lundi 17 mai 2010

Zucco

J'ai appris que l'on redonnait à Paris la pièce de Bernard-Marie Koltès, Roberto Zucco, qu'il avait écrite en 1988 et donnée pour la première fois en France au TNP en 91. Cette pièce relate l'histoire d'un jeune tueur en série italien qui, après avoir tué père et mère en Italie, viendra, dans la région d'Annecy principalement, assassiner de nombreux innocents. La pièce avait fait grand bruit et provoqué un scandale conséquent dans la région lyonnaise au moment de sa sortie, très proche dans le temps des événements qu'elle relatait. Certaines familles de victimes en avaient même, si je me souviens bien, demandé l'interdiction. En vain.

Je ne suis pas pour la censure intellectuelle mais je dois avouer que j'avais à l'époque été profondément choqué par l'initiative de Koltès. L'explication de ma réaction est toute simple: je connaissais une des victimes de Zucco, une dont on n'a jamais su exactement ce qu'elle était devenue.

France Vu-Dinh était une amie d'amis annéciens à moi. C'était une très belle jeune femme d'une trentaine d'années avec qui j'avais passé une soirée autour d'un repas quelques mois avant son assassinat. Peut-être bien le repas de la Saint-Sylvestre, d'ailleurs. Elle disparut de sa maison près d'Annecy en 1987. Zucco dira au moment de son arrestation qu'il avait vécu plusieurs semaines avec elle et qu'il l'avait tuée parce qu'elle avait tenté de s'échapper. Il se serait débarrasser de son cadavre en le jetant dans la Méditerranée, près de Nice. A ce jour, on ne l'a toujours pas retrouvé.

Ainsi donc, même si je n'étais pas un intime de cette jeune femme, j'avais été choqué par ces révélations et tout autant ensuite par leur mise en scène. Je n'irai jamais voir cette pièce. La réaction est peut-être stupide mais c'est une forme de respect par rapport à France. De Koltès, je préfère retenir le sublime Combat de nègres et de chiens, vu à Lyon il y a de nombreuses années, dans la mise en scène de Patrice Chéreau.

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