mardi 25 mai 2010

Et la photo est bonne

Quel âge avait-elle en 1960? Une petite vingtaine d'années. La photographie est en noir et blanc, en gris plutôt, dégradé en nuances multiples, clair pour le fond lumineux et flou que l'on dirait aperçu à travers la fenêtre d'un train , soutenu pour les ombres presque absentes, seulement visibles sous le pli du bras gauche ou les mèches de cheveux qui retombent sur ce même bras replié, doux de velours pour la manche du pull-over remontée sur le coude, un peu lâche, comme celle d'un vêtement trop porté parce que trop aimé, un gris de tendresse que respire sa bouche qui l'effleure. Le visage est d'une beauté absolue.

Du coude lisse et encore juvénile au poignet que l'on entraperçoit strié de bracelets d'ivoire ou de plastique blanc, de la courbure de la nuque qui va se perdre sous la chevelure élégamment décoiffée aux lèvres un peu luisantes que l'on dirait boudeuses, du nez dont on croirait voir palpiter doucement les ailes au tracé des sourcils dont l'arrondi répète en l'atténuant celui des cils finis par un maquillage en amande, du front, des joues qui accrochent la lumière aux yeux qui la renvoient comme deux bijoux un peu tristes, que de beauté!

Une autre photo, à l'intérieur du dépliant, la montre avec un homme. Elle semble nue, lui est habillé. Il lui embrasse le bras, comme par inadvertance, le regard perdu ailleurs, absent. La photo est aussi en noir et blanc. La femme a les lèvres entrouvertes, en attente, prête au désir, elle n'a pas l'air triste et rêveur de la première photo. Elle a le visage éclairé, le sien à lui est dans l'ombre.

On se laisse entraîner, on a envie de revoir le film. Pour le scénario du Bel Antonio, Mauro Bolognini s'était adjoint Pasolini. C'était en 1960. Lui, le ténébreux, c'était Mastroianni; elle, la superbe, l'irradiante, Claudia Cardinale. On peut revoir le tout, et combien d'autres chefs-d'œuvre du cinéma italien, à l'Institut Lumière, du 11 mai au 11 juillet, dans une rétrospective intitulée Voyage en Italie, la société italienne à travers son cinéma. Rêver...

2 commentaires:

Lancelot a dit…

Ca me fait penser : quand tu étais venu l'an dernier, est-ce que je t'avais infligé (façon de parler, mais comme chez moi ce film tourne à l'obsession...) 'le Fate Ignoranti' de Ferzan Ozpetec ?

Calyste a dit…

Non, mais je suppose que je ne perds rien pour attendre!!