mardi 11 mai 2010

Synonymes

Après le billet musical, celui consacré à la littérature, mais un peu plus bas placé comme l'on ne tardera pas à le deviner, franchement même au-dessous de la ceinture. Le prétexte en est culturel, bien sûr. Dans le roman de Jean-Marie Blas de Roblès, Là où les Tigres sont chez eux (Ed. Zulma), le jésuite Kircher, le soir de l'inauguration par Alexandre VII de la fontaine des Quatre Fleuves sur le Foro Agonale romain, retrace pour les invités du Bernin, les mésaventures du couple Isis-Osiris. Rappelons qu'Osiris, dans la mythologie égyptienne, avait été assassiné et découpé en morceaux dont chacun avait été jeté dans le Nil. Voici la fin de l'exposé du soldat de Jésus:

La pauvre Isis, désespérée mais toujours amoureuse, se mit à la recherche des morceaux de son époux. A force de ténacité, elle parvint à les retrouver presque tous, car les poissons du Nil, respectueux, les avaient épargnés. Il n'en manquait, à vrai dire, qu'un seul; une pièce de choix devant laquelle le poisson oxyrynque avait cédé à la gourmandise...et ce morceau (...), celui-là même qu'en vraie femme Isis préférait, c'était son mistigouri, son oiseau, son outil, sa mentule, son patrimoine, sa pastanade, son poinçon, sa quenouille, sa seringue, son bringuant, son totoquini, son grimaudin, sa caillette, son dard, son vit, sa pine, son bidet, sa broquette et pour tout dire, son berlingot! Oui, mes belles, son berlingot!

Belle litanie de synonymes dont certains totalement inconnus de moi. J'ai vérifié: le poisson oxyrynque est mentionné dans l'Encyclopédie de Denis Diderot sans, bien sûr, qu'on y expose sa gloutonnerie coupable. Mais là n'est pas l'essentiel. Pour ma part, je vais essayer de replacer de temps en temps dans la conversation un petit totoquini bigrement transalpin ou le mistigouri au nom tendrement enfantin. A signaler qu'il existe (épuisé) aux Editions Borderie, 1979) un Petit Lexique du Langage Erotique aux XVII° et XVIII° siècles, de Marie-France Le Pennec.

Pour la fin de l'histoire de cette pauvre Isis, la voici telle que racontée par ce coquin de Kircher:

Mais c'était compter sans une ténacité, ma foi, bien compréhensible, car la reine, aidée de sa soeur et d'Anubis, reconstitua le membre de son époux avec du limon et de la salive, le lui colla en bonne place, et grâce au ciel et à diverses pratiques lui redonna la vie. Et comme, à ce qu'il semble, ce nouvel engin fonctionnait mieux que le précédent, Isis se trouva bien vite engrossée.

Tout est bien qui finit vit!

4 commentaires:

KarregWenn a dit…

Ah j'adore "grâce au ciel et à diverses pratiques" !

Calyste a dit…

Je peux comprendre!

MY a dit…

Je crois que je vais acheter ce livre, cela fait plusieurs mois que je rôde autour, et pas que pour son coté grivois, aussi pour voir comment est dépeint Athanase Kircher, personnage étonnant, souvent qualifié de Léonard de Vinci du XVIIe siècle. J'espère que le style est bon aussi !

Calyste a dit…

Le style est bon mais le livre un peu trop touffu à mon goût. il me tarde vraiment de l'avoir terminé pour passer à autre chose!