Elle est venue vers moi juste quand il ne fallait pas, la petite Marie. Au moment où je montais en cours et où les élèves, après la récréation, se pressaient vers les escaliers pour regagner les salles, encore tout excités de leur quart d'heure de liberté. Elle n'est plus dans une de mes classes cette année et je n'entendais pas ce qu'elle voulait me dire. Je l'ai entraînée un peu plus loin, là où les décibels étaient supportables.
Elle était pâle, mais comme à l'accoutumée, pas plus, du moins il me semble. Elle parlait fort mais son débit haché faisait que je ne comprenais pas. Je lui ai fait répété plusieurs fois et j'ai fini par entendre ce qu'elle avait à me dire. Suite à l'accident, il y a presque un an, où je l'avais renversée un matin, alors que tous deux nous rendions au collège, elle m'avait fait la tête. Je l'avais bien noté mais en attribuais la cause à la douleur, surtout psychologique, que je lui avais fait subir. Elle ne travaillait pas bien en latin et semblait ne pas accepter une seule de mes remarques.
Ce matin (pourquoi ce matin?), elle venait me donner la clef. On lui avait rapporté des paroles sur son compte que je n'avais jamais prononcées, à savoir que lors de l'accident, elle s'était (volontairement?) jetée sous mes roues. Elle savait maintenant que ce n'était pas vrai et tenait à s'excuser de son attitude.
Qui a bien pu lui dire une telle saloperie? Comment a-t-elle pu y croire? Je ne lui en veux pas: comment aurais-je réagi à sa place? Mais la timidité l'a ce matin rendue impulsive à un moment peu propice. Il faudra que je la revoie, calmement, sans stress et sans précipitation, et que nous parlions, une bonne fois pour toutes.
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5 commentaires:
Par moments, il semble que le sort s'ingénie, dans les situations difficiles, compliquées, et calamiteuses, à rajouter son grain de sel. A moins qu'elle n'ait choisi volontairement ce moment-là, par gêne, pour éviter un tête à tête dans le calme ? Mais si elle voulait l'éviter, pourquoi est-elle venue te voir, alors ? Ralàlà... j'en traine moi-même des dizaines comme ça...
Marie et toi êtes les victimes de la connerie de certains.
Plus d'une fois à moi aussi, on m'a fait dire des propos que je n'avais jamais tenus, ni même pensés. Et parfois cela a eu des conséquences assez funestes. Ces "rapporteurs" volontairement ou involontairement déformants sont extrêmement dangereux.
Oh là là je suis allée lire les billets relatifs à cet accident. C'est une de mes hantises. Un jour, alors que je roulais à 20 à l'heure, un tout petit enfant a déboulé sous mes roues. J'ai freiné désespérée, tout ce qui était dans la voiture m'est atterri sur les genoux mais l'enfant n'a pas été renversé. J'en ai tremblé de longues minutes, les larmes aux yeux. Je comprends ce que cela a dû être de vivre cet instant. Ce serait bien de pouvoir tranquillement lui parler, bien que cela ait été fait juste après. Là, avec le recul, pouvoir la rassurer sur sa non culpabilité, et également lui dire combien cela t'a bouleversé, je pense que pour elle cela sera bénéfique (et pour toi sans doute aussi)
Eh bien, je trouve cette fin heureuse assez exceptionnelle, car combien de fois, sans doute, ne connait-on jamais l'origine (malveillante ou non) d'un quiproquo.
A tous: ce dont je suis sûr, c'est que je vais lui parler un autre jour. En attendant, je trouve très fort de la part d'une adolescente timide d'avoir pu franchir ce pas face à un de ses (vieux) professeurs.
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