Ça y est, je l'ai retrouvé. Depuis plusieurs jours, je le cherchais. Chez moi d'abord mais sans beaucoup d'espoir puisque je me suis débarrassé récemment de tous mes anciens spécimens et manuels scolaires. Auprès des collègues ensuite, qui ne semblaient pas du tout voir ce dont je parlais. Et ce matin, dans un vieux placard, grâce à Isabelle....
Nous utilisions cette série Mots et Merveilles (Magnard 1982)) en 6° et 5°, au temps où l'on faisait vraiment des textes français en cours de français. Et ces pages-là, je ne les avais jamais oubliées: trois propos d'écrivains sur leur façon de travailler.
André Dhôtel d'abord: "Je vagabonde.... à travers les rêves...., les rues.... et les mots" (12 mars 1971).
José Cabanis ensuite: "Je mise sur le temps, romancier par excellence" (28 mai 1976)
Michel Tournier enfin: "Je suis comme la pie voleuse" (23 novembre 1970)
Je voulais utiliser les propos de Tournier, recueillis par J-L de Rambures et publié chez Flammarion (Comment travaillent les écrivains.) parce qu'ils m'avaient beaucoup marqué quand je les avais découverts. Ils venaient confirmer une intuition que j'avais eue sur sa façon de "monter" un roman après avoir lu Vendredi ou la Vie sauvage où la structure narrative apparaît plus nettement que dans Les Limbes du Pacifique. parce qu'il y aborde aussi sa fameuse théorie de l'"inversion maligne", tout droit venu de sa passion pour la photographie.
Voici un extrait de ce texte que, bien sûr, je devrais un peu simplifier (ou beaucoup expliquer, plutôt) pour le faire passer en 5°:
L'un des secrets consiste à écrire la fin du roman avant le début. ce qui permet d'abord de prévoir exactement où je vais et ensuite de ne pas m'effondrer en cours de route. Rien de plus navrant que ces romans qui commencent merveilleusement et se terminent en queue de poisson. Personnellement, si je dois rater quelque chose, je préfère que ce soit le début. Je procède ensuite à un découpage rigoureux. Le livre se compose toujours de deux versants séparés au milieu par une crise (la déclaration de guerre dans Le Roi des Aulnes). Pour obtenir les correspondances, il suffit de travailler simultanément à chacun de ces versants. Je n'hésite pas, s'il le faut, à écrire à reculons. Une de mes techniques favorites est l'"inversion maligne". (...)Mais pour moi, le modèle des modèles, c'est ce paroxysme d'alchimie verbale que constitue L'Art de la fugue de Jean-Sébastien Bach. Lorsque l'on sait que c'est sur la dernière fugue de cette dernière œuvre que l'on a retrouvé mort le compositeur, et que, par un raffinement suprême, celle-ci était construite sur les notes allemandes B.A.C.H., il faut bien reconnaître qu'il n'y a rien de plus violent, de plus romantique, de plus intolérable, dans toute l'histoire de la musique.(...)
lundi 15 novembre 2010
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4 commentaires:
Ohlàlà... PA-SSIO-NNANT !!!
Bon, si je commence à commenter ce qu'a dit Tournier, je sens que j'en aurai encore pour l'après-midi, et je risque d'être soulant. Comme si je ne l'étais déjà pas assez en temps normal. Mais... affaire à suivre...
"Comment travaillent les écrivains" par Jl de Rambures, chez Flammarion...? C'EST NOTE !
Et... MERCI !
L'inversion maligne? Venant de Tournier, on pourrait y voir un autre sens, non? Ou bien serait-ce un très joli lapsus?
Connais-tu un manuel intitulé "la petite fabrique de littérature" ? Prévu pour les cycle III et collèges, je l'ai souvent utilisé pour préparer des ateliers d'écritures avec mes stagiaires adultes. Chez Retz si je me souviens bien. Mais pas nouveau, mais fûté et de bonne qualité je trouve.
Mais j'aimerais bien que tu commentes, Lancelot. Promis? Dès que tu as le temps?
Je ne crois pas trop aux lapsus chez Tournier, VEC!
Je ne connais pas cet ouvrage, K., mais j'ai toujours eu pour les éditions Retz le plus grand respect! Je fais comme Lancelot, je note! Et je remercie!
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