mardi 31 mai 2011
Pont (mais pas Aven)
Quelques jours de silence sur ce blog, pour cause de prise de pont. Un indice: dans la région où je vais, certains d'entre vous connaissent quelqu'un et ce quelqu'un, je vais lui faire un petit coucou un soir de cette semaine. On pensera bien à vous. Allez, kenavo! Soyez sages. Je compte sur vous pour garder la maison Potomac.
De la modernité
Pour le collège, j'ai relu, aujourd'hui, en diagonale, le Bourgeois Gentilhomme de Molière. Je constate une nouvelle fois que ces textes sont faits pour être entendus, vus sur scène et non pas parcourus des yeux à son bureau, encore moins disséqués. Le rire vient de ce qui se passe sur une scène, pas de la distinction que l'on fait entre comique de gestes, de situation, de mots ou de caractères. D'ailleurs comment séparer les uns des autres?
Mais ce n'est pas de cela que je veux parler, plutôt de l'idée qui m'est venue en le lisant: combien y en a-t-il aujourd'hui, dans les rues, partout, de ces bonshommes ridicules qui pètent plus haut que leur cul? Combien qui se targuent de posséder une culture solide et ne savent pas distinguer le A du O, la prose des vers? Décidément, Monsieur Jourdain est un personnage bien moderne, parfaitement acclimaté à notre siècle du paraître, où la façon de dire vaut mieux que ce que l'on a à dire. Seul Tartuffe peut aujourd'hui lui faire concurrence, et des Nicole, il n'y en a plus beaucoup.
Mais ce n'est pas de cela que je veux parler, plutôt de l'idée qui m'est venue en le lisant: combien y en a-t-il aujourd'hui, dans les rues, partout, de ces bonshommes ridicules qui pètent plus haut que leur cul? Combien qui se targuent de posséder une culture solide et ne savent pas distinguer le A du O, la prose des vers? Décidément, Monsieur Jourdain est un personnage bien moderne, parfaitement acclimaté à notre siècle du paraître, où la façon de dire vaut mieux que ce que l'on a à dire. Seul Tartuffe peut aujourd'hui lui faire concurrence, et des Nicole, il n'y en a plus beaucoup.
Quand l'Histoire se lit comme un roman
Une surprise tout à l'heure, en écoutant France Inter: François Busnel interviewait Lucien Jerphagnon. Je croyais cet homme mort depuis longtemps! Eh bien non, il se porte apparemment comme un charme et j'ai, pour une fois, regretté de ne pas pouvoir entendre la fin de l'émission.
Je ne connais pas du tout Jerphagnon, je ne savais rien de lui jusqu'à tout à l'heure, si ce n'est qu'il a écrit une Histoire de la Rome antique, les armes et les mots (que je possède dans l'édition de poche Pluriel, chez Tallandier) qui est une petite merveille. Je me souviens encore du plaisir que j'avais eu à la lire, il y a quelques années. Voici ce qu'en propose Wikipédia et, pour une fois, je souscris entièrement à ce que dit d'Ormesson!
Lucien Jerphagnon, né en 1921 à Nancy, est un historien français de la philosophie, professeur émérite des Universités.
Disciple de Vladimir Jankélévitch, proche de Paul Veyne, il est spécialiste de la pensée grecque et romaine, plus particulièrement de saint Augustin, dont il a assuré l'édition des trois volumes pour la collection Bibliothèque de la Pléiade.
Jean d'Ormesson l'a défini de la sorte : « un savant qui sait unir un style rapide et séduisant à l'érudition la plus rigoureuse », lui trouvant « une simplicité familière, souvent mêlée de drôlerie, avec une précision sans faille(1) ».
Il a été le professeur de Michel Onfray durant ses études de philosophie.
Je ne connais pas du tout Jerphagnon, je ne savais rien de lui jusqu'à tout à l'heure, si ce n'est qu'il a écrit une Histoire de la Rome antique, les armes et les mots (que je possède dans l'édition de poche Pluriel, chez Tallandier) qui est une petite merveille. Je me souviens encore du plaisir que j'avais eu à la lire, il y a quelques années. Voici ce qu'en propose Wikipédia et, pour une fois, je souscris entièrement à ce que dit d'Ormesson!
Lucien Jerphagnon, né en 1921 à Nancy, est un historien français de la philosophie, professeur émérite des Universités.
Disciple de Vladimir Jankélévitch, proche de Paul Veyne, il est spécialiste de la pensée grecque et romaine, plus particulièrement de saint Augustin, dont il a assuré l'édition des trois volumes pour la collection Bibliothèque de la Pléiade.
Jean d'Ormesson l'a défini de la sorte : « un savant qui sait unir un style rapide et séduisant à l'érudition la plus rigoureuse », lui trouvant « une simplicité familière, souvent mêlée de drôlerie, avec une précision sans faille(1) ».
Il a été le professeur de Michel Onfray durant ses études de philosophie.
lundi 30 mai 2011
C'est pas mon boulot.
Sous le vent violent de cet après-midi, une grosse branche d'arbre s'est cassée dans le parc de la clinique de ma mère. Je l'ai aperçue par hasard quand j'y suis allé fumer une cigarette en attendant qu'on l'habille pour la nuit. Cette branche ne repose que très mal sur le tronc et se balance sous les rafales, heureusement moins brusques que plus tôt dans la journée. Elle peut tomber à tout moment et faire des dégâts sur qui se trouverait dessous. Pas de panneau indiquant le danger, pas de barrières de sécurité. Plusieurs malades fumaient, elles aussi, leur cigarette avant la nuit à quelques mètres seulement. Je les ai prévenues de ne pas approcher. Tous ceux que j'ai pu croiser (médecins principalement) pour les informer et tenter de leur faire transmettre l'information aux responsables, ont eu l'air de s'en moquer royalement. Ce n'est, semble-t-il, pas leur boulot. Et puis, le vent, c'est si utile pour faire des effets de blouses blanches dans les couloirs!
( J'ai fini par appeler moi-même une amie de ma mère, ancienne employée de la clinique, qui m'a dit qu'elle allait immédiatement prévenir l'intendant.)
( J'ai fini par appeler moi-même une amie de ma mère, ancienne employée de la clinique, qui m'a dit qu'elle allait immédiatement prévenir l'intendant.)
Une ou deux choses, comme ça.
Je n'ai jamais su grimper à un arbre.
Je déteste le football et toutes les rodomontades masculines.
Je n'ai pas encore soulevé le capot de ma nouvelle voiture.
Les femmes qui veulent séduire à tout prix m'exaspèrent.
Dans un groupe de plus de trois, je me renferme dans ma coquille, ou alors il faut que je tienne la vedette, mais je n'en ai plus envie.
Je sais de moins en moins dire non, sauf à moi-même: ça, on m'a très bien appris à le faire.
Je n'écoute plus de musique: après travaux, la chaîne n'est pas rebranchée et je n'ai pas le courage de la remettre en route.
Rien de ce que j'ai abandonné pour aérer l'appartement ne me manque.
Je ne peux pas me passer de tendresse. On n'a pas dû assez me caresser lorsque j'étais bébé.
Je prends des idées de meurtres dans une foule.
Il faudrait que je change mon profil dans ce blog. Il ne correspond plus à grand chose. En revanche, la petite photo des deux garçons au bord de l'eau me fait toujours rêver.
Je n'ai jamais su sourire. Rire, oui, aux éclats même, mais pas sourire sauf, me dit-on parfois, avec les yeux.
Je déteste finir une journée.
J'ai horreur de l'hypocrisie et du mensonge.
J'ai regretter, il y a longtemps, de ne pas avoir eu d'enfants. Je ne le regrette plus.
Il y a des jours, j'ai l'impression d'être dans une de ces pages de jeux pour enfants où l'on doit trouver la bonne voie pour sortir du labyrinthe. Quelquefois, il n'y a pas de sorties et tous les chemins suivis, tous les fils tirés, ne mènent à rien qu'à soi-même. La sœur de Phèdre était ivre et l'on découvre que l'on est à soi-même son propre Minotaure.
Je déteste le football et toutes les rodomontades masculines.
Je n'ai pas encore soulevé le capot de ma nouvelle voiture.
Les femmes qui veulent séduire à tout prix m'exaspèrent.
Dans un groupe de plus de trois, je me renferme dans ma coquille, ou alors il faut que je tienne la vedette, mais je n'en ai plus envie.
Je sais de moins en moins dire non, sauf à moi-même: ça, on m'a très bien appris à le faire.
Je n'écoute plus de musique: après travaux, la chaîne n'est pas rebranchée et je n'ai pas le courage de la remettre en route.
Rien de ce que j'ai abandonné pour aérer l'appartement ne me manque.
Je ne peux pas me passer de tendresse. On n'a pas dû assez me caresser lorsque j'étais bébé.
Je prends des idées de meurtres dans une foule.
Il faudrait que je change mon profil dans ce blog. Il ne correspond plus à grand chose. En revanche, la petite photo des deux garçons au bord de l'eau me fait toujours rêver.
Je n'ai jamais su sourire. Rire, oui, aux éclats même, mais pas sourire sauf, me dit-on parfois, avec les yeux.
Je déteste finir une journée.
J'ai horreur de l'hypocrisie et du mensonge.
J'ai regretter, il y a longtemps, de ne pas avoir eu d'enfants. Je ne le regrette plus.
Il y a des jours, j'ai l'impression d'être dans une de ces pages de jeux pour enfants où l'on doit trouver la bonne voie pour sortir du labyrinthe. Quelquefois, il n'y a pas de sorties et tous les chemins suivis, tous les fils tirés, ne mènent à rien qu'à soi-même. La sœur de Phèdre était ivre et l'on découvre que l'on est à soi-même son propre Minotaure.
dimanche 29 mai 2011
La gente di Roma (par ordre d'arrivée en scène) (18)
Un jour sur deux
Je savais avoir quelques points communs avec La Plume, mais, là, cette fois-ci, ça devient presque étrange. Hier, en pleine forme: levé de bonne heure, gai, efficace, sifflotant, arrivant même à me réserver un après-midi de temps libre. Aujourd'hui, traînant la patte dès le matin, endormi, grincheux, envie d'être nulle part, de ne voir personne. Et il fallait que ce soit ce jour-là que tombe la fête des mères! Avec, en prime, une invitation en Ardèche, à la campagne de mon frère!
Je n'ai fait aucun effort de sociabilité, ce qui m'arrive assez peu souvent. Je ne sais, de toutes façons, pas si quelqu'un s'en est vraiment rendu compte, à part, étrangement, ma mère, qui est la seule à avoir fait un geste vers moi. Il a fallu se coltiner deux invités supplémentaires dont je préfère ne pas parler tant l'un m'a exaspéré. Mon neveu était là aussi, qui m'a adressé deux mots dans la journée: bonjour et au revoir. De mon côté, je n'ai pas dû lui en dire beaucoup plus. Je l'ai déjà dit: c'est un étranger total pour moi.
