vendredi 21 mai 2010
Rouquin
J'ai devant moi la photo d'un bébé. Sur mon bureau, près de la lampe allumée. Il dort, probablement sur le sein de sa mère que l'on aperçoit dépassant d'un bout d'étoffe blanche. Il est roux. Le traitement sépia de la photo accentue la rousseur, comme sans doute la lumière portée par ma lampe. On dirait que ses cheveux gardent la marque du peigne qu'il ne connaît pas encore. Son oreille est ourlée de rose. Il dort, la bouche ouverte, la lèvre supérieure légèrement proéminente, le menton plissé, le bas du visage un peu mou à cause du manque de dents. Ses cils sont longs et son nez retroussé. Il semble avoir la sagesse d'un vieillard. Il ne pense sans doute à rien qu'à ces chemins que découvre le lait dans son corps. Il y a à peine un mois qu'il existe. Comme une ville nouvelle. Comme un astre nouveau. Il s'appelle Paul, et Émile aussi. Bon voyage, rouquin.
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4 commentaires:
Paul, Emile ? Il sera peut-être explorateur ?
J'ai reçu cette semaine, par mail, quelques clichés du passage de ma belle-sœur, accueillie avec son conjoint et leurs trois enfants lors du week-end de l'Ascension. On m'y voit en grande discussion avec le benjamin, de deux mois, et dont la main empoigne avec difficulté mon gros index. Au fil de leur séjour chez nous, j'ai régulièrement regardé la mère donner le sein, rituel qui m'était familier puisqu'elle avait également allaité les deux premiers.
Ma belle-sœur, même si le temps atténue la teinte, est rousse. Ainsi que son fils aîné. Et moi que cette couleur fascine, j'ai rougi mes cheveux au henné pendant plus de quinze ans...
Ah oui, c'est le petit Paul que je risque d'avoir un jour comme élève, pendant que tu crapahuteras aux quatre coins de ta retraite heureuse...
Bon, si les vagues de la vie nous amènent au contact l'un de l'autre, j'espère alors ne pas être un écueil pour son rouge esquif !
:)
Dame k: pas Paul, Émile, mais Paul-Émile: une chance de plus que ta question trouve une réponse affirmative...
Le gros index dans le petit poing fermé, c'est une image que l'on n'oublie pas. Une image de fragilité, Kab-Aod, qui me touche toujours.
Celui-là même, Lancelot, car à moins que la crise ne fasse que l'on n'obtienne la retraite qu'a soixante-dix ans, je n'ai aucune chance de voir sa frimousse s'agiter au fond d'une de mes classes.
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