Je n'ai eu, jusqu'à ce jour et Dieu merci, qu'une seule expérience du terrorisme. C'était, je pense, dans les années 80. J'étais en vacances d'été en Corse, dans un petit village près d'Ajaccio où je venais chaque année près d'un mois chez le frère de Pierre.
J'avais aussi un ami à Ajaccio même à qui je consacrais chaque fois quelques jours. Cette nuit-là, j'avais profité d'une belle soirée estivale pour aller faire un tour seul en bord de plage. Au retour, je me suis fait arrêter par un homme d'une trentaine d'années qui me demandait son chemin. A sa façon de parler, j'avais bien identifié qu'il était lui-même corse et ai été assez surpris qu'il ne connaisse pas le centre ville d'Ajaccio.
La conversation dura plusieurs minutes, un peu trop pour une simple demande de renseignement. Visiblement, il faisait durer les choses. Il finit cependant par me dire bonsoir et je rentrai chez mon ami, sur les hauteurs de la ville. A peine étais-je arrivé que la pétarade commença. Un feu d'artifice ? Non, me renseigna l'ami, une nuit bleue.
Effectivement, pendant de longues minutes, depuis son balcon, nous entendîmes exploser plusieurs bombes, explosions qui, répercutées sur les collines, n'en paraissaient que plus impressionnantes, du moins pour moi car mon ami semblait en avoir pris l'habitude.
Le lendemain, nous sûmes exactement où les bombes avaient été placées et l'une se situait sur le chemin que je devais emprunter pour rentrer la veille. Ainsi l'homme que j'avais croisé était-il intervenu pour me retarder, soit pour permettre à ses acolytes de placer la bombe, soit pour me protéger, car, à l'époque, les attentats en Corse étaient calculés pour ne pas faire de victimes civiles.
C'est à ce moment-là seulement, quand j'ai compris, que je me suis mis à avoir vraiment peur.
vendredi 20 novembre 2015
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4 commentaires:
Quant à moi cela remonte à bien plus ancien, lorsque j'habitais en banlieue parisienne. Et c'était le quotidien pour ainsi dire. OAS. J'avais dans les 11/12 ans et c'était mes voisins kabyles qui payaient le prix fort. Il y avait couvre-feu, mais ils frappaient en plein jour et je sais que par deux fois j'ai échappé de peu à des tirs tirés d'une voiture. Ma mère aussi. En allant chercher le pain. Ça marque...
Calyste> Punaise, ça doit être glaçant après coup.
Par ailleurs, je ne savais pas que tu étais allé en Corse (je n'y avais peut-être pas prêté attention), et assez souvent de surcroît.
Plume> Tu as déjà évoqué l'OAS et le contexte, mais je ne savais pas (ou j'avais oublié, décidément) que tu y avais été confrontée d'aussi près.
Cornus > Je ne me souvenais pas moi-même d'avoir même vaguement évoqué le sujet, alors tu vois, tu aurais le droit d'avoir oublié ! En fait je crois que c'est le genre de choses au sujet desquelles je vais encore rechigner longtemps avant de raconter.
Plume : ton expérience est beaucoup plus traumatisante que la mienne. Je n'ai aucun souvenir de la guerre d'Algérie. Je n'ai appris qu'elle avait eu lieu que plus tard.
Cornus : je n'ai sans doute jamais parlé ici de mes voyages en Corse. Ils s'étalèrent pourtant sur une bonne dizaine d'années.
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