Après le repas, je me suis installé sur une chaise longue, au soleil et, preuve que Dieu existe, j'ai sombré immédiatement dans un profond sommeil. Lorsque je me suis réveillé, Neveu était devant la télé, à regarder je ne sais quelle connerie, et les autres jouaient tous au Yam. On m'a proposé de m'intégrer à la partie. Mais la sieste n'avait guère changé mon humeur ni augmenté mes velléités de fréquenter le genre humain. J'ai pris mon appareil photos et suis parti dans le village. pas un chat: cela me convenait à merveille! Au retour, c'était l'heure du départ, fait en silence quasi total jusqu'à Lyon.
Moi aussi, comme La Plume, j'ai une question à poser: pourquoi, certains jours, suis-je un ours? Et même une deuxième: pourquoi, en vieillissant, alors que j'aime mes semblables, deviens-je de plus en plus misanthrope?
Je n'ai fait aucun effort de sociabilité, ce qui m'arrive assez peu souvent. Je ne sais, de toutes façons, pas si quelqu'un s'en est vraiment rendu compte, à part, étrangement, ma mère, qui est la seule à avoir fait un geste vers moi. Il a fallu se coltiner deux invités supplémentaires dont je préfère ne pas parler tant l'un m'a exaspéré. Mon neveu était là aussi, qui m'a adressé deux mots dans la journée: bonjour et au revoir. De mon côté, je n'ai pas dû lui en dire beaucoup plus. Je l'ai déjà dit: c'est un étranger total pour moi.
Après le repas, je me suis installé sur une chaise longue, au soleil et, preuve que Dieu existe, j'ai sombré immédiatement dans un profond sommeil. Lorsque je me suis réveillé, Neveu était devant la télé, à regarder je ne sais quelle connerie, et les autres jouaient tous au Yam. On m'a proposé de m'intégrer à la partie. Mais la sieste n'avait guère changé mon humeur ni augmenté mes velléités de fréquenter le genre humain. J'ai pris mon appareil photos et suis parti dans le village. pas un chat: cela me convenait à merveille! Au retour, c'était l'heure du départ, fait en silence quasi total jusqu'à Lyon.
Moi aussi, comme La Plume, j'ai une question à poser: pourquoi, certains jours, suis-je un ours? Et même une deuxième: pourquoi, en vieillissant, alors que j'aime mes semblables, deviens-je de plus en plus misanthrope?
samedi 28 mai 2011
Et un peu de musique, ça vous dirait? (13)
Françoise Hardy - "La maison où j'ai grandi" (1966)
En rentrant tout à l'heure en voiture, voilà ce que j'ai entendu. Une chanson de Françoise Hardy qui ne passe pas souvent à la radio et que j'avais un peu oubliée. Pourtant, ce que je l'avais aimée à l'époque, comme son interprète qui me fascinait! Et puis, il y avait longtemps qu'il n'y avait pas eu de musique sur ce blog!
En rentrant tout à l'heure en voiture, voilà ce que j'ai entendu. Une chanson de Françoise Hardy qui ne passe pas souvent à la radio et que j'avais un peu oubliée. Pourtant, ce que je l'avais aimée à l'époque, comme son interprète qui me fascinait! Et puis, il y avait longtemps qu'il n'y avait pas eu de musique sur ce blog!
Correspondances
Il y a trois semaines, nous rentrions de Rome. Dans trois semaines, nous ne serons pas loin de la fin de l'année scolaire. Les jours se suivent et, au fond, se ressemblent tous. Cours, préparations, déchetterie, apéritif, cuisine, visite à la clinique. A peine le temps de voir qu'il fait beau, que le printemps s'est cette année déguisé en été, que chacun vieillit dans son coin, et que bientôt il sera trop tard. C'est comme ça qu'on devient vieux.
Plus j'avance dans ma vie et moins j'aime l'été. D'ailleurs l'ai-je vraiment jamais aimé? Je suis un fils de novembre et les brumes au temps frisquet me conviennent assez. J'aime le flamboiement de l'automne, ses couleurs changeantes, ces corps que l'on devine plus qu'on ne les voit, ces légumes simples qui ne font pas de chichi, la terre qui s'endort, les lumières qui s'allument, l'ombre qui passe derrière la fenêtre, les bruits assourdis par les volets clos, la nuit qui tombe vite sans ses hésitations de juin, le pas pressé et discret des derniers à rentrer.
Plus j'avance dans ma vie et moins j'aime l'été. D'ailleurs l'ai-je vraiment jamais aimé? Je suis un fils de novembre et les brumes au temps frisquet me conviennent assez. J'aime le flamboiement de l'automne, ses couleurs changeantes, ces corps que l'on devine plus qu'on ne les voit, ces légumes simples qui ne font pas de chichi, la terre qui s'endort, les lumières qui s'allument, l'ombre qui passe derrière la fenêtre, les bruits assourdis par les volets clos, la nuit qui tombe vite sans ses hésitations de juin, le pas pressé et discret des derniers à rentrer.
vendredi 27 mai 2011
Elle
Elle était au bout du couloir. Il n'en dépassait qu'un petit bout de visage, derrière la porte, comme si elle se cachait. Et puis son œil perdu, de femme jeune et déjà perdue. Elle ne se cachait pas, elle n'a plus rien à cacher. Je ne connais que son corps déjeté, croisé maintes fois silencieux, seul. Je ne lui donne pas de nom, je ne lui invente pas d'histoire. Juste cette errance qui n'intéresse personne. Je savais que je n'oublierais pas ce petit bout de chair abimée. Par quoi? Elle même ne le sait plus peut-être. Personne ne la regarde. Rêve-t-elle encore? Devant la télévision, elle contemple le mur, absente, transparente. Elle se cogne aux barreaux de sa solitude. Je ne l'ai jamais vu dehors. Quel oiseau pourrait-elle encore écouter?
mercredi 25 mai 2011
Histoire des Arts
La demi-journée de ce matin était banalisée pour faire passer les oraux d'"Histoire des Arts" aux élèves de troisièmes. C'est une nouveauté de cette année qui s'étendra progressivement aux autres niveaux du collège. Personnellement, j'apprécie beaucoup cette idée d'intégrer une certaine culture artistique à de nombreuse matières sans la laisser cantonnée aux seuls arts plastiques. Je ne vois d'ailleurs pas comment un professeur de français ou d'histoire par exemple pourrait faire autrement dans leurs matières.
Ainsi ma collègue d'espagnol et moi avons-nous vu défiler devant nous neuf élèves pour un entretien en deux parties: dans la première, le candidat devait faire un bref exposé (cinq à six minutes) sur un thème de son choix (peinture, musique, objets du quotidien, mode, etc.) en le présentant dans sa spécificité et en établissant les liens nécessaires avec d'autres genres ou moyens d'expression. La deuxième partie était consacrée, au vu du dossier (classeur) de l'année qu'ils devaient nous présenter et qui regroupait tous les points étudiés (pour les troisièmes, la période historique est obligatoirement le XX° siècle), à un échange sur un autre thème, en principe décidé par les enseignants mais que, dans notre jury, nous avons laissé au choix du candidat.
Le résultat fut assez bon, si l'on excepte un élève qui avait jeté son dévolu, de façon assez originale, sur la 4CV Renault, se disait passionné d'automobiles et, au final, ne savait pas ce que voulait dire les deux lettres CV. A quoi sont allées les préférences de nos ados ce matin? Nous avons eu (parmi ceux dont je me souviens) le groupe U2, le perfectionnement de la machine à coudre par Isaac Singer, Sonia Rykiel, la couverture de l'édition Folio du roman de Steinbeck Des Souris et des hommes (le détail d'un tableau de Thomas Hart Benton intitulé "The Ballad of the jealous lover") et deux présentations de Coco Chanel.
Des élèves un peu intimidés au début (ils n'ont pas encore l'habitude de passer des oraux) puis finalement assez à l'aise parce qu'ils avaient travaillé sérieusement et que présenter leur passion leur tenait à cœur. Un des oraux sur Chanel fut même exceptionnel: l'adolescente n'avait aucune note devant elle, à voulu rester debout au cours de l'entretien et avait préparé de très beaux et très complets panneaux pour appuyer ses paroles.
Au final, une très bonne matinée donc, un peu en dehors des éternels sentiers battus par l'Éducation Nationale, et agréable justement à cause de cela. Où l'on a vu que, lorsque les élèves sont passionnés, ils peuvent donner beaucoup.
Ainsi ma collègue d'espagnol et moi avons-nous vu défiler devant nous neuf élèves pour un entretien en deux parties: dans la première, le candidat devait faire un bref exposé (cinq à six minutes) sur un thème de son choix (peinture, musique, objets du quotidien, mode, etc.) en le présentant dans sa spécificité et en établissant les liens nécessaires avec d'autres genres ou moyens d'expression. La deuxième partie était consacrée, au vu du dossier (classeur) de l'année qu'ils devaient nous présenter et qui regroupait tous les points étudiés (pour les troisièmes, la période historique est obligatoirement le XX° siècle), à un échange sur un autre thème, en principe décidé par les enseignants mais que, dans notre jury, nous avons laissé au choix du candidat.
Le résultat fut assez bon, si l'on excepte un élève qui avait jeté son dévolu, de façon assez originale, sur la 4CV Renault, se disait passionné d'automobiles et, au final, ne savait pas ce que voulait dire les deux lettres CV. A quoi sont allées les préférences de nos ados ce matin? Nous avons eu (parmi ceux dont je me souviens) le groupe U2, le perfectionnement de la machine à coudre par Isaac Singer, Sonia Rykiel, la couverture de l'édition Folio du roman de Steinbeck Des Souris et des hommes (le détail d'un tableau de Thomas Hart Benton intitulé "The Ballad of the jealous lover") et deux présentations de Coco Chanel.
Des élèves un peu intimidés au début (ils n'ont pas encore l'habitude de passer des oraux) puis finalement assez à l'aise parce qu'ils avaient travaillé sérieusement et que présenter leur passion leur tenait à cœur. Un des oraux sur Chanel fut même exceptionnel: l'adolescente n'avait aucune note devant elle, à voulu rester debout au cours de l'entretien et avait préparé de très beaux et très complets panneaux pour appuyer ses paroles.
Au final, une très bonne matinée donc, un peu en dehors des éternels sentiers battus par l'Éducation Nationale, et agréable justement à cause de cela. Où l'on a vu que, lorsque les élèves sont passionnés, ils peuvent donner beaucoup.
lundi 23 mai 2011
Autoportrait de l'auteur en coureur de fond
Tout le monde ou presque dit le plus grand bien d'Haruki Murakami. Cédant à la curiosité, j'avais acheté et lu Chroniques de l'oiseau à ressort qui ne m'avait pas vraiment séduit.
Cette fois-ci, pour Autoportrait de l'auteur en coureur de fond, c'est autre chose. Dès les premières pages de cet essai (bien que lui-même récuse cette classification et lui préfère celle de "mémoire", je me suis senti chez moi, pleinement ("plénitudement"!), totalement. Le livre est corné maintenant à de nombreuses pages. J'ai eu, en tournant la dernière, l'envie irrésistible d'enfiler mes chaussures de sport et de repartir le long des chemins, comme je le faisais jusqu'à l'an dernier.
