Deux filles dans une rue longeant le cimetière. De l'autre côté du mur d'où quelques tombes dépassent, un hangar des bus lyonnais et un entrepôt sans enseigne, sans inscription, anonyme comme la rue. Elles sont appuyées contre la grande porte en fer qui rouille peu à peu. L'une, de dos, me cache le visage de l'autre.
Le feu est au rouge. Je les regarde, machinalement. Je crois à deux lycéennes à peine sorties des cours et qui rient un moment avant de rentrer chez elles. Celle de dos se penche et embrasse l'autre sur le cou, dans ses cheveux longs. Une autre voiture est arrêtée devant moi, un homme au volant. Il les regarde aussi.
Leur jeu de tendresse continue. Elles se moquent bien de qui peut les voir. Elles ont l'air heureuses et je les entends rire malgré la radio où Busnel interviewe Jean-Hugues Anglade. Je n'écoute plus ce qui se dit. Seules les deux filles me fascinent.
Soudain celle de dos se retourne. Elle a pris un regard mauvais et fixe l'autre conducteur. Quel geste leur a-t-il fait pour provoquer cette réaction? Un geste de macho, sans doute, qui ne supporte pas que l'on gâche la marchandise. Mais l'autre, un peu plus vieille, éclate d'un grand rire provocateur et la jeune la suit dans son hilarité libératrice.
Le feu passe au vert. Le macho s'éloigne. Je passe devant elles qui rient encore. Elles se tiennent par la taille, serrées contre le vieux portail. J'aurais voulu prendre une photo de leur bonheur.
mardi 13 septembre 2011
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7 commentaires:
Des choses que l'on ne voit pas assez souvent qui font que cela ne passe pas inaperçu en général. D'un autre côté, s'exposer comme le font souvent les hétéro peut engendrer des ennuis à certains endroits. J'appelle de mes voeux le jour où il n'y aura plus de différence et où on pourra montrer librement sans se poser de question son affection ou son amour. Je rêve ? J'espère que non.
Merci Calyste pour cette fraicheur.
Cornus: les hétéros ou les homos?
Spectacle encore rare en effet...
Je voulais dire que ce sont surtout les hétéros qui s'exposent régulièrement, même si statistiquement ils sont plus nombreux. Il n'y a pas de raison que ce "spectacle" soit aussi rare. La banalisation du geste est donc nécessaire même si cela en choque certains, y compris de ma connaissance. De quoi ont-ils peur ?
Karagar: spectacle? Ce n'est pas le mot que j'aurais employé!
Cornus: d'autant plus que rien ne l'empêche, dans l'arsenal des lois actuelles.
J'aimerais pouvoir comme elles me foutre des regards... Mais avec une amie enseignante, dans une ville moyenne, des élèves partout. C'est difficile.
Georges: je te comprends. A Lyon, c'est un peu plus facile, un peu.
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