vendredi 12 novembre 2010

Momentini

- Bien peu d'élèves absents aujourd'hui. Quelques rares ont suivi leurs parents pour un week-end prolongé, les autres étaient plutôt calmes après un jour de congé supplémentaire. Je serais curieux de savoir combien parmi eux connaissent la raison exact de ce jour férié du 11 novembre. Personne en revanche dans les rues ce matin de bonne heure. On roulait comme en été.


- A peine entendu hier évoquer la mort de Simone Valère, l'illustre pendant de Jean Desailly. Mais rien de rien sur le décès de Dino de Laurentiis. Enfin quoi, mari de Silvana Mangano, producteur de Fellini,Visconti, Pollack, David Lynch, ça ne compte donc aujourd'hui pour rien? Ciao Agostino.

- Aucune photo du jour. Pas envie, pas le temps. Alors une d'hier, toute bête, d'automne. Dans la cour de mon immeuble, quelqu'un se chauffe au bois. La fumée s'élève mais l'odeur stagne parfois. Comme si l'on faisait brûler des broussailles. L'automne, ce ne sont pas seulement les couleurs, j'en aime les odeurs.

- Je vais me lancer ces jours-ci dans un gros travail de préparation sur les "robinsonnades" de la littérature mondiale, particulièrement, bien sûr, Defoe et Tournier. J'en bave d'avance. Déjà, en fouillant un peu partout, je me surprends à lire tous les textes qui me tombent sous la main, sur le thème ou d'autres parallèles. Ainsi défilent sous mes doigts les Ile au Trésor, Auberge de la Jamaïque et autres romans d'aventures passionnants. Il faut que je me force pour ne pas oublier que je suis en train de travailler. Il faudra peut-être que je me force aussi à reprendre Sa majesté des mouches qui m'était tombé des mains il y a quelques années.

- J'ai bien volontiers répondu à l'invitation de ConsonneetVoyelle à citer quinze auteurs que j'apprécie particulièrement. Pourtant je trouve cet exercice très frustrant et un peu injuste: injuste pour les auteurs dont on a apprécié une ou deux œuvres seulement et pas la totalité, injuste pour ceux que l'on a oublié alors qu'on les aime (c'est le cas de Flaubert dans mon billet), frustrant car le nombre était fixé à 15, ce qui était à la fois trop et trop peu. Pouvais-je, par exemple, y faire apparaître Georges Bayard, le célèbre auteur de la série des "Michel" dans la bibliothèque verte? Ce n'est pas un grand écrivain mais il a eu une énorme importance pour moi en m'ouvrant la porte vers des œuvres plus profondes.

- Aux fanatiques de numérologie, je signale que nous sommes le 12/11/10. En creusant bien, on doit bien pouvoir faire parler des nombres pareils, non?

10 commentaires:

karagar a dit…

ah les odeurs de feux d'automne... ça m'a touché ce rapprochement, ces petites choses qu'on a en tête et qu'on ne confie jamais jusqu'à les lire ailleurs...

Lancelot a dit…

Le Robinson de Defoe, je l'avais lu pour la première fois cet été, et tu m'avais dit que tu ne l'avais jamais lu. Tu vas t'y mettre, alors ? En ce qui me concerne, c'est bizarre (et riche d'enseignements pour un psy, j'en suis sûr :D ) : j'ai raffolé de toute la première partie, lorsqu'il est seul et doit déployer des trésors d'ingéniosité pour s'en sortir. C'est passionnant. Quand Vendredi arrive, c'est pas mal mais moins bien. Enfin, lorsque plusieurs bateaux chargés d'hommes débarquent sur l'ïle, la solitude est "déflorée", et pour moi tout le roman perd son intérêt à cet endroit précis.

Celui de Tournier est évidemment passionnant de A à Z (enfin, à mon goût en tout cas), mais l'axe d'intérêt n'est pas le même. Ce n'est pas tellement la façon dont le héros s'en sort qui intéresse l'auteur, mais plutôt les réflexions que cela lui inspire. Qui plus est, le style, les mots choisis, les descriptions, sont magnifiques.

'Sa Majesté des Mouches' : horreur, horreur, trois fois HORREUR. Un livre étudié en première année de fac. Je l'ai abhorré. Exécré. Vomi ! Encore un qui fait partie de la liste des "oeuvres-que-l'on-encense-et- que-moi-je-déteste."

Voyelle et Consonne a dit…

Les consignes du tag ne viennent pas de moi et libre à chacun d'en faire ce qu'il veut.
Quelle bonne idée de travailler le thème de la "robinsonnade". Je n'y avais pas encore pensé. Quel angle vas-tu utilisé?

christophe a dit…

Ah les robinsonnades, ça plaît souvent aux enfants et aux ados, ça.
Dans ma liste de quinze auteurs, j'avais vraiment envie de citer Schulz (le papa de Snoopy).
> Lancelot : ça m'a vraiment fait rire que tu détestes Sa majesté des mouches ! Encore un à ajouter à notre liste non-commune de livres (après La Lettre écarlate...). Je ne dis pas que j'ai adoré ce livre, mais je l'ai vraiment lu comme un livre théorique de psychologie sociale.

