Après-midi dans un jardin d'enfants. Ma mère adore les voir jouer, particulièrement (je ne sais pas pourquoi) les petits noirs. C'est une des dernières choses qu'elle aime dans la vie, avec les pâtes de fruits.
Aujourd'hui, le jardin devant l'église est comble: des enfants, des mères et quelques pères, maghrébins pour la plupart, et des vieux avec ou sans pliants. En face, sur la place, un concours de pétanque de plusieurs dizaines de retraités. On ne les entend pas d'ici. On les voit viser, tirer, se pencher, mesurer, palabrer avec un sérieux digne de joueurs de belote.
Sur le banc à côté, des femmes âgées et burinées, des mamas italiennes chaussées de crocs qui laissent de la liberté à leurs pieds déformés. Elles parlent en italien et puis en français, et puis encore en italien, selon comme les mots viennent. Les maris lancent la boule. Les hommes avec les hommes, les femmes avec les femmes.
Un tout petit, avec un maillot de foot imprimé Ziani (OM), court dans tous les sens pour effrayer les pigeons à qui il jette le sable du bac central. Des filles mouillent ce sable pour en faire un mini château de la princesse. Un minuscule les regarde et attend sagement qu'elles aient terminé pour le démolir en riant. Et elles recommencent sans se lasser.
Un autre, guère plus grand, coiffé d'un curieux chapeau semblable à celui de Fernand Reynaud dans un de ses sketches, ne lâche pas sa mère qui ressemble à Chimène Badi, puis s'aventure un peu plus loin sur son vélo à roulettes , s'arrête et reste immobile à contempler les autres. Il n'entrera jamais dans leurs jeux, comme une petite fille à robe et sac à main roses dont les yeux bleus le fascinent un moment.
Un de huit ans doit rentrer faire ses devoirs. Il traîne un peu la patte et sa mère le rudoie. Le mari d'une italienne rejoint le banc des femmes, son étui à boules sous le bras. Il s'appelle José. La Méditerranée est au complet.
Mais ma mère se lasse vite. Elle prend pour partir son prétexte habituel: un besoin pressant, dont nous ne savons jamais s'il est réel ou imaginaire. Nous n'avons pas quitté le parc que le banc, à l'ombre, est déjà occupé.
dimanche 25 septembre 2011
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
3 commentaires:
J'admire cette forme d'amour des autres que tu éprouves en écrivant ces lignes. Rien que pour cela, tu mérites un profond respect. Et en plus, tes talents ne s'arrêtent pas là...
C'est cela me dis-je exactement cela le parc d'une ville. J'y étais avec toi.
Cornus et Valérie: merci à tous la deux. Ma pudeur souffre un peu, mais je suis vraiment très touché par vos deux commentaires.
Enregistrer un commentaire