vendredi 30 août 2013

Touraine, sixième jour (jeudi, fin)

Et puis, comme si cela ne nous suffisait pas, nous en avons rajouté une couche : la maison de Balzac à Saché .


Quand je dis "maison de Balzac", ce n'est pas exact : cette maison appartenait à un ami de ses parents, Jean Margonne, qui l'hébergea à maintes reprises. Je tenais absolument à voir cet endroit car Balzac fut pour moi le révélateur de la littérature alors que, vers l'âge de douze-treize ans, je me contentais encore, par paresse, de lire Les six  Compagnons. Heureusement, un de mes professeurs, mon "maître", mit le holà à ma fainéantise. Un amour tellement profond à l'époque que, lorsque, des années plus tard, j'eus le bonheur de tomber à l'oral du Capes sur un passage des Illusions perdues, j'eus les félicitations du jury pour ma connaissance de l’œuvre. C'est dire si je tenais à cette visite !

Le grand salon où Balzac fait de son œuvre des lectures à haute voix et joue au whist ou au tric-trac avec ses amis Margonne.
 Bien que qualifiée affectueusement par Balzac de "débris de château", cette demeure possède un charme certain. L'écrivain s'y rend souvent de 1825 à 1858 car il y trouve, loin de la vie parisienne et de ses soucis financiers,  le silence et l'austérité propices à la rédaction de son œuvre gigantesque: il y travaillera ainsi à la création du Père Goriot, de Louis Lambert, de César Birotteau et des Illusions perdues déjà citées. De même, son roman Le Lys dans la vallée aura pour cadre la vallée de l'Indre.

Beaucoup d'émotions à traverser ces pièces restées pour la plupart dans l'état où Balzac les a connues, en particulier sa chambre. On sait que ce géant de la littérature française travaillait énormément, jusqu'à seize heurs par jour, aidé en cela par sa forte consommation d'un café qu'il faisait venir spécialement de Paris.


Le Musée, propriété du Conseil général de l'Indre depuis 1958, a ouvert en 1951. Au rez-de-chaussée, on peut voir exposées la sculpture de Balzac par Rodin ainsi que ses nombreuses études préparatoires. Émouvante aussi la salle de l'imprimerie qui évoque le métier que Balzac exerça de 1826 à 1828 avant d'être quasiment ruiné.


La journée se termina par une douce flânerie dans le parc de Saché au moment, que j'aime par dessus tout, où le soleil déclinant nimbait d'or les herbes du jardin.

8 commentaires:

CHROUM-BADABAN a dit…

Honoré de...
Lorsqu'il fuyait les créanciers qui venaient quémander leurs dus rue Raynouard (à Paris dans le XVIème,tout est cher!)quand il prenait la poudre d'escampette par derrière sa maison, glissant ses malles vers la Seine par la petite rue Berton, sans doute finissait-il par héler le coche de Saint Cloud pour aller se planquer à Saché ?!
Je regrette de ne pas avoir connu (lu) Balzac étant plus jeune, ma vie aurait sûrement été différente...
Parce que ce n'est pas en ressassant le Bateau Ivre ou l'Albatros, qu'on apprend à vivre en société !

Cornus a dit…

Comme je l'ai déjà dit, je ne l'ai jamais visité, mais mes parents si, qui en furent ravis.
Cela me fait penser aux élucubrations de Gonz*ague Sa*int-Br*is qui pour je ne sais quel anniversaire il y a une quinzaine d'années étaient venu raconter des âneries plus grosses que lui. Du genre que la vallée de l'Indre n'avait pas du tout changé depuis Balzac, ce qui est archi-faux. Les paysages ont énormément évolué. Autrefois vouée à l'élevage, les prairies humides autrefois pâturées ou fauchées et d'une grande richesse écologique ont été très largement plantées de peupliers sans grand intérêt écologique et bouchant totalement les paysages.

Jérôme a dit…

@ Daniel: je ne suis pas sûr que la fréquentation de la Comédie Humaine, même si elle peut en donner la clef, incite vraiment à vivre dans la société!
Je tremble encore d'effroi à l'évocation de mes rencontres avec eux "pour de vrai" si je me remémore mon année versaillaise...

@ Calystee: j'aime beaucoup la dernière photo. Mon heure préférée également, et si en plus il y a de l'eau...!

Calyste a dit…

daniel: moi qui ai beaucoup lu Balzac, j'ai encore parfois beaucoup de mal à vivre en société.

Cornus : moi, ce sont les champs de tournesols qui m'ont frappé.

Jérôme : Merci. Moi je le bois sec, sans eau, ou alors une petite rivière.

P. P. Lemoqeur a dit…

J'espère que tu as eu une pensée émue en foulant le terrain des Guerres Picrocholines !

Calyste a dit…

PP: je baignais dans mon jus !

P. P. Lemoqeur a dit…

Chinon ! but de visites familiales dominicales (je suis poitevin !) après l'inévitable arrêt à Richelieu (qui en revanche me fascine toujours) ... quand j'étais gamin, pour moi, l'univers de Chinon était du château à la Vienne tellement minéral, que je n'y ai vu longtemps fût-ce dans le centre avec ses belles demeures en tuffeau qu'un tas de pierres d'un chiant absolu ... Il a fallu que j'y revienne pour "déguster" ( chez l'immense Olga Raffault surtout) pour me réconcilier avec l'endroit...

Calyste a dit…

PP: que ne m'as-tu indiqué cette adresse plus tôt ! Une amie à toi ?