Calyste a dit…

les momentini, c'est justement le lieu des petites choses, Karagar.

Tu as raison, Lancelot, je n'ai jamais lu Defoe en entier, en revanche les deux de Tournier, bien sûr.

Aussi n'était-ce en rien une critique personnelle, VEC! Pour la "robinsonnade", je fais sans doute suivre la piste le la littérature comparée, à un niveau collège bien sûr. Et insister sur la façon d'écrire si particulière de Tournier (structure du roman à comparer avec l'art photographique).

Bon, alors, je fais quoi, moi, pour "Sa Majesté des mouches"? Lancelot ou toi, Christophe?

Lancelot a dit…

@ Christophe : tu parles d'une 'psychologie sociale' ramassée sur un comptoir de bar... Résumé de la thèse psychologique en question : les enfants, livrés à eux-mêmes, loin d'agir avec innocence et pureté, singent les adultes et reproduisent, à leur petite échelle, toutes leurs erreurs. Aller s'ennuyer à avaler des descriptions de diarrhées sous la canicule, ou de chasse à la truie souvage au milieu de nuées de moucherons, pour en arriver à cette éblouissante conclusion originale, franchement, je préfère relire les Mémoires d'un Ane, de la Comtesse de Ségur.

Calyste a dit…

Moi, je n'en étais pas arrivé à la diarrhée sous la canicule.....Mais je ne regrette pas!

christophe a dit…

> Lancelot : Je ne veux pas polémiquer pour le plaisir, ni "squatter" l'espace de Calystee, mais je voudrais dire que, oui,
on peut parler de psychologie sociale : je ne crois pas que l'auteur sous-entende que les enfants singent les adultes. Certes, ils le font, superficiellement, en utilisant, en tout cas au début, leurs codes et leurs habitus. Surtout, je crois que l'auteur nous dit que la civilisation, la culture sont une patine fragile qui se craquelle dès que les renforcements et les conditionnements, constants, disparaissent.
Psychologie sociale, parce que (et tu as le droit de trouver ça dépassé), le livre date de 1954 (j'ai dû vérifier !), c'est-à-dire un peu avant les travaux d'importance de Milgram (pour ne parler que de lui), lequel n'a pas travaillé que sur la soumission à l'autorité, mais également sur les comportements sociaux et la formation des sous-groupes dans des groupes d'enfants en camps de vacances (il a fait des expériences tout à fait intéressantes là-dessus, bien qu'éthiquement discutables). J'aurais encore des trucs à dire, mais il est tard...

Cornus a dit…

- Des photos ? Eh bien, en ce qui me concerne, je trouve que j'ai eu un mérite incroyable d'en faire ces 3 derniers jours et pourtant, il n'y avait pas de quoi mettre un appareil photo dehors.

- Robinson Crusoe, j'ai lu gamin, mais je ne me souviens plus des détails ni du style (même si je n'étais pas en mesure de le capter à l'époque).

Lancelot a dit…

@ Chris : 1954 ? J'avais oublié que ça remontait si loin. Je pensais que Golding l'avait écrit au moins dix ans plus tard.

"Polémiquer" : bah, tu me connais, et je te sais suffisamment intelligent pour ne pas prendre au tragique mes 'coups de gueule' (tu les connais par coeur) surtout à propos d'un livre ou d'un film. Quant à squatter l'espace de Calyste, je suis sûr que ça l'amuse plus que ça ne le choque, ces "débats" chez lui.

Les comportements induits par le groupe, c'est effectivement passionnant (je crois avoir vu des émissions télé sur les théories de Milgram). Mais il n'empêche. Même en 1954, qu'on ait pu considérer ce livre comme un MUST absolu, en raison des comportements qu'il mettait en lumière, ça me dépasse. Des enfants, il y en a toujours eu. Et on n'a pas attendu de les envoyer en camp de vacances pour découvrir ce dont ils sont capables entre eux, j'imagine. Même si je n'étais pas né à l'époque. Les gamins sont très souvent infectes entre eux, avec des phéomènes de formation de groups et d'exclusion, pouvant aller même jusqu'à des comportements extrêmement agressifs et dangereux, tout comme les adultes, ou les animaux. Golding ne m'a franchement pas ébloui sur ce coup-là.

Bon, j'imagine que ça ne l'empêche pas de dormir. Ni lui, ni toi, ni les autres, d'ailleurs ! Mais le succès de certains bouquins (alors que d'autres végètent dans l'oubli) a l'art de m'horripiler quand je le trouve profondément immérité.

Bises à toi ;)