Très intelligemment, Murakami fait un parallèle entre son besoin de courir et celui qui l'habite aussi, d'écrire. Même motivation, même technique, même ressenti. Cela peut paraître extravagant à qui n'aime pas voir défiler les kilomètres sous ses pieds, et je ne conseillerai pas cet ouvrage aux gens qui n'ont jamais éprouvé que de la souffrance à ce genre de sport, que ce soit l'écriture ou la course d'endurance. Moi, il m'a comblé, du début à la fin. J'avais besoin de lire un livre comme celui-ci, positif et subtile.
(Autoportrait de l'auteur en coureur de fond. Editions Belfond. Trad. de Hélène Morita.)
Cette fois-ci, pour Autoportrait de l'auteur en coureur de fond, c'est autre chose. Dès les premières pages de cet essai (bien que lui-même récuse cette classification et lui préfère celle de "mémoire", je me suis senti chez moi, pleinement ("plénitudement"!), totalement. Le livre est corné maintenant à de nombreuses pages. J'ai eu, en tournant la dernière, l'envie irrésistible d'enfiler mes chaussures de sport et de repartir le long des chemins, comme je le faisais jusqu'à l'an dernier.
Très intelligemment, Murakami fait un parallèle entre son besoin de courir et celui qui l'habite aussi, d'écrire. Même motivation, même technique, même ressenti. Cela peut paraître extravagant à qui n'aime pas voir défiler les kilomètres sous ses pieds, et je ne conseillerai pas cet ouvrage aux gens qui n'ont jamais éprouvé que de la souffrance à ce genre de sport, que ce soit l'écriture ou la course d'endurance. Moi, il m'a comblé, du début à la fin. J'avais besoin de lire un livre comme celui-ci, positif et subtile.
(Autoportrait de l'auteur en coureur de fond. Editions Belfond. Trad. de Hélène Morita.)
dimanche 22 mai 2011
Momentini
- Au marché, ce matin, acheté un bouquet de pivoines. J'aime cette fleur généreuse. J'aime le temps des pivoines qui est aussi celui des cerises. Pendant que j'y étais, j'ai aussi acheté des cerises, des burlats, gonflés et sombres, sucrés à souhait.
- En revenant, rencontré l'ancienne buraliste en retraite chez qui je prenais mes cigarettes, du temps (précédent!) où je fumais. Tout le monde l'appelait par son prénom, Marthe. Elle avait toujours le sourire, fumait elle-même (et fume encore) et faisait crédit à ceux qui en avait besoin. Elle m'a serré le bras avec une immense chaleur humaine et m'a annoncé que, si ses jambes la portaient encore allègrement, ses yeux, eux, ne suivaient plus. Toujours avec le même sourire. Pas prête de tomber dans la jérémiade, celle-là!
- Fini un "mémoire" (c'est le genre qu'il revendique lui-même dans sa postface) de Haruki Murakami: Autoportrait de l'auteur en coureur de fond. J'en ferai rapidement un compte rendu, tant ce livre m'a emballé, tant je me suis senti proche de ce que l'auteur y raconte de ses expériences de coureur à pied. Donné envie, une envie physique, de me remettre à courir et de retrouver les sensations dont il parle. Mais avant, il faudrait peut-être que j'arrête de fumer!
- Dans mon immeuble, trois de "mes vieux" ont été hospitalisés ces derniers jours. Il faut que je m'attende à ce que les temps changent!
- Une nouvelle locataire de l'immeuble est italienne. Une femme d'une cinquantaine d'années que je trouvais plutôt froide d'abord, jusqu'au jour où elle a su que je parlais sa langue. Depuis, chaque fois que nous nous rencontrons dans le hall d'entrée, nous échangeons dans la langue de Dante. Elle est professeur dans une grande école internationale de Lyon. Du plaisir pour moi en perspective.
- En revenant, rencontré l'ancienne buraliste en retraite chez qui je prenais mes cigarettes, du temps (précédent!) où je fumais. Tout le monde l'appelait par son prénom, Marthe. Elle avait toujours le sourire, fumait elle-même (et fume encore) et faisait crédit à ceux qui en avait besoin. Elle m'a serré le bras avec une immense chaleur humaine et m'a annoncé que, si ses jambes la portaient encore allègrement, ses yeux, eux, ne suivaient plus. Toujours avec le même sourire. Pas prête de tomber dans la jérémiade, celle-là!
- Fini un "mémoire" (c'est le genre qu'il revendique lui-même dans sa postface) de Haruki Murakami: Autoportrait de l'auteur en coureur de fond. J'en ferai rapidement un compte rendu, tant ce livre m'a emballé, tant je me suis senti proche de ce que l'auteur y raconte de ses expériences de coureur à pied. Donné envie, une envie physique, de me remettre à courir et de retrouver les sensations dont il parle. Mais avant, il faudrait peut-être que j'arrête de fumer!
- Dans mon immeuble, trois de "mes vieux" ont été hospitalisés ces derniers jours. Il faut que je m'attende à ce que les temps changent!
- Une nouvelle locataire de l'immeuble est italienne. Une femme d'une cinquantaine d'années que je trouvais plutôt froide d'abord, jusqu'au jour où elle a su que je parlais sa langue. Depuis, chaque fois que nous nous rencontrons dans le hall d'entrée, nous échangeons dans la langue de Dante. Elle est professeur dans une grande école internationale de Lyon. Du plaisir pour moi en perspective.
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Pente inexorable
Ce matin, je ne sais quelle journaliste sur France-Inter parlait, bien sûr, du festival de Cannes. Avec des mots grandiloquents, donnant du "chef-d'œuvre" et du "à voir absolument!" à chaque phrase. Et je ne cite ici que les plus compréhensibles de ses assertions enthousiastes. Déjà, ce ton ampoulé avait commencé à m'exaspérer un tantinet: que diable, des chefs-d'œuvre, on n'en pond pas tous les jours, même à Cannes et même si la sélection de cette année semble d'un niveau intéressant!
Mais j'ai failli m'étouffer de rire (et de tristesse méprisante!) lorsque, à propos de je ne sais plus quoi, elle a cité le nom de Chiara Mastroianni. Certes voilà une actrice moins connue que ses illustres parents et sans doute moins douée, bien que je ne puisse l'affirmer, ne la connaissant que très peu. Mais tout de même! Est-il exagéré de demander à une journaliste professionnelle, qui se veut, qui plus est, spécialiste du septième art, de prononcer les noms propres correctement? Car la dame, je l'espère emportée par son élan d'encensement, n'a pas dit Chiara (comme choristes) mais Chiara (comme chapeau-melon)! Même en ne sachant pas l'italien, on peut respecter la prononciation du pays d'origine, surtout pour une personne aussi connue!
Ce laxisme, ou cette inculture, des journalistes qui occupent nos ondes, me sidère et m'insupporte de jour en jour davantage! Lorsque la ville ou le village dont ils parlent se situent à plus de trente kilomètres de Paris, ils n'en savent jamais restituer le nom exact correctement, par exemple. Et je ne parle pas des fautes innombrables de syntaxe dont leurs phases sont truffées! Je vois là comme une espèce de mépris non seulement vis à vis de la langue qui pourtant les fait vivre, mais aussi vis à vis des auditeurs dont je fais partie. Mais peut-être suis-je en train, l'âge aidant, de glisser inexorablement sur la pente qui me conduira irrémédiablement à n'être plus qu'un vieux con!
Mais j'ai failli m'étouffer de rire (et de tristesse méprisante!) lorsque, à propos de je ne sais plus quoi, elle a cité le nom de Chiara Mastroianni. Certes voilà une actrice moins connue que ses illustres parents et sans doute moins douée, bien que je ne puisse l'affirmer, ne la connaissant que très peu. Mais tout de même! Est-il exagéré de demander à une journaliste professionnelle, qui se veut, qui plus est, spécialiste du septième art, de prononcer les noms propres correctement? Car la dame, je l'espère emportée par son élan d'encensement, n'a pas dit Chiara (comme choristes) mais Chiara (comme chapeau-melon)! Même en ne sachant pas l'italien, on peut respecter la prononciation du pays d'origine, surtout pour une personne aussi connue!
Ce laxisme, ou cette inculture, des journalistes qui occupent nos ondes, me sidère et m'insupporte de jour en jour davantage! Lorsque la ville ou le village dont ils parlent se situent à plus de trente kilomètres de Paris, ils n'en savent jamais restituer le nom exact correctement, par exemple. Et je ne parle pas des fautes innombrables de syntaxe dont leurs phases sont truffées! Je vois là comme une espèce de mépris non seulement vis à vis de la langue qui pourtant les fait vivre, mais aussi vis à vis des auditeurs dont je fais partie. Mais peut-être suis-je en train, l'âge aidant, de glisser inexorablement sur la pente qui me conduira irrémédiablement à n'être plus qu'un vieux con!
samedi 21 mai 2011
Histoire d'eau
J'ai toujours eu une sainte horreur des piscines. J'ai l'impression, bêtement sans doute, de patauger dans la crasse des autres. Globalement, d'ailleurs, je n'aime pas l'eau, bien que d'un signe d'eau, en dehors de ma douche, et je sais pourquoi. Mais la piscine, c'est encore pire. La seule fois que j'y suis allé à Lyon, j'ai attrapé une belle verrue plantaire que j'ai, encore une fois bêtement, gardée jusqu'à ne plus pouvoir marcher. Je n'aime pas l'odeur de la crème solaire, je n'aime pas l'odeur de chlore que l'on sent jusque dans les vestiaires, je n'aime pas les jeux aquatiques, je n'aime pas l'aspect "m'as-tu vu?", encore moins le "on est là pour s'éclater!", je n'aime pas la foule, je n'aime pas les maillots de bain et encore moins les bonnets.
La seule fois où je n'ai pas été pris d'une angoisse en m'approchant de l'élément liquide, c'est en Corse, où je suis allé pendant plusieurs années, l'été. Avec François, nous prenions la voiture puis des chemins escarpés pour rejoindre quelque petite crique qu'il connaissait, un endroit désert à l'époque, où nous nous baignions nus pendant de longues heures. La beauté du site n'était sans doute pas pour rien dans l'affaire. Mais même là, je ne nageais que parallèlement au rivage, par peur de ne plus avoir pied ou de les poser, ces pieds, sur quelque matière inconnue et grouillante.
Le soir où ma sœur est morte hydrocutée, dans le Languedoc, j'ai jeté contre la mer un galet pour la punir. Depuis, elle est toujours mon ennemie. J'avais dix-huit ans, j'en ai aujourd'hui cinquante-huit. Nous ne nous sommes jamais vraiment réconciliés. Elle me fait toujours peur.
