vendredi 6 janvier 2017

Enfanterie

Ce matin, j'ai croisé des gamins du primaire tout près de chez moi, cartables sur le dos, bonnets sur la tête, gants de laine à leurs petites mimines, donnant des coups de pied dans une canette qu'ils envoyaient dinguer un peu plus loin. J'ai cru qu'ils parleraient de leurs cadeaux de Noël ou du dernier cri de la technologie, mais non : ils étaient beaucoup plus sérieux et donnaient chacun leur avis sur la maîtresse qu'ils avaient l'air de bien aimer. Finalement, rien ne change vraiment.

Cela m'a rappelé le trajet de chez moi, en dehors du village, jusqu'à la classe. Un trajet assez long que je n'aimais pas faire dans le noir, le soir venu : il n'y avait pas un seul lampadaire après la dernière maison du village. Le matin, tout allait bien. Un bonjour à ma tante qui aurait été vexée que je ne passe pas tous les jours et qui, pour me récompenser, me donnait quelques bugnes quand c'était l'époque, bugnes qu'elle remisait par plats entiers dans son escalier de grenier.

Après chez elle, il y avait un trottoir et, chaque jour, je comptais mes pas en passant bien sur le rebord, en équilibre. Si j'arrivais à tel endroit avant vingt, par exemple, et si je ne tombais pas, cela voulait dire que la maîtresse serait de bonne humeur, que la journée serait agréable, que la dictée ne serait pas trop difficile. Parfois je retrouvais ma toute première fiancée (qui ne l'a jamais su) (et qui fut aussi une des dernières) : elle s'appelait Béatrice. Oui, oui, comme celle de Dante ! Et je la trouvais très belle !

Et puis, m'est revenue aussi la phrase rituelle, tellement bizarre dans sa construction sans article, entendue chaque soir et qui mettait fin à tout jeu ou à toute station plus longue devant la télévision : " Allez, va te coucher: demain, tu as école !"

5 commentaires:

CHROUM-BADABAN a dit…

Sur le chemin de l'école qui était très long, de peur de me perdre au retour, je traçais un trait sur les murs avec un stylo à bille. Evidemment, le soir en rentrant, le stylo était mort. Les stylo à bille coûtaient cher à cette époque : alors je me prenais une beigne, un aller et retour, une baffe, je me faisais houspiller comme on écrit dans les romans, autrement dit je me faisais enguirlander !

Cornus a dit…

Je pense qu'on entend plus souvent dire du mal des profs, mais peut-être pas en primaire, mais après (collège notamment). Durant toute ma scolarité primaire, on m'emmenait systématiquement à l'école et idem pour venir me chercher. Quels souvenirs exquis d'ailleurs.

plumequivole a dit…

Moi c'était à pied aussi, pas très loin d'ailleurs, et avec une grande place terrain vague à traverser. Et au retour, passer par la boulangerie acheter du pain, ce que j'oubliais 2 fois sur 3...

Cornus a dit…

Quand j'y allais depuis chez ma grand-mère, ce n'était pas très loin à pied. Depuis la maison (plus loin), il m'arrivait d'y aller en voiture avec mon père, en mobylette à l'arrière, emmené par ma mère et bien sûr à pied surtout pour la reprise à 13h30.
Il n'y a qu'au collège que j'y allais seul à pied (quand on ne m'emmenait pas en voiture). Ce n'était pas tout près.

Calyste a dit…

Chroum : c'est toi qu'on appelait le Petit Poucet ?

Cornus : comme les enfants de bourgeois de mon collège !!!! (Je plaisante)

Plume : moi, au lieu d'entrer dans l'épicerie, je me suis retrouvé souvent à la boucherie en me demandant bien ce que je venais faire là. Le boucher riait en voyant ma tête d'ahuri ! J'étais toujours dans les nuages.