Et c'est reparti pour la ménagerie:
CHATTE: câline, attentionnée, et je m'arrêterais là, sauf peut-être à évoquer deux d'entre elles qui m'ont particulièrement marqué: l'Anglaise Beauty avec ses Peines de Cœur, d'après une nouvelle de Balzac mise en scène par Alfredo Arias et Marilù Marini, et celle qui se chauffait les pattes Sur un Toit brûlant chez Tennessee Williams d'abord puis chez Richard Brooks.
DINDE: encore un mot féminin, dira Lancelot. Mais qu'y puis-je si la plupart de ces expressions n'existent pas au masculin? Une petite dinde ou une grosse dinde, c'est une femme prétentieuse et surtout idiote. Une cruche, si l'on veut. Étrange comme, en terme de synonymes, on passe d'un monde à l'autre sans sourciller. Je ne peux, en parlant de la dinde, m'empêcher d'évoquer le petit film de Mr. Bean où, en attendant sa dulcinée pour le repas de Noël, il farcit une dinde et se retrouve la tête coincée dans les entrailles du volatile. Je sais, c'est stupide mais ça me fait rire (à condition de ne pas le voir trop souvent).
MAQUEREAU (à rapprocher du suivant): proxénète. Cela s'explique par le fait que ce poisson accompagne les bancs de jeunes harengs. Cela vient peut-être aussi de ce que les proxénètes portaient des costumes sombres à raies blanches (comme la peau des maquereaux). C'est actuellement un des poissons les moins chers. Amédé, lorsqu'il venait à Lyon, m'en préparait toujours un plat, marinés au citron et mis au frais dans la gelée.
MORUE (à rapprocher du précédent): prostituée. (Dans le sens de "femme", il me semble largement détrôné par "meuf".) Est-ce parce qu'il faut la dessaler pour qu'elle soit comestible? Petit salut en passant aux Terre-Neuvas qui ont inspiré tant de romans autrefois.
MULE: une tête de mule, c'est quelqu'un d'entêté. Inutile d'expliquer pourquoi. Ainsi donc on se souviendra de la mémoire de celle du pape qui retarda de longues années sa vengeance mais sut la goûter le moment venu et l'on conviendra qu'il y a peut-être à l'origine de cette histoire une confusion entre l'animal et le chausson douillet et souvent empomponné de rose ou de bleu pâle que portaient autrefois ces dames sous leurs déshabillés froufroutants. Je ne sais pourquoi me vient en tête immédiatement la silhouette et la voix si particulière d'Edwige Feuilllère dans un de ces films où elle joua toujours la bourgeoise femme de banquier prospère (excusez le pléonasme) ou de juge de grande instance. Petit clin d'œil au passé avec cette expression qui sent bon ses années: "A vieille mule, frein doré", que l'on employait pour désigner une vieille femme qui se fardait pour plaire, ou plus généralement pour évoquer tout ce que l'on maquille pour le rendre plus attractif. Il me semble qu'en ce jour de troisième anniversaire, je ne pouvais faire moins que de la ressortir
jeudi 6 mai 2010
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4 commentaires:
Lancelot peut être rassuré sur la dinde, le mot a été masculin aussi, pour dindon. J'ai déjà entendu manger du dinde. L'expression codinde (ou codingue) est assez courante ici et désigne le même genre de personne, peu importe le sexe. Le mot vient de coq d'Inde, les Indes Occidentales donc l'Amérique étant le berceau du volatile qu'on trouve encore à l'état sauvage à la frontière sud du Québec.
Ben oui, il y a dindon, même si ce n'est pas exactement la même chose. "Un jeune coq" ou "Un dindon" et bien sûr "le dindon de la farce" cher à Mr Bean qui m'a bien fait rire aussi quand je l'avais vu.
Le maquereau, j'adore ça. Mais les fruits du Ribes uva-crispa, c'est chiant à ramasser.
J'ai une très grande horreur de "meuf" de sorte que je trouve presque distingué de parler de "morue".
Je pense que parfois, 7 ans, c'est court et que je suis capable d'être pire que la mule du pape.
Oui, magoua, qui n'était pas à ce que je sais, québécoise disait toujours, elle aussi, "un dinde". Et je crois même que mon père employait la même expression.
Moi aussi, Cornus, je suis capable de beaucoup mieux que 7 !
@ Magoua: il faut bien sûr lire: "ma grand-mère" qui n'était pas québécoise"...
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