La seule fois où je n'ai pas été pris d'une angoisse en m'approchant de l'élément liquide, c'est en Corse, où je suis allé pendant plusieurs années, l'été. Avec François, nous prenions la voiture puis des chemins escarpés pour rejoindre quelque petite crique qu'il connaissait, un endroit désert à l'époque, où nous nous baignions nus pendant de longues heures. La beauté du site n'était sans doute pas pour rien dans l'affaire. Mais même là, je ne nageais que parallèlement au rivage, par peur de ne plus avoir pied ou de les poser, ces pieds, sur quelque matière inconnue et grouillante.
Le soir où ma sœur est morte hydrocutée, dans le Languedoc, j'ai jeté contre la mer un galet pour la punir. Depuis, elle est toujours mon ennemie. J'avais dix-huit ans, j'en ai aujourd'hui cinquante-huit. Nous ne nous sommes jamais vraiment réconciliés. Elle me fait toujours peur.
La vie et l'œuvre
Charlus a écrit dernièrement un billet sur Lucien Rebatet et sa fameuse Histoire de la Musique des origines à nos jours , billet qui a fait réagir puisque Rebatet est également connu pour son antisémitisme forcené.
Je comprends ces réactions mais ne les fais pas miennes. L'œuvre artistique laissée par un homme est-elle à juger en fonction de ses agissements dans sa vie privée ou publique? Pour ma part, si je n'ai jamais pu lire les grands romans de Louis-Ferdinand Céline (Voyage au bout de la nuit ou Mort à crédit), ce n'est pas à cause des idées et du positionnement de l'auteur ( hélas trop évidents dans ses Pamphlets) mais parce que le style de cet écrivain ne me convient pas, je n'accroche pas à sa phrase.
En revanche, j'ai dû découvrir seul, sans que l'on ne m'en ait jamais dit un seul mot à l'université, certaines des oeuvres de Brazillac, par exemple Comme le temps passe, ou de Drieu la Rochelle, en particulier son Gilles. J'estime, après les avoir lus, que leurs auteurs méritent plus que l'indifférence, voire le mépris, que généralement on leur accorde.
Gilles, de Drieu la Rochelle, est, à mon avis, un pur chef-d'œuvre. Or qui le lit actuellement? Qui connaît cet auteur et ce roman? Je doute que les ventes en explosent! Alors que j'étais en Allemagne, il y a de cela bien longtemps, un ami de Stuttgart, d'à peine quelques années plus âgé que moi (donc né après-guerre) m'avait "avoué", tout gêné, qu'il avait fait son mémoire de maîtrise sur Drieu. Où va se nicher le sentiment de culpabilité? D'autant que cet ami était né en Allemagne de l'est et que sa famille s'était, après la deuxième guerre mondiale, installée à l'ouest. Loin de lui donc la responsabilité du régime nazi dont, bien évidemment, il ne partageait pas les idées.
Dans mes lectures, comme aussi dans mes goûts pour la musique ou n'importe quel art, je me suis toujours senti libre, et revendique encore aujourd'hui de l'être. Une œuvre,une fois publique, échappe à son auteur, quelque saint ou salop qu'il ait pu être, et la condamnation unanime n'infère pas sur mes critères de choix. Est-il besoin de préciser que, comme Charlus, je n'ai jamais adhéré à aucune idéologie extrême, de quelque bord qu'elle soit?
Je comprends ces réactions mais ne les fais pas miennes. L'œuvre artistique laissée par un homme est-elle à juger en fonction de ses agissements dans sa vie privée ou publique? Pour ma part, si je n'ai jamais pu lire les grands romans de Louis-Ferdinand Céline (Voyage au bout de la nuit ou Mort à crédit), ce n'est pas à cause des idées et du positionnement de l'auteur ( hélas trop évidents dans ses Pamphlets) mais parce que le style de cet écrivain ne me convient pas, je n'accroche pas à sa phrase.
En revanche, j'ai dû découvrir seul, sans que l'on ne m'en ait jamais dit un seul mot à l'université, certaines des oeuvres de Brazillac, par exemple Comme le temps passe, ou de Drieu la Rochelle, en particulier son Gilles. J'estime, après les avoir lus, que leurs auteurs méritent plus que l'indifférence, voire le mépris, que généralement on leur accorde.
Gilles, de Drieu la Rochelle, est, à mon avis, un pur chef-d'œuvre. Or qui le lit actuellement? Qui connaît cet auteur et ce roman? Je doute que les ventes en explosent! Alors que j'étais en Allemagne, il y a de cela bien longtemps, un ami de Stuttgart, d'à peine quelques années plus âgé que moi (donc né après-guerre) m'avait "avoué", tout gêné, qu'il avait fait son mémoire de maîtrise sur Drieu. Où va se nicher le sentiment de culpabilité? D'autant que cet ami était né en Allemagne de l'est et que sa famille s'était, après la deuxième guerre mondiale, installée à l'ouest. Loin de lui donc la responsabilité du régime nazi dont, bien évidemment, il ne partageait pas les idées.
Dans mes lectures, comme aussi dans mes goûts pour la musique ou n'importe quel art, je me suis toujours senti libre, et revendique encore aujourd'hui de l'être. Une œuvre,une fois publique, échappe à son auteur, quelque saint ou salop qu'il ait pu être, et la condamnation unanime n'infère pas sur mes critères de choix. Est-il besoin de préciser que, comme Charlus, je n'ai jamais adhéré à aucune idéologie extrême, de quelque bord qu'elle soit?
Panique
J'avais envie de lire autre chose, sans trop avoir à réfléchir. Il n'est pas temps, au cours d'un voyage, de prendre un roman trop captivant. L'essentiel est ailleurs. Alors, j'ai lu Panique, de Jeff Abbott, un de ces livres que l'on vous offre pour l'achat de deux autres. Mais, en quatrième de couverture, il y avait tout de même les avis très favorables de Harlan Coben et de Michael Connelly, deux grands maîtres du polar. Alors, pourquoi pas? Oui, pourquoi pas mais aussi pourquoi? Complot, actions, violence, coups de théâtre, révélations, tout ceci dans un style neutre et sans grande portée. Je suis, depuis, bien vite revenu à mes chers japonais.
(Jeff Abbott, Panique. Editions Le Cherche midi. Traduction de Fabrice Pointeau.)
(Jeff Abbott, Panique. Editions Le Cherche midi. Traduction de Fabrice Pointeau.)
Carpe diem
Certains jours, on se lève de bonne humeur, reposé, prêt au travail. Le soleil brille. Pas de circulation excessive dans les rues. Les collègues sont souriants, les amis disponibles, les élèves attentifs. Le travail personnel avance bien. On improvise un repas simple à midi. On a même le temps de faire du lèche-vitrines, la petite pluie qui s'invite n'est là que pour vous rafraîchir. Et l'on passe tranquillement la soirée devant la télévision, dans le noir, la fenêtre ouverte, au frais, avec des amis. L'un d'eux ira consulter un médecin demain matin. Mais demain, c'est demain, n'est-ce pas? Carpe diem.
jeudi 19 mai 2011
Trézène
Te souviens-tu de Trézène, cet été où le soleil brûlait les terres d'Argolide? Nous cherchions le tombeau de Phèdre. Les autres nous suivaient, traînant le pas et regardant la mer. Nous n'avons rien trouvé, qu'un chemin caillouteux perdu dans les broussailles. Le village, en bas, nous offrit sa fontaine et une femme sortit de l'ombre fraîche de sa maison de chaux pour nous offrir des fleurs. Une à chacun. Des fleurs qui embaumaient, comme pour nous consoler de notre échec.
mercredi 18 mai 2011
Roma: sei (ou : à nos chers disparus!)
Puisque Blogger ne se décide pas à me rendre ce qu'il m'a pris, voici, en un peu plus court sans doute que le précédent, le chaînon manquant de notre périple à Rome.
Jeudi 05 mai
Baguenaudage le matin sur un marché aux vêtements du Trastevere. Y achète, pas cher, une pochette en cuir qui, depuis, ne me quitte plus et allège avanteugement mon cartable quotidien. Un détour par Sainte-Cécile que nous n'avions vue que de nuit. Jean-Claude et Frédéric me font découvrir la crypte, que je n'avais jamais visitée lors de mes voyages précédents, et je leur montre les magnifiques fresques, malheureusement assez dégradées, qui se trouvent dans un couvent de religieuses adjacent. Elles représentent le Jugement dernier peint contre l'ancien mur intérieur par Pietro Cavallini, artiste qui, dit-on, aurait influencé Giotto. Les ailes des anges m'ont, pour ma part, évoqué celles de l'ange de l'Annonciation de Fra Angelico que l'on peut voir au couvent Saint-Marc à Florence.
Midi, apéritif place de Sainte-Marie où un vendeur ambulant enchante les enfants par ses bulles de savon.
L'après-midi, départ en métro pour Saint-Paul-hors-les-murs. Les murs de cette basilique majeure sont ornés des médaillons de tous les papes ayant occupé le trône de Saint-Pierre, depuis celui-ci jusqu'à Benoît XVI. Occasion pour moi de me souvenir que Jean-Paul Ier n'a exercé son pontificat que pendant un mois. La tradition voudrait que, lorsque tous ces médaillons seront remplis, ce soit la fin du monde. Je croyais me souvenir qu'il en restait très peu. Rassurez-vous: dix-sept sont encore vacants! Pas de soucis pour nous, donc, sauf catastrophe majeure et répétitive.
A nouveau métro pour rejoindre le quartier mussolinien de l'EUR (Esposizione Universale di Roma), traversé par la large Via Cristoforo Colombo qui s'en va jusqu'à Ostie. Ce quartier, conçu pour être la vitrine architecturale de l'Italie fasciste, fut construit dans les années 1930 pour l'Exposition universelle de 1942 qui n'eut finalement jamais lieu pour les raisons que l'on connait.
L'immense Basilique moderne de Saint-Pierre-et-Paul (la deuxième plus grande église de Rome après Saint-Pierre au Vatican) domine les avenues bien alignées de son écrasante coupole. Tout près, le Palais de la Civilisation Italienne (le Colosseo quadratto comme l'appellent les autochtones)dont les quatre frontons sont ornés d'une inscription révélatrice:
Aujourd'hui, l'Eur est un quartier relativement tranquille où alternent habitations populaires et villas respirant le charme discret de la bourgeoisie italienne. Fin de journée comme elle avait commencé: marché populaire où, en triant bien, on doit pouvoir faire de bonnes affaires.
Jeudi 05 mai
Baguenaudage le matin sur un marché aux vêtements du Trastevere. Y achète, pas cher, une pochette en cuir qui, depuis, ne me quitte plus et allège avanteugement mon cartable quotidien. Un détour par Sainte-Cécile que nous n'avions vue que de nuit. Jean-Claude et Frédéric me font découvrir la crypte, que je n'avais jamais visitée lors de mes voyages précédents, et je leur montre les magnifiques fresques, malheureusement assez dégradées, qui se trouvent dans un couvent de religieuses adjacent. Elles représentent le Jugement dernier peint contre l'ancien mur intérieur par Pietro Cavallini, artiste qui, dit-on, aurait influencé Giotto. Les ailes des anges m'ont, pour ma part, évoqué celles de l'ange de l'Annonciation de Fra Angelico que l'on peut voir au couvent Saint-Marc à Florence.
