La dernière fois que j'ai pris la route de la banlieue est, il pleuvait des cordes. C'était, je crois, à la fin de l'hiver, début mars. Aujourd'hui, sous un soleil de canicule, elle semblait presque humaine, cette plaine envahie de hangars et de panneaux publicitaires. Et ses grandes lignes droites étaient désertes. Encore plus difficile de respecter les cinquante à l'heure imposés par le code de la route.
J'étais invité par Pierre-Jean et Yveline à un méchoui sensé accompagner la cérémonie d'un pacs entre eux deux. Le pacs a été renvoyé à l'automne mais le méchoui est resté.
Nous étions une soixante de personnes abritées du soleil, mais non de la chaleur, sous un barnum aux rayures vertes et blanches. Comme d'habitude, j'ai eu du mal à entrer dans l'ambiance: tous ces gens inconnus, un grand nombre, m'impressionnaient. Si je me débrouille assez bien pour le contact individuel,je n'ai pas l'art de l'approche de groupe. Je crois aussi, pour être honnête, que ça ne m'intéresse pas vraiment.
Et puis, on m'a servi un verre de "marquisette", mélange de champagne et de divers fruits servi très frais. Ce n'est pas le fait de boire qui délie les langues mais le geste d'offrir et de recevoir, et ensuite de se tenir debout, un verre à la main. J'ai remarqué alors un homme qui ressemblait étrangement à l'un de mes collègues. Renseignement pris, il s'agissait de son frère. et quand je me suis présenté à lui, il m'a répondu, en toute simplicité: " Moi, c'est E., et voici mon ex-femme et mon futur mari."
J'ai mis une demi-seconde à comprendre que je n'avais pas mal entendu. Lui, sans doute devant ma surprise visible, arborait un sourire resplendissant. Alors, je lui ai dit que moi aussi j'avais vécu longtemps avec Pierre, que nous n'avions pas eu le courage d'abord, le temps ensuite, de nous pacser et que je trouvais superbe sa franchise et sa décontraction. S'en est bien sûr suivie une longue discussion, d'abord debout puis assis pour manger ce mouton enfin cuit et beaucoup rire avec un petit groupe de gens qui, visiblement, se connaissent depuis très longtemps.
J'ai quitté la table à plus de seize heures, alors que le repas n'était pas terminé. Je voulais rentrer chez moi avant la fin de la fête, n'en garder que les moments animés et aussi pouvoir me retrouver dans mon univers, me reposer également.
Je suis passé déposer des fleurs sur la tombe de Pierre ce matin. Comme d'habitude, j'ai frotté mes mains à la lavande qui y pousse. Il faisait beau, dans le ciel et dans ma tête. Il fait beau, encore, pour moi en ce début de nuit.
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4 commentaires:
Pêr et moi nous sommes pacsés en janvier 2002 mais c'est la date de notre rencontre qui est gravée sur nos alliances. Le PaCs fut un symbôle a un moment donné, c'est tout.
Vous avez bien fait. Vous évitez ainsi bien des soucis, même si pas tous. Je porte une alliance mais c'est celle de ma grand-mère. Pour Pierre, je connais toutes les dates par cœur (et "par cœur" n'est pas qu'une expression).
De la note tout entière, je ne retiens que le dernier paragraphe.
Tu sais pourquoi.
Et puis, j'aime l'odeur de la lavande.....
Oui.
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