Un plaisir ancien retrouvé cet après-midi, en faisant travailler S., le fils de J. qui, étant cette année en première, passe donc l'épreuve de français du bac. Le papa, assez inquiet sans se l'avouer à lui même (mais tous les parents ne sont-ils pas dans cet état au moment des examens de leur progéniture?) m'avait demandé de faire un peu un état des lieux et, malgré le fait que je n'aie pas fréquenté de près le programme de première depuis 1979, donc exactement trente ans, a tenu à ce que ce soit moi qui le fasse.
S. est donc arrivé avec son livre (mais ni papier ni stylo) et m'a paru sûr de lui, comme beaucoup d'adolescents d'aujourd'hui. Dans un premier temps, j'ai voulu tester un peu ses connaissances et me remettre à la page question programme et demandes spécifiques pour l'écrit du bac. Les choses n'ont en fait guère changé depuis trois décennies et je me suis assez vite retrouvé dans mon élément.
Je dois dire que le plaisir fut grand de renouer avec une certaine jonglerie intellectuelle avec, pour base, de vrais textes littéraires, dont, la plupart du temps, je suis assez éloigné en sixième ou cinquième. Ainsi ai-je retrouvé très vite cette sorte de curiosité fébrile qui me prenait lycéen ou étudiant devant un poème à décortiquer, à analyser, à faire parler, prolongeant le discours du poète par le mien propre.
S. me semble peu à l'aise sur les sujets de dissertation qui demande une connaissance assez précise des genres et mouvements littéraires. Il connaît son programme mais n'a pas le recul nécessaire (et je crois que ça ne l'intéresse pas de l'avoir) pour dominer son sujet. Il m'a dit se rabattre presque chaque fois sur le sujet d'imagination, "où je ne me débrouille pas trop mal", a-t-il rajouté, précisant qu'il y avait toujours obtenu la moyenne. Je ne lui ai pas dit le fond de ma pensée, mais il me semble que se contenter de la moyenne pour un garçon intelligent comme lui, c'est un peu dommage. Je lui ai en revanche conseillé de faire attention à ce genre de sujets qui peuvent être très casse-cous parce qu'apparemment plus simples.
Puis, pendant que je nettoyais mon balcon et débarrassais mes plantes des feuilles et fleurs séchées, je l'ai mis au travail sur un sujet de commentaire: un poème d'un auteur baroque que je ne connaissais pas, du tout début du XVII° siècle, sur le thème des "Vanités". Pour le tester, je l'avais auparavant un peu déstabilisé en lui précisant que ce qu'il venait de me dire d'un autre texte, de La Fontaine celui-ci, n'était en fait, à part une remarque stylistique intéressante, que de la paraphrase, un résumé du texte, en moins bien, bien entendu.
Je l'ai laissé travailler une quinzaine de minutes et puis nous nous y sommes mis, lui d'abord seul puis tous les deux, avec une espèce d'enthousiasme communicatif. J'étais pour ma part heureux de cette évolution car j'ai vu S. donner le meilleur de lui-même face à un texte qui, je le lui ai dit ensuite, et il pensait de même, n'avait pour moi aucun intérêt et me semblait même très lourd de symboles et de lyrisme noir. Comme quoi, on peut très bien faire un excellent commentaire sur un très mauvais poème! Et ça, les élèves ont toujours du mal à le comprendre.
Après avoir écouté quelques conseils méthodologiques plus généraux, S. est parti au bout de deux heures, comme je l'avais, moi, prévu, alors qu'il me disait en arrivant que ce serait sans doute un temps trop long pour ce que nous avions à faire. Nous avons même émis l'hypothèse de nous retrouver au moins une autre fois pour préparer l'oral de juillet, cette fois-ci.
Ensuite pour moi, tout autre occupation, en sacrifiant au rituel estival de la tonte de l'animal. Paré pour les beaux jours!
mercredi 17 juin 2009
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4 commentaires:
Encore merci.
Rien de nouveau sous le soleil.
Et tu es un bon jardinier.
Bises, J.
C'est un vrai plaisir de découvrir des textes avec quelqu'un qui vous en fait cadeau...bien plus petite je me souviens "Du dormeur du val"...
J'aurais bien aimé lire le poème de l'auteur baroque en question... des indices....?
Laurence, j'ai justement pensé à ce sonnet en faisant étudier S.
Je vais essayer de retrouver, Lancelot.
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