Midi, apéritif place de Sainte-Marie où un vendeur ambulant enchante les enfants par ses bulles de savon.
L'après-midi, départ en métro pour Saint-Paul-hors-les-murs. Les murs de cette basilique majeure sont ornés des médaillons de tous les papes ayant occupé le trône de Saint-Pierre, depuis celui-ci jusqu'à Benoît XVI. Occasion pour moi de me souvenir que Jean-Paul Ier n'a exercé son pontificat que pendant un mois. La tradition voudrait que, lorsque tous ces médaillons seront remplis, ce soit la fin du monde. Je croyais me souvenir qu'il en restait très peu. Rassurez-vous: dix-sept sont encore vacants! Pas de soucis pour nous, donc, sauf catastrophe majeure et répétitive.
A nouveau métro pour rejoindre le quartier mussolinien de l'EUR (Esposizione Universale di Roma), traversé par la large Via Cristoforo Colombo qui s'en va jusqu'à Ostie. Ce quartier, conçu pour être la vitrine architecturale de l'Italie fasciste, fut construit dans les années 1930 pour l'Exposition universelle de 1942 qui n'eut finalement jamais lieu pour les raisons que l'on connait.
L'immense Basilique moderne de Saint-Pierre-et-Paul (la deuxième plus grande église de Rome après Saint-Pierre au Vatican) domine les avenues bien alignées de son écrasante coupole. Tout près, le Palais de la Civilisation Italienne (le Colosseo quadratto comme l'appellent les autochtones)dont les quatre frontons sont ornés d'une inscription révélatrice:
Aujourd'hui, l'Eur est un quartier relativement tranquille où alternent habitations populaires et villas respirant le charme discret de la bourgeoisie italienne. Fin de journée comme elle avait commencé: marché populaire où, en triant bien, on doit pouvoir faire de bonnes affaires.
Panorama pittoresque
Pas moyen d'écouter la radio, d'ouvrir la télévision sans être gavé de Kahn ou de Cannes, comme nous l'avons été, il y a un an, de (Yes,I) can.
Eh bien, allons-y! Moi, j'en connais un autre, de Cannes, en Italie. Mais qui s'en souviens encore? Cela s'est passé en 216 avant J-C! Bien sûr, plus aucun média ne s'y intéresse (pas plus d'ailleurs que de la situation en Libye ou en Syrie)! Hannibal, le carthaginois, y battit l'armée romaine et cette victoire punique aurait pu, tout aussi bien que le nez de Cléopâtre quelques décennies plus tard, changer la face du monde, si l'illustre Barca avait profité de son avantage à ce moment-là pour mettre le cap sur Rome qui, terrorisée, aurait sans aucun doute, été vaincue. On sait comment le périple se termina pour lui!
Et puis il y a aussi la cane de Jeanne, cet aimable volatile, celle qu'est morte ce matin selon Brassens mais qui, merveille, la veille, avait fait un œuf. Et puis le French Cancan, et puis notre Cane-cane-cane-bière que Scotto célébra autrefois! Et puis, plus exotique, Gengis. Et puis, plus insupportable, Jean-François qui ne doute de rien. Et puis, et puis...
Allez, laisse aller, c'est une valse (de Strauss, bien entendu)...
Eh bien, allons-y! Moi, j'en connais un autre, de Cannes, en Italie. Mais qui s'en souviens encore? Cela s'est passé en 216 avant J-C! Bien sûr, plus aucun média ne s'y intéresse (pas plus d'ailleurs que de la situation en Libye ou en Syrie)! Hannibal, le carthaginois, y battit l'armée romaine et cette victoire punique aurait pu, tout aussi bien que le nez de Cléopâtre quelques décennies plus tard, changer la face du monde, si l'illustre Barca avait profité de son avantage à ce moment-là pour mettre le cap sur Rome qui, terrorisée, aurait sans aucun doute, été vaincue. On sait comment le périple se termina pour lui!
Et puis il y a aussi la cane de Jeanne, cet aimable volatile, celle qu'est morte ce matin selon Brassens mais qui, merveille, la veille, avait fait un œuf. Et puis le French Cancan, et puis notre Cane-cane-cane-bière que Scotto célébra autrefois! Et puis, plus exotique, Gengis. Et puis, plus insupportable, Jean-François qui ne doute de rien. Et puis, et puis...
Allez, laisse aller, c'est une valse (de Strauss, bien entendu)...
mardi 17 mai 2011
Des plaisirs de la vie
Les travaux dans mon appartement battent à nouveau leur plein, la dernière (enfin!) tranche est largement entamée: démolition de la mi-paroi qui séparait salon et salle à manger, transport des gravats (nombreux) à la déchetterie, choix des papiers peints, galère pour trouver un bout de plancher moderne rappelant le mien et qui sera enserré dans les parties laissées libres par l'ancienne cloison.
J'ai cru, hier après-midi, que nous reviendrons bredouilles, Jean-Claude et moi, tant le choix est finalement limité dans les grandes enseignes de bricolages. Bien sûr, jamais un vendeur en vue quand on en a besoin et, lorsqu'enfin on réussit à en intercepter un, des réponses laconiques (ou lapidaires, au choix) et une humeur de chien. Je déteste par dessus tout ce genre de corvées qui vous fait piétiner des heures devant des rayons bordéliques où, lorsque vous avez enfin trouvé ce qui vous convient (presque), on vous dit que l'article n'est pas en stock, qu'il faut passer commande et patienter une quinzaine de jours (qui, bien souvent se transforme en plus d'un mois: voir l'aventure de mon évier, l'an dernier.
Heureusement, Jean-Claude est d'une patience angélique par rapport à moi qui, plus d'une fois, aurais bien tout envoyé promener. De plus, il en connaît un rayon en bricolage et m'évite ces regards narquois des "spécialistes" devant mon ignorance crasse. Autre chose que je supporte difficilement. Après tout, s'il n'y avait que des pros, on n'aurait pas besoin d'eux.
Nous avons finalement trouvé et papier et bois dans une autre enseigne dont le magasin est beaucoup plus aéré et où les employés ont plus souvent le sourire. La future grande pièce sera rouge (tirant sur le framboise) et grise, deux murs de chaque. Voilà qui va me changer de ma vieille tapisserie saumon défraîchi! Aujourd'hui, retour en enfer pour acheter tasseaux, plâtre, enduits, vis, pointes, chevilles et tout un tas de choses dont je n'ai pas la plus petite idée de l'utilité!
Et lorsque, après avoir poiroté dans les embouteillages de fin d'après-midi, j'arrive chez le coiffeur à 18h30, il refuse de me prendre alors qu'il ferme officiellement à 19h. Je n'ai pas insisté, ma tignasse jospinienne attendra encore un peu. Mais j'en connais un qui a fini de m'avoir comme client!
(Pour ceux que ça intéressent, je mettrai, dès que j'aurai un peu de temps devant moi, toutes les photos de mon voyage à Rome sur mon site Flik'r. dès que j'aurai le temps....)
J'ai cru, hier après-midi, que nous reviendrons bredouilles, Jean-Claude et moi, tant le choix est finalement limité dans les grandes enseignes de bricolages. Bien sûr, jamais un vendeur en vue quand on en a besoin et, lorsqu'enfin on réussit à en intercepter un, des réponses laconiques (ou lapidaires, au choix) et une humeur de chien. Je déteste par dessus tout ce genre de corvées qui vous fait piétiner des heures devant des rayons bordéliques où, lorsque vous avez enfin trouvé ce qui vous convient (presque), on vous dit que l'article n'est pas en stock, qu'il faut passer commande et patienter une quinzaine de jours (qui, bien souvent se transforme en plus d'un mois: voir l'aventure de mon évier, l'an dernier.
Heureusement, Jean-Claude est d'une patience angélique par rapport à moi qui, plus d'une fois, aurais bien tout envoyé promener. De plus, il en connaît un rayon en bricolage et m'évite ces regards narquois des "spécialistes" devant mon ignorance crasse. Autre chose que je supporte difficilement. Après tout, s'il n'y avait que des pros, on n'aurait pas besoin d'eux.
Nous avons finalement trouvé et papier et bois dans une autre enseigne dont le magasin est beaucoup plus aéré et où les employés ont plus souvent le sourire. La future grande pièce sera rouge (tirant sur le framboise) et grise, deux murs de chaque. Voilà qui va me changer de ma vieille tapisserie saumon défraîchi! Aujourd'hui, retour en enfer pour acheter tasseaux, plâtre, enduits, vis, pointes, chevilles et tout un tas de choses dont je n'ai pas la plus petite idée de l'utilité!
Et lorsque, après avoir poiroté dans les embouteillages de fin d'après-midi, j'arrive chez le coiffeur à 18h30, il refuse de me prendre alors qu'il ferme officiellement à 19h. Je n'ai pas insisté, ma tignasse jospinienne attendra encore un peu. Mais j'en connais un qui a fini de m'avoir comme client!
(Pour ceux que ça intéressent, je mettrai, dès que j'aurai un peu de temps devant moi, toutes les photos de mon voyage à Rome sur mon site Flik'r. dès que j'aurai le temps....)
lundi 16 mai 2011
Une de plus qui s'achève
Ça sent bigrement la fin de l'année scolaire: emplois du temps qui se délitent avec les derniers brevets blancs, les oraux d'histoire des arts en troisième, les visites extérieures qui se multiplient, certains élèves qui commencent à comprendre qu'il est plus qu'urgent de se mettre au travail, certains collègues qui commencent à se dire qu'il est urgent de se préparer au far niente.
Je n'aime pas ces fins d'année qui n'en finissent pas. Elles me donnent chaque fois l'impression que quelque chose meurt, même si, en vieillissant, le temps de mon deuil est de plus en plus court. Aussi, pour moi, n'y a-t-il pas de ralentissement dans la qualité ou la quantité de travail que je demande aux élèves. Puisqu'ils sont là, autant en profiter pour leur inculquer encore deux ou trois notions qui leur serviront par la suite, que ce soit dans le domaine scolaire ou sur un plan plus personnel, comme le développement de l'esprit critique par exemple.
La plupart des élèves de collège se contentent de régurgiter (plus ou moins bien) ce qu'on leur apprend en classe. Que cela ait un sens ou non n'a pas d'importance pour eux. Ils font ce qu'on leur demande, en bons petits chiens qui croient être savants. Ensuite, une fois la note obtenue, ils tournent la page et se dépêchent d'oublier ce qu'ils ont engrangé.
Cette année, je n'ai pas à me plaindre, avec ma cinquième en particulier. L'autre jour, lors d'un tour d'horizon où je les sondais pour voir ce qui restait des connaissances qu'ils avaient acquises au cours de ces quelques mois, j'ai été agréablement surpris de constater que certains d'entre eux s'en sortaient plutôt bien et semblaient même avoir définitivement ingurgité ce que ce barbon de professeur leur avait enseigné.
