vendredi 20 janvier 2017

Jeanne au bûcher

Je connais quelqu'un qui connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui travaille à l'opéra. Résultat : parfois, j'ai la chance d'obtenir des places à une Générale pour 7 euros. Bien sûr, il faut arriver relativement tôt car les billets ne sont pas numérotés. Ce fut le cas hier soir, avec Frédéric et Jean-Claude,  pour assister à Jeanne au bûcher, d'Arthur Honegger sur un texte de Paul Claudel.

Cet oratorio fut créé en 1938 à Bâle avec Ida Rubinstein dans le rôle titre puis repris ensuite, en 1939, à Orléans par la même Ida Rubinstein. Il fut finalement joué à Paris en 1943 avec Mary Marquet (que je m'attendais pas à trouver là). Enfin, en 1954, l'oratorio fut adapté au cinéma par Roberto Rossellini où Ingrid Bergman jouait Jeanne.

J'étais un peu inquiet en m'y rendant car je ne connais que peu la musique d'Honegger et Claudel m'ennuie parfois. Les dix premières minutes de la mise en scène, sans musique ni paroles, ne me rassurèrent guère : on y voit une salle de classe, à la fin d'un cours et l'arrivée de l'homme de ménage qui, peu à peu, s'en prend au plancher et le démolit systématiquement. J'avoue qu'en sortant après la représentation, je n'avais toujours pas compris le pourquoi de cette idée.

Mais, ensuite, le charme opéra. Jeanne, censée être enchaînée dans sa cellule, est rejointe par Frère Dominique, descendu du ciel, avec un livre à la main : c'est la vie de Jeanne dont Dominique va faire la lecture, dans une sorte de flash-back étiré sur onze scènes. Le texte de Claudel est splendide, mêlant citations liturgiques traditionnelles et parler paysan. Mais c'est surtout la musique qui m'a pris : un mélange de diverses traditions : comptines enfantines aussi bien que mélodie romantique et musique rappelant de la musique de film.

Quelques bémols cependant : le fait que Jeanne soit nue pendant la presque totalité de la représentation n'apporte pas grand chose, pour ne pas dire rien. Les passages, nombreux, en latin auraient dû être traduits en sous-titres, car souvent intéressants, voire truculents quand il s'agit de Porcus (Pierre Cauchon bien entendu) : tout le monde ne connaît pas le latin ! Enfin et surtout, les choeurs qui, sans doute, se trouvaient dans la fosse d'orchestre (je ne les voyais pas de ma place) étaient souvent difficilemet audibles. Dommage, car leurs airs semblent très beaux.

Au total, pourtant, une très bonne soirée, surtout pour la musique entendue.

(Choeurs, maîtrise et orchestre de l'Opéra de Lyon. Direction : Kazushi Ono. Mise en scène : Romeo Castellucci. Jeanne : Audrey Bonnet. Frère Dominique : Denis Podalydès.)

5 commentaires:

Cornus a dit…

D'Arthur Honegger, je ne connais que Pacific 231 entendu à l'orchestre national de Lille et qui m'avait emballé (c'était en 2014, j'en avais parlé).
Je suppose que cela m'aurait plu, mais le fait que les chœurs ne soient pas bien audibles, c'est vraiment tarte. Voilà bien une des choses que je redoute le plus si je devais aller à l'opéra.

karagar a dit…

si je comprends bien, c'était un mélange de théâtre et d'opéra?

Calyste a dit…

Cornus : surtout qu'ici, ils représentent presque la totalité de la partie chantée.

Karagar : théâtre, c'est peut-être beaucoup dire. Il n'y a pas vraiment de "jeu", plutôt du récitatif.

plumequivole a dit…

Honegger m'ennuie et Claudel m'horripile !!!!!!!

Calyste a dit…

Plume : avec cet oratorio, j'ai un peu changé d'avis sur Claudel.