samedi 23 février 2013

Mascarade

La yankee (c'est le nouveau nom que je donne à ma directrice) est parvenue à ses fins: enterrée l'expérience pédagogique que nous menions au collège depuis 7 ans. J'aurais même cru que ça aurait été chose faite dès l'an dernier. Apparemment, elle a voulu y mettre quelques formes. Raté!

Nous avons eu hier une journée pédagogique abominable, d'une nullité comme j'en ai rarement vu! Nous avons vraiment touché le fond en matière de connerie ! Je m'étais promis de me taire, parce que, après tout, tout cela ne me concerne plus guère, mais je n'ai pas pu. Après avoir essayé de somnoler les yeux ouverts pendant les 3/4 de la journée, lorsqu'enfin le sujet qu'elle tentait de repousser le plus possible est arrivé sur le tapis, je n'ai plus pu me contenir et ai piqué une bonne grosse colère. Colère devant son procédé malhonnête de faire intervenir une autre personne pour nous l'annoncer (le courage n'est pas toujours son fort!), colère devant le dénigrement de ce qui s'était fait jusque là,  perceptible derrière ses propos, même si elle s'en est défendue, colère de voir ainsi démoli en quelques secondes ce qui me tenait tant à cœur. Elle a essayé de me contrer avec des assertions toutes aussi fausses les unes que les autres, mais n'y est pas parvenue, d'autant plus qu'une autre ancienne collègue a pris le relais, de manière plus paisible que la mienne mais non moins mordante.

En sortant du collège, j'en avais les larmes aux yeux devant tant d'imbécillité. Ce que je pensais se confirme: dans quelques années, le collège n'existera plus. Je me demande d'ailleurs si elle n'a pas été nommée pour accomplir ces basses œuvres de sape.

Bien sûr, elle propose de mettre en place un autre projet qui, lorsque nous lui avons posé la question, s'est avéré être une bulle totalement vide. Et dire qu'on nous avait fait perdre la matinée à envisager les moyens pour d'avantage responsabiliser les élèves, pour mieux les impliquer dans la vie du collège. Elle ferait mieux d'accorder plus de responsabilité et de confiance à son équipe enseignante.

Alors, il faudra se contenter de ces jours en anglais (passés d'hebdomadaires à mensuels, voire trimestriels; je n'ai pas très bien écouté) avec "dress code" (elle se gargarise de formules anglo-saxonnes) et "flashmob" tout droit venu d'outre-Atlantique. Vous ne savez pas ce que c'est ? Moi non plus jusqu'à hier. Deux exemples tirés d'un site dont l'adresse m'a été donnée par cette autre collègue écœurée:
-Canada : "une quarantaine de personnes se sont réunies entre 13h19 et 13h22 sur l'esplanade de la Place-des-Arts en criant «Coin! Coin!» et ont jeté dans le bassin plus de 200 canards en plastique jaune avant de se disperser subitement"
-Etats-unis : "A Manhattan en juillet, les "flash mobbers" ont applaudi en pleine nuit pendant quinze secondes dans le hall du Grand Hotel Hyatt ; à Central Park, ils ont imité des cris d'animaux près du musée d'histoire naturelle."

Intéressant, non, comme initiative pédagogique ? Il y a aussi l'idée de fêter le mardi gras avec déguisements pour tous. Désolé, Madame, je suis très peu habile à imiter les cris d'animaux, certains élèves s'en chargent beaucoup mieux pendant les cours de quelques collègues dépassés. Quant à me déguiser, je n'ai jamais su le faire, ni dans ma tenue, ni dans mes pensées. D'ailleurs, à quoi bon ? Votre façon de diriger ce collège est déjà une mascarade en soi.

9 commentaires:

plumequivole a dit…

Laisse béton !
(bon je dis ça, je sais que ça n'est pas facile du tout, c'est juste pour t'aider à respirer un bon coup)