La seule chose que je trouve positive dans ces mois de mai et de juin à trous, c'est de finir par des séquences sur la poésie et le théâtre: beaucoup plus de liberté dans l'organisation des cours, beaucoup plus d'occasions d'échanges et de prises de parole de la part des élèves. On a ainsi l'occasion de découvrir la sensibilité littéraire de deux ou trois qui ne sont pas forcément les meilleurs éléments de la classe. L'an dernier, un sixième, légèrement caractériel et plutôt pénible en classe, a surpris tout le monde, moi compris, en interprétant quelques passages de pièces courtes de Jean Tardieu que j'avais choisi pour finir l'année. Ton juste, mimique adéquate, silences bien placés. Et tout cela naturellement, comme quelque chose qui venait du plus profond de lui-même. Visiblement, il était heureux et épanoui à ce moment-là.
Allez, nous ne sommes pas tout à fait inutiles, nous les profs!
Je n'aime pas ces fins d'année qui n'en finissent pas. Elles me donnent chaque fois l'impression que quelque chose meurt, même si, en vieillissant, le temps de mon deuil est de plus en plus court. Aussi, pour moi, n'y a-t-il pas de ralentissement dans la qualité ou la quantité de travail que je demande aux élèves. Puisqu'ils sont là, autant en profiter pour leur inculquer encore deux ou trois notions qui leur serviront par la suite, que ce soit dans le domaine scolaire ou sur un plan plus personnel, comme le développement de l'esprit critique par exemple.
La plupart des élèves de collège se contentent de régurgiter (plus ou moins bien) ce qu'on leur apprend en classe. Que cela ait un sens ou non n'a pas d'importance pour eux. Ils font ce qu'on leur demande, en bons petits chiens qui croient être savants. Ensuite, une fois la note obtenue, ils tournent la page et se dépêchent d'oublier ce qu'ils ont engrangé.
Cette année, je n'ai pas à me plaindre, avec ma cinquième en particulier. L'autre jour, lors d'un tour d'horizon où je les sondais pour voir ce qui restait des connaissances qu'ils avaient acquises au cours de ces quelques mois, j'ai été agréablement surpris de constater que certains d'entre eux s'en sortaient plutôt bien et semblaient même avoir définitivement ingurgité ce que ce barbon de professeur leur avait enseigné.
La seule chose que je trouve positive dans ces mois de mai et de juin à trous, c'est de finir par des séquences sur la poésie et le théâtre: beaucoup plus de liberté dans l'organisation des cours, beaucoup plus d'occasions d'échanges et de prises de parole de la part des élèves. On a ainsi l'occasion de découvrir la sensibilité littéraire de deux ou trois qui ne sont pas forcément les meilleurs éléments de la classe. L'an dernier, un sixième, légèrement caractériel et plutôt pénible en classe, a surpris tout le monde, moi compris, en interprétant quelques passages de pièces courtes de Jean Tardieu que j'avais choisi pour finir l'année. Ton juste, mimique adéquate, silences bien placés. Et tout cela naturellement, comme quelque chose qui venait du plus profond de lui-même. Visiblement, il était heureux et épanoui à ce moment-là.
Allez, nous ne sommes pas tout à fait inutiles, nous les profs!
dimanche 15 mai 2011
Les deux mamelles
Étudiant la gastronomie romaine antique avec mes élèves la semaine dernière, je les ai vus frémir de dégoût à l'évocation d'un plat prisé par nos ancêtres (ben oui, au moins autant que les Gaulois!): la mamelle de truie. Je ne savais pas à ce moment-là que j'étais tout près d'y goûter. Enfin presque, puisque ce que j'ai mangé hier soir, c'est de la mamelle de vache! Et je peux vous assurer que c'est délicieux! J'imaginais quelque chose de plus ou moins flasque et gélatineux, sans goût ou quasiment. J'étais dans l'erreur la plus totale. Il faut dire que je n'en avais jamais vu nulle part.
C'est Frédéric qui l'a dénichée à l'étal d'un tripier sur le marché et Jean-Claude qui l'a cuisinée. Elle se vend pré-cuite, en tranches qui ressemblent assez à une large part de foie gras. Passée à la poêle quelques minutes et agrémentée d'une persillade comme les escargots, c'est à se lécher les babines. A tel point qu'au retour des puces, ce matin, Frédéric et moi avons fini les dernières parts. Il paraît qu'un restaurant de Lyon, tenu par une ancienne Miss France, en propose à son menu. Je connais quelqu'un qui risque d'y aller faire un tour...
C'est Frédéric qui l'a dénichée à l'étal d'un tripier sur le marché et Jean-Claude qui l'a cuisinée. Elle se vend pré-cuite, en tranches qui ressemblent assez à une large part de foie gras. Passée à la poêle quelques minutes et agrémentée d'une persillade comme les escargots, c'est à se lécher les babines. A tel point qu'au retour des puces, ce matin, Frédéric et moi avons fini les dernières parts. Il paraît qu'un restaurant de Lyon, tenu par une ancienne Miss France, en propose à son menu. Je connais quelqu'un qui risque d'y aller faire un tour...
Roma : sette
Voyage à Rome: le vendredi 06 mai
En attendant de récupérer éventuellement le billet du jeudi à Rome, voici le dernier jour dans la capitale italienne.
Comme tous bons touristes qui se respectent, après une dernière tentative infructueuse pour accéder à Saint-Pierre et quelques achats dans les magasins alentours qui regorgent de bondieuseries de plus ou moins bon goût, nous décidons de prendre un des bus panoramiques qui sillonnent la ville. Autant le dire tout de suite: comme nous avions déjà arpenté les rues en tous sens, la promenade nous a un peu déçus, d'autant que les hauts-parleurs à disposition fonctionnent plus ou moins bien. Mais la journée est belle et chaude, et puis voir Rome de haut, je ne l'ai jamais fait.
Premier arrêt à la fontaine du Triton, Piazza Barberini, occasion supplémentaire d'étaler ma science illimitée: "Quod barbari non fecerunt, Barbarini fecerunt", phrase assassine pour dire que ce que les barbares n'avaient pas fait à Rome, les Barberini, illustre famille de papes et de cardinaux au blason orné de trois abeilles que l'on retrouve à Saint-Pierre, n'ont pas hésité à le faire. Serait-ce pour faire leur miel?
Nous parcourons un instant la Via Veneto, rue célèbrissime de Rome où se succèdent les hôtels prestigieux et les cafés mondains dont le Harry's Bar, immortalisé dans la La Dolce Vita de Federico Fellini. Nous mangeons tout près, à la terrasse d'une pizzéria où affluent bientôt les golden boys du quartier, tous faits sur le même modèle: costume noir, chemise pâle, chaussures pointues (de véritables miroirs!), lunettes de soleil sur coiffure impeccable et bronzage raffiné! Excellentes pizzas à la pâte croustillante. Et présence non loin de là d'un jeune militaire qui me semble tout aussi croustillant (et ravi de se faire prendre en photo)!
Retour au bus direction Sainte-Marie-Majeure, l'une des quatre basiliques majeures de Rome (avec Saint-Pierre, Saint-Paul-hors-les-Murs et Saint-Jean de Latran). Ainsi aurons-nous effectué le tour complet de ces édifices imposants, lieux de culte et véritables musées. Je veux faire connaître à mes deux compagnons de marche une autre église toute proche, Sainte-Praxède, qui abrite de splendides fresques du IX° siècle, mais nous n'avons pas le courage d'attendre deux heures la réouverture de l'après-midi.
Alors nous retournons à Saint-Jean-de Latran, que Frédéric n'avait pas vu le jour où nous y sommes allés avec Jean-Claude, et c'est à ce moment-là que nous visitons le très beau cloître dont j'ai déjà parlé, aménagé autour d'un puits carolingien. Les arcades aux fines colonnes, avec leurs mosaïques colorées, ont été construites par les "Marmorari Romani", deux célèbres familles d'artisans romains : les Cosmati et les Vassaletti, entre 1222 et 1230.
Une eau minérale bien fraîche (oui, il nous arrive d'être sages!) à la terrasse d'un petit café puis une deuxième visite (mais sans les sous-sols), pour la même raison,à Saint-Clément. Autour du Colisée, des professeurs harassés essaient d'inculquer un minimum de culture antique à des hordes d'adolescents (ou de plus jeunes) visiblement plus intéressés par les devantures des glaciers du quartier! Je jouis!
Autre visite en fin d'après-midi: celle de Saint-Pierre-aux-Liens, construite dans les années 430 par l'Impératrice Eudoxie pour abriter les chaînes de Saint Pierre (emprisonné à Rome, à la prison Mamertine, au pied du Capitole, tout près du Forum républicain, et nommée aussi Tullianum, du nom d'un roi de Rome, Servius Tullius. C'est dans cette prison que fut aussi retenu prisonnier notre bon Vercingétorix!). Mais l'église est particulièrement connue pour abriter la statue de Moïse (celui dont on dirait qu'il a des petites cornes sur la tête) réalisée par Michel-Ange.
Sur le chemin du retour, nouvel arrêt à Santa-Maria-sopra-Minerva, à quelques pas du Panthéon. Et une dernière église (eh oui, quand on y a goûté! Et puis, à Rome, on ne peut pas faire un pas sans en rencontrer une: la Ville en compte environ 900!): San Carlo ai Catinari, nom qui fait référence à la présence, à l'époque de sa construction, de nombreux fabricants de catina, bassines, dans la même rue que l'église.
Dernier Campari sur la place de Sainte-Marie-du-Trastevere, dernier repas dans l'appartement. Nous avions prévu initialement de finir dans un des plus vieux restaurants de Rome mais vue l'abondance des restes dans le réfrigérateur... Le taxi est déjà retenu pour le lendemain matin. J'espère avoir été clair malgré mon italien parfois approximatif. Un petit coup de ménage pour restituer un appartement correct et c'est la nuit réparatrice mais courte avant le retour en France.
En attendant de récupérer éventuellement le billet du jeudi à Rome, voici le dernier jour dans la capitale italienne.
Comme tous bons touristes qui se respectent, après une dernière tentative infructueuse pour accéder à Saint-Pierre et quelques achats dans les magasins alentours qui regorgent de bondieuseries de plus ou moins bon goût, nous décidons de prendre un des bus panoramiques qui sillonnent la ville. Autant le dire tout de suite: comme nous avions déjà arpenté les rues en tous sens, la promenade nous a un peu déçus, d'autant que les hauts-parleurs à disposition fonctionnent plus ou moins bien. Mais la journée est belle et chaude, et puis voir Rome de haut, je ne l'ai jamais fait.
Premier arrêt à la fontaine du Triton, Piazza Barberini, occasion supplémentaire d'étaler ma science illimitée: "Quod barbari non fecerunt, Barbarini fecerunt", phrase assassine pour dire que ce que les barbares n'avaient pas fait à Rome, les Barberini, illustre famille de papes et de cardinaux au blason orné de trois abeilles que l'on retrouve à Saint-Pierre, n'ont pas hésité à le faire. Serait-ce pour faire leur miel?
