je décidai de m'y rendre à pied, traversant landes et forêts avec beaucoup de difficulté, comme Cosette portant son seau sur le sentier de ronces acérées. Le chemin était difficile et l'avancée rendue angoissée par une voix forte qui, dans mon dos, me hurlait sans cesse: "Dépêche-toi! Dépêche-toi!". Lorsque j'arrivai, l'événement (qu'était-ce exactement? Je n'en ai pas le moindre souvenir.) était effectivement commencé. A la caisse, je voulus présenter mon billet mais j'avais beau fouiller toutes mes poches, il restait introuvable: j'avais dû le perdre en route. Et toujours cette même voix tonitruante, que pourtant je semblais être le seul à entendre, qui ne cessait sa terrible scansion: "Dépêche-toi! Dépêche-toi!". La panique, qui allait me pousser à la violence pour entrer de force dans la salle, me réveilla alors. Et je me dis que j'avais encore bien le temps de me lever.

- Ma sœur a fait du lapin à midi. Ça n'a l'air de rien, vous vous en moquez, mais qu'est-ce que je me suis régalé!

2 commentaires:

Lancelot a dit…

Ca fout la trouille, tes rêves violents, dis donc. Dommage que ça se soit arrêté si tôt. j'aurais bien voulu savoir à qui ressemblait le sauveur, Jean Valjean, et aussi si la mère Thénardier à la terrible voix était punie.

Comment est-ce que tu as séparé les livres "à donner" des autres ? Ca m'intrigue terriblement. Si je devais en virer de ma bibliothèque, j'en trouverais tout au plus une dizaine.

Calyste a dit…

Étrangement, Lancelot, la panique ressentie dans le rêve a cessé immédiatement au réveil, et aucun sentiment de malaise.
Les livres que j'ai donnés pour l'instant, on me les avait donnés pour la plupart et ce n'étaient pas des auteurs que j'avais envie de lire.