Cornus a dit…

Tu avais vu venir cet enterrement de première classe depuis un bon moment.
Alors si je comprends bien, il n'y avait essentiellement que deux personnes pour défendre votre ancien projet ? Les autres ont-ils peur pour leur place (ce que je peux comprendre) ? Ou bien ils s'en fichent ou encore qu'ils se disent que cela ne sert à rien ? Personnellement, en telle situation, je pense que j'aurais agi d'une manière similaire à la tienne.
Ce qui est grave en effet, c'est que ce sont les élèves qui vont en payer les conséquences, alors que selon ce que tu en avais dit depuis plusieurs années, c'était un moyen pour certains élèves, pas forcément parmi les meilleurs, de montrer d'autres talents, d'autres aptitudes. Et j'ai eu l'occasion de dire à quel point je trouvais cela du plus haut intérêt, n'ayant pas eu moi-même au collège, un parcours évident.
Pour le reste : le projet vide et autres gadgets, en particulier le "flashmob", cela tient plus de l'accompagnement marketing ou publicitaire d'un événement que de la pédagogie. Quelle ineptie, quelle médiocrité. Ta directrice ne mérite décidément pas sa fonction ni son titre.
Mais c'est dimanche et ce sont les vacances pour toi, non ?

plumequivole a dit…

Cornus > Vrai, mais il y a aussi des flashmob(s?) "gratuits", et intelligents, pour le plaisir d'être ensemble et de faire s'arrêter les gens. J'en ai vu.
En disant ça je ne dis pas que c'est un acte pédagogique. Encore que...
Ce que j'aurais plus de mal à pardonner à cette dirlo c'est de détruire un patient travail pour mettre autre chose à la place, comme si les choses ne pouvaient pas se compléter.

Valérie de Haute Savoie a dit…

En voilà un magnifique http://www.renideo.fr/musique/une-flashmob-dans-le-metro-de-copenhague/
comme quoi les coin-coin ne sont pas les plus représentatifs :D

Cornus a dit…

Plume> Certes, cela doit bien exister, j'en ai vu la trace sur l'internet aussi. Mais à mon sens, c'est quelque chose de spontané ou positif à peu près, du moins dans l'esprit que j'y vois. Or, nous en sommes loin ici semble-t-il. Pour le reste, tu as raison, si elle veut faire des bricoles en plus, ça la regarde, mais il faut ad minima que les gens y adhère.

Calyste a dit…

La Plume 1: je ne sais pas bien laisser tomber.

Cornus 1: pour les autres, peut-être tout ce qu tu dis à la fois. mais je peux les comprendre: eux ont encore long à faire. Tu as raison aussi quand tu parles de marketing mais je ne suis pas de cet univers.

La Plume 2 et Cornus 2: un flashmob est peut-être drôle et sensé mais qu'est-ce que ça a à voir avec la pédagogie, surtout quand il n'y a rien d'autre derrière que de l'événementiel aux petits pieds ?

Valérie: de toute façon, je ne peux adhérer à ça comme projet pédagogique. Mais je doute que ma directrice sache le sens et de projet et de pédagogique !

Anonyme a dit…

Bravo pour cette colère bien légitime !
Oui… quelle désolation… c’est le management pas mépris qui s’exprime ici , le mépris du travail de l’autre, le mépris des orientations du ministère de l’Éducation nationale et le mépris pour la recherche en sciences de l’éducation.
Le mot « d’imbécile » n’est pas trop fort. En moins d’un an c’est prés de dix ans de travail à construire des coopérations où se sont impliqué les anciens dirigeants du centre scolaire commanditaire du projet , auxquels il faut rendre hommage pour leur courage institutionnel… des inspecteurs de l’éducation nationale qui ont soutenu le projet… des formateurs et vous les enseignants qui avez eu la volonté et l’investissement pour reconsidérer vos modalités de travail et porter un regard constructif sur les élèves, croire en l’éducabilité quelque soit "son niveau ". Ici , c’est l’école réduite à un objet de marketing scolaire qui se deploie. C’est une vision normative où s’ exercent les formes de dominations institutionnelles sur les individus en surveillant et punissant comme dit le philosophe … La première des rigueurs, c'est pas de mettre des régles...c’est d’apprendre à penser, à rompre avec le sens commun et à écouter! alors quand ceux qui en sont dépourvus prennent le pouvoir , voilà ce qui arrive...
un ami et collègue.

Yo a dit…

Viens d'arriver mon 4e chef en 5 ans. Chacun a ses idées sur la marche du service - et, pourquoi pas, du monde. Aucun ne doute. Il y a parfois des moments où l'on n'a plus qu'envie de se laisser flotter en attendant que la nouvelle mode ne passe...

Calyste a dit…

Anonyme (même si, bien sûr, je t'ai reconnu!): merci. J'ai beaucoup pensé à toi, ce jour-là. Et même si je sais que tu préférais que tout cela cesse, je n'ai pu m'empêcher d'en être profondément affecté.

Christophe: pour moi, ça a toujours été ça avec les ministres de l’Éducation Nationale successifs!