Nous parcourons un instant la Via Veneto, rue célèbrissime de Rome où se succèdent les hôtels prestigieux et les cafés mondains dont le Harry's Bar, immortalisé dans la La Dolce Vita de Federico Fellini. Nous mangeons tout près, à la terrasse d'une pizzéria où affluent bientôt les golden boys du quartier, tous faits sur le même modèle: costume noir, chemise pâle, chaussures pointues (de véritables miroirs!), lunettes de soleil sur coiffure impeccable et bronzage raffiné! Excellentes pizzas à la pâte croustillante. Et présence non loin de là d'un jeune militaire qui me semble tout aussi croustillant (et ravi de se faire prendre en photo)!
Retour au bus direction Sainte-Marie-Majeure, l'une des quatre basiliques majeures de Rome (avec Saint-Pierre, Saint-Paul-hors-les-Murs et Saint-Jean de Latran). Ainsi aurons-nous effectué le tour complet de ces édifices imposants, lieux de culte et véritables musées. Je veux faire connaître à mes deux compagnons de marche une autre église toute proche, Sainte-Praxède, qui abrite de splendides fresques du IX° siècle, mais nous n'avons pas le courage d'attendre deux heures la réouverture de l'après-midi.
Alors nous retournons à Saint-Jean-de Latran, que Frédéric n'avait pas vu le jour où nous y sommes allés avec Jean-Claude, et c'est à ce moment-là que nous visitons le très beau cloître dont j'ai déjà parlé, aménagé autour d'un puits carolingien. Les arcades aux fines colonnes, avec leurs mosaïques colorées, ont été construites par les "Marmorari Romani", deux célèbres familles d'artisans romains : les Cosmati et les Vassaletti, entre 1222 et 1230.
Une eau minérale bien fraîche (oui, il nous arrive d'être sages!) à la terrasse d'un petit café puis une deuxième visite (mais sans les sous-sols), pour la même raison,à Saint-Clément. Autour du Colisée, des professeurs harassés essaient d'inculquer un minimum de culture antique à des hordes d'adolescents (ou de plus jeunes) visiblement plus intéressés par les devantures des glaciers du quartier! Je jouis!
Autre visite en fin d'après-midi: celle de Saint-Pierre-aux-Liens, construite dans les années 430 par l'Impératrice Eudoxie pour abriter les chaînes de Saint Pierre (emprisonné à Rome, à la prison Mamertine, au pied du Capitole, tout près du Forum républicain, et nommée aussi Tullianum, du nom d'un roi de Rome, Servius Tullius. C'est dans cette prison que fut aussi retenu prisonnier notre bon Vercingétorix!). Mais l'église est particulièrement connue pour abriter la statue de Moïse (celui dont on dirait qu'il a des petites cornes sur la tête) réalisée par Michel-Ange.
Sur le chemin du retour, nouvel arrêt à Santa-Maria-sopra-Minerva, à quelques pas du Panthéon. Et une dernière église (eh oui, quand on y a goûté! Et puis, à Rome, on ne peut pas faire un pas sans en rencontrer une: la Ville en compte environ 900!): San Carlo ai Catinari, nom qui fait référence à la présence, à l'époque de sa construction, de nombreux fabricants de catina, bassines, dans la même rue que l'église.
Dernier Campari sur la place de Sainte-Marie-du-Trastevere, dernier repas dans l'appartement. Nous avions prévu initialement de finir dans un des plus vieux restaurants de Rome mais vue l'abondance des restes dans le réfrigérateur... Le taxi est déjà retenu pour le lendemain matin. J'espère avoir été clair malgré mon italien parfois approximatif. Un petit coup de ménage pour restituer un appartement correct et c'est la nuit réparatrice mais courte avant le retour en France.
samedi 14 mai 2011
A qui se fier?
Mes deux billets de jeudi ainsi qu'un certain nombre de vos commentaires ont disparu suite à des problèmes sur Blogger. Je suis d'autant plus irrité que chaque billet sur mon voyage à Rome me demande un temps certain de rédaction. Si quelqu'un, parmi vous, sait s'il est possible de les récupérer et comment faire, qu'il n'hésite pas à me le dire. Grrrrrr.......
mercredi 11 mai 2011
Roma : cinque
Voyage à Rome: le mercredi 04 mai
Le mercredi, après avoir longé les quatre temples de l'époque républicaine du Largo di Torre Argentina, je fais découvrir à Jean-Claude l'église du Gésù, dans le plus pur style de la Contre-Réforme jésuite.
Puis, pour nous rendre à San Clemente, un de mes coins favoris de Rome, nous empruntons la Via dei Fori Imperiali tracée de 1931 à 1933 pour les parades militaires et dont la construction fit disparaître à jamais nombre de monuments antiques ou médiévaux. Ce jour-là, dans le cadre du 150° anniversaire de l'État Italien, l'armée organise une sorte de porte ouverte. Nous pouvons ainsi approcher des tanks ou des hélicoptères gardés par, ma foi, de forts beaux spécimens latins!
Saint-Clément, érigée en l'honneur du troisième successeur de Saint-Pierre au trône pontifical, est sans doute une de mes églises préférées à Rome. Basilique mineure, elle a l'avantage de présenter trois niveaux, celui de la basilique actuelle du XI°, avec sa splendide Schola Cantorum et son ambon, sa très belle Madone de Giovanni Battista da Sassoferrato, au manteau d'un bleu époustouflant rappelant celle de Messine, ses fresques de Masolino dans la chapelle Sainte-Catherine et ses intéressantes "sinopie" (dessins préparatoires aux fresques, exécutés avec un pigment rouge),celui de l'église précédente du IV° et, tout en bas, une insula du Ier siècle et un temple de Mithra du II°. Endroit rêvé pour entamer avec des élèves une découverte de Rome à travers les âges, ce que je ne me suis pas privé de faire pendant des années. Pas de photos malheureusement: elles y sont interdites.
De San Clemente, nous grimpons la rue jusqu'à Saint Jean de Latran, la cathédrale de Rome dont le Président de la République Française est chanoine d'honneur. La visite débute par le baptistère octogonal, modèle du genre qui remonte au Haut Moyen-Age. Je me souviens qu'autrefois, devant la porte, se tenait toujours un homme qui, pour quelques sous, parvenait à tirer de cette porte une sorte de grincement harmonieux. Mai si pas d'argent, pas de grincement. Aujourd'hui, le pittoresque personnage a disparu et seule une mendiante propose quelques menus objets à vendre.
L'intérieur de Saint-Jean (de son nom officiel, tombé en désuétude, Archibasilique du Très Saint Sauveur) est somptueux avec son baldaquin très ouvragé, et d'une clarté stupéfiante. Comme Frédéric n'est pas avec nous ce jour-là, nous y reviendrons dans la semaine et visiterons le très beau cloitre avec sa pièce musée qui abrite une partition manuscrite de Palestrina et deux vases offerts par le Général De Gaulle.Au retour, nous empruntons un large boulevard sensé nous ramener au Tibre et qui nous fait faire un détour inattendu (et fatigant) par les Thermes de Caracalla.
L'après-midi, impossible d'accéder à Saint-Pierre, sauf à patienter deux heures dans une file en plein soleil à attendre notre tour de visite. Nous y renonçons et nous rabattons sur une vieille église voisine, peu visitée, celle du Santo Spirito di Sassia. La queue également devant Saint-Louis des français mais l'attente ne dure que quelques minutes avant de pouvoir admirer une nouvelle fois les trois tableaux de Caravage qu'elle renferme, consacrés à Saint Matthieu. Au passage, je ne résiste pas à photographier une inscription sur marbre fort prétentieuse mais présentant une belle faute d'orthographe. Saurez-vous la retrouver? (Pour agrandir, cliquer sur la photo)
Sur notre élan, et parce qu'elle est toute proche, nous nous rendons à l'église Saint-Ignace, dédiée au fondateur de la Compagnie de Jésus et érigée au XVII° siècle peu de temps après la canonisation de ce dernier. Surprenante coupole en trompe-l'œil. Devant le porche, la charmante piazzetta qui m'évoque toujours un décor de théâtre.
En revenant sur le Panthéon, nous entrons bien sûr à Santa Maria sopra Minerva où l'on peut admirer, entre autres, deux très belles Annonciations, l'un d'Antoniazzo Romano et l'autre de Filippino Lippi, et la pierre tombale de Fra Angelico.
(à suivre)
Le mercredi, après avoir longé les quatre temples de l'époque républicaine du Largo di Torre Argentina, je fais découvrir à Jean-Claude l'église du Gésù, dans le plus pur style de la Contre-Réforme jésuite.
Puis, pour nous rendre à San Clemente, un de mes coins favoris de Rome, nous empruntons la Via dei Fori Imperiali tracée de 1931 à 1933 pour les parades militaires et dont la construction fit disparaître à jamais nombre de monuments antiques ou médiévaux. Ce jour-là, dans le cadre du 150° anniversaire de l'État Italien, l'armée organise une sorte de porte ouverte. Nous pouvons ainsi approcher des tanks ou des hélicoptères gardés par, ma foi, de forts beaux spécimens latins!
Saint-Clément, érigée en l'honneur du troisième successeur de Saint-Pierre au trône pontifical, est sans doute une de mes églises préférées à Rome. Basilique mineure, elle a l'avantage de présenter trois niveaux, celui de la basilique actuelle du XI°, avec sa splendide Schola Cantorum et son ambon, sa très belle Madone de Giovanni Battista da Sassoferrato, au manteau d'un bleu époustouflant rappelant celle de Messine, ses fresques de Masolino dans la chapelle Sainte-Catherine et ses intéressantes "sinopie" (dessins préparatoires aux fresques, exécutés avec un pigment rouge),celui de l'église précédente du IV° et, tout en bas, une insula du Ier siècle et un temple de Mithra du II°. Endroit rêvé pour entamer avec des élèves une découverte de Rome à travers les âges, ce que je ne me suis pas privé de faire pendant des années. Pas de photos malheureusement: elles y sont interdites.
De San Clemente, nous grimpons la rue jusqu'à Saint Jean de Latran, la cathédrale de Rome dont le Président de la République Française est chanoine d'honneur. La visite débute par le baptistère octogonal, modèle du genre qui remonte au Haut Moyen-Age. Je me souviens qu'autrefois, devant la porte, se tenait toujours un homme qui, pour quelques sous, parvenait à tirer de cette porte une sorte de grincement harmonieux. Mai si pas d'argent, pas de grincement. Aujourd'hui, le pittoresque personnage a disparu et seule une mendiante propose quelques menus objets à vendre.
L'intérieur de Saint-Jean (de son nom officiel, tombé en désuétude, Archibasilique du Très Saint Sauveur) est somptueux avec son baldaquin très ouvragé, et d'une clarté stupéfiante. Comme Frédéric n'est pas avec nous ce jour-là, nous y reviendrons dans la semaine et visiterons le très beau cloitre avec sa pièce musée qui abrite une partition manuscrite de Palestrina et deux vases offerts par le Général De Gaulle.Au retour, nous empruntons un large boulevard sensé nous ramener au Tibre et qui nous fait faire un détour inattendu (et fatigant) par les Thermes de Caracalla.
L'après-midi, impossible d'accéder à Saint-Pierre, sauf à patienter deux heures dans une file en plein soleil à attendre notre tour de visite. Nous y renonçons et nous rabattons sur une vieille église voisine, peu visitée, celle du Santo Spirito di Sassia. La queue également devant Saint-Louis des français mais l'attente ne dure que quelques minutes avant de pouvoir admirer une nouvelle fois les trois tableaux de Caravage qu'elle renferme, consacrés à Saint Matthieu. Au passage, je ne résiste pas à photographier une inscription sur marbre fort prétentieuse mais présentant une belle faute d'orthographe. Saurez-vous la retrouver? (Pour agrandir, cliquer sur la photo)
Sur notre élan, et parce qu'elle est toute proche, nous nous rendons à l'église Saint-Ignace, dédiée au fondateur de la Compagnie de Jésus et érigée au XVII° siècle peu de temps après la canonisation de ce dernier. Surprenante coupole en trompe-l'œil. Devant le porche, la charmante piazzetta qui m'évoque toujours un décor de théâtre.
En revenant sur le Panthéon, nous entrons bien sûr à Santa Maria sopra Minerva où l'on peut admirer, entre autres, deux très belles Annonciations, l'un d'Antoniazzo Romano et l'autre de Filippino Lippi, et la pierre tombale de Fra Angelico.
(à suivre)
mardi 10 mai 2011
Roma : quattro
Voyage à Rome: le mardi 3 mai
Le matin, repos total: la fatigue a eu raison de nous et entraîne une certaine tension dans les rapports. L'après-midi, nous faisons l'ascension du Janicule, juste derrière chez nous, pour visiter l'église San Pietro in Montorio, édifiée sur l'emplacement de la crucifixion de Saint-Pierre, la tête en bas par humilité vis à vis du Christ. Dans le cloître se trouve le charmand petit Tempietto de Bramante. Nous poussons, par une route à la circulation dense et dépourvue de trottoirs (comme souvent à Rome) jusqu'à San Pancrazio dans l'intention d'y visiter les Catacombes mais nous trouvons porte close. Le quartier regorge des souvenirs des fameuses batailles garibaldiennes de 1849.
Repos à l'ombre des pins parasols des jardins de la Villa Doria Pamphilj avant de redescendre jusqu'au Circo Massimo (en travaux). A San Giorgio in Velabro, près de l'Arc de Janus, nous surprenons l'intimité d'une cérémonie de mariage un peu particulière: les participants n'y sont que trois, les deux futurs époux et le prêtre. Nous poursuivons par la montée sur l'Aventin. Il y a des années que je suis pas allé à Sainte-Sabine. Cette basilique est sobre et reflète assez bien la spiritualité des Dominicains qui l'entretiennent. J'aurais pu, il y a quelques années, y séjourner mais l'ami dominicain qui s'y trouvait n'y fit qu'un trop bref passage pour me permettre d'organiser le voyage. Des jardins, très beau panorama sur la Ville. Nous trouvons, pour regagner le fleuve, un clivio romantique et tranquille qui nous évitera un long détour.
En passant sur le Tibre, je repère une bouche de la fameuse Cloaca Maxima, l'égout de la Rome antique construit par les Étrusques et toujours debout aujourd'hui.
(à suivre)
Le matin, repos total: la fatigue a eu raison de nous et entraîne une certaine tension dans les rapports. L'après-midi, nous faisons l'ascension du Janicule, juste derrière chez nous, pour visiter l'église San Pietro in Montorio, édifiée sur l'emplacement de la crucifixion de Saint-Pierre, la tête en bas par humilité vis à vis du Christ. Dans le cloître se trouve le charmand petit Tempietto de Bramante. Nous poussons, par une route à la circulation dense et dépourvue de trottoirs (comme souvent à Rome) jusqu'à San Pancrazio dans l'intention d'y visiter les Catacombes mais nous trouvons porte close. Le quartier regorge des souvenirs des fameuses batailles garibaldiennes de 1849.
Repos à l'ombre des pins parasols des jardins de la Villa Doria Pamphilj avant de redescendre jusqu'au Circo Massimo (en travaux). A San Giorgio in Velabro, près de l'Arc de Janus, nous surprenons l'intimité d'une cérémonie de mariage un peu particulière: les participants n'y sont que trois, les deux futurs époux et le prêtre. Nous poursuivons par la montée sur l'Aventin. Il y a des années que je suis pas allé à Sainte-Sabine. Cette basilique est sobre et reflète assez bien la spiritualité des Dominicains qui l'entretiennent. J'aurais pu, il y a quelques années, y séjourner mais l'ami dominicain qui s'y trouvait n'y fit qu'un trop bref passage pour me permettre d'organiser le voyage. Des jardins, très beau panorama sur la Ville. Nous trouvons, pour regagner le fleuve, un clivio romantique et tranquille qui nous évitera un long détour.
En passant sur le Tibre, je repère une bouche de la fameuse Cloaca Maxima, l'égout de la Rome antique construit par les Étrusques et toujours debout aujourd'hui.
(à suivre)
Roma : tre
Voyage à Rome: le lundi 2 mai.
Fatigués de la marche de la veille, nous passons une matinée calme, consacrée au petit marché du Trastevere où nous trouvons la poissonnerie fermée mais où les étals en revanche regorgent de fruits et de légumes que les marchands préparent devant les yeux des chalands: tomates, oranges bien sûr mais aussi courgettes avec leurs fleurs qui nous tenteraient bien pour des beignets si nous avions de la farine, petits pois frais écossés et une sorte de céleri branche qu'aucun des trois ne connaît et qu'un homme est en train de laver et de couper en fines lamelles destinées, d'après ce qu'il me dit, à être mangées en salade. J'en ai oublié le nom italien.
L'après-midi nous voit repartir jusqu'au Panthéon (Santa Maria ad Martyres) dont la coupole à caissons est impressionnante si l'on considère l'époque où elle a été édifiée. Tout près, je fais découvrir à Frédéric et Jean-Claude la petite église de Santa Maria Madalena et sa sacristie dans le plus pur style rococo. Petit détour par le Palazzo Montecitorio où siège la chambre des députés et la Piazza Colonna, lieu de résidence du premier ministre italien, au centre de laquelle s'élève la colonne de l'empereur Marc-Aurèle, digne pendant de celle de Trajan près du Forum. La galerie Alberto Sordi rappelle la célèbre galerie Vittorio Emanuele II de Milan, en plus modeste cependant.
A la fontaine de Trévi, le souvenir de Marcello et d'Anita est toujours aussi vivace et nous nous conformons à la tradition de jeter une piécette de monnaie par dessus notre épaule en faisant le vœu de revenir un jour à Rome. La grimpette jusqu'au Quirinal est rude mais courte. Nous avons manqué la relève générale de la garde d'une heure, nous nous contenterons de celle des deux plantons devant l'entrée du palais.
Ensuite, je retrouve un quartier que je connais bien: celui du centre antique avec le Capitole sur la place duquel se prépare un concert dans le cadre des festivités liées à la béatification, le Forum républicain et le Forum Boarium, en bordure du Tibre. Nous finissons notre course en traversant l'île Tibérine dont la légende dit qu'elle a été formée par les réserves de blé du roi Tarquin le Superbe que les républicains, ayant chassé le tyran étrusque, jetèrent dans le fleuve pour n'avoir rien à lui devoir.
Le soir, Frédéric, fourbu, nous abandonne et c'est avec Jean-Claude seul que nous parcourons la Via Giulia, une rue d'antiquaires, surplombée par une arche en plein cintre près de la loggia du Palais Farnese. De la place, on peut apercevoir les plafonds magnifiques de ce haut lieu de la culture française, puisqu'il abrite l'Ambassade de France en Italie et l'École française de Rome. Puis nos pas nous ramènent invariablement vers le Campo dei Fiori et la Piazza Navona sous un crachin renaissant.
(à suivre)
Fatigués de la marche de la veille, nous passons une matinée calme, consacrée au petit marché du Trastevere où nous trouvons la poissonnerie fermée mais où les étals en revanche regorgent de fruits et de légumes que les marchands préparent devant les yeux des chalands: tomates, oranges bien sûr mais aussi courgettes avec leurs fleurs qui nous tenteraient bien pour des beignets si nous avions de la farine, petits pois frais écossés et une sorte de céleri branche qu'aucun des trois ne connaît et qu'un homme est en train de laver et de couper en fines lamelles destinées, d'après ce qu'il me dit, à être mangées en salade. J'en ai oublié le nom italien.
L'après-midi nous voit repartir jusqu'au Panthéon (Santa Maria ad Martyres) dont la coupole à caissons est impressionnante si l'on considère l'époque où elle a été édifiée. Tout près, je fais découvrir à Frédéric et Jean-Claude la petite église de Santa Maria Madalena et sa sacristie dans le plus pur style rococo. Petit détour par le Palazzo Montecitorio où siège la chambre des députés et la Piazza Colonna, lieu de résidence du premier ministre italien, au centre de laquelle s'élève la colonne de l'empereur Marc-Aurèle, digne pendant de celle de Trajan près du Forum. La galerie Alberto Sordi rappelle la célèbre galerie Vittorio Emanuele II de Milan, en plus modeste cependant.
A la fontaine de Trévi, le souvenir de Marcello et d'Anita est toujours aussi vivace et nous nous conformons à la tradition de jeter une piécette de monnaie par dessus notre épaule en faisant le vœu de revenir un jour à Rome. La grimpette jusqu'au Quirinal est rude mais courte. Nous avons manqué la relève générale de la garde d'une heure, nous nous contenterons de celle des deux plantons devant l'entrée du palais.
Ensuite, je retrouve un quartier que je connais bien: celui du centre antique avec le Capitole sur la place duquel se prépare un concert dans le cadre des festivités liées à la béatification, le Forum républicain et le Forum Boarium, en bordure du Tibre. Nous finissons notre course en traversant l'île Tibérine dont la légende dit qu'elle a été formée par les réserves de blé du roi Tarquin le Superbe que les républicains, ayant chassé le tyran étrusque, jetèrent dans le fleuve pour n'avoir rien à lui devoir.
Le soir, Frédéric, fourbu, nous abandonne et c'est avec Jean-Claude seul que nous parcourons la Via Giulia, une rue d'antiquaires, surplombée par une arche en plein cintre près de la loggia du Palais Farnese. De la place, on peut apercevoir les plafonds magnifiques de ce haut lieu de la culture française, puisqu'il abrite l'Ambassade de France en Italie et l'École française de Rome. Puis nos pas nous ramènent invariablement vers le Campo dei Fiori et la Piazza Navona sous un crachin renaissant.
(à suivre)
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