C'était ce matin, avec les sixièmes. Départ à pied par la Montée des Génovéfains (après tout, il ne font pas beaucoup de marche à pied, ces petits). Temps mitigé mais pas de pluie et pas non plus de rouspétances: tous marchent de belle humeur et d'un bon pas. Le métro puis encore un petit effort et nous voilà arrivés à la Tête d'Or, en même temps que le soleil.
La voix que j'avais entendue au téléphone est celle d'une vieille dame, handicapée d'une jambe mais encore bien alerte et fleurant bon la vieille lyonnaise de la Croix-Rousse. Yvonne, c'est la belle-fille de celui qui avait acheté un théâtre à Lyon, Joseph Moritz, et la femme d'Antoine, celui qui installa un castelet au parc. Elle est là depuis 1948, a toujours joué les rôles féminins et a vu peu à peu son enfant grandir et se transformer: au début, pas de toit pour protéger les spectateurs, pas de rideau pour empêcher de voir le spectacle sans payer son obole, pas de barrières, seulement des cordes pour délimiter le périmètre, pas de bancs fixes (il fallait les installer chaque jour et les replier itou en fin de journée), pas de construction en dur (le castelet et tout le matériel devaient être déménagés dans des charrettes à bras).
Aujourd'hui, c'est un jeune homme qui est son partenaire. Il est là depuis cinq ans et manie mieux la marionnette que le discours pédagogique. On ne doit pas lui demander souvent, comme je l'ai fait, de poursuivre après le spectacle par une présentation de son métier, des explications techniques et historiques sur les marionnettes à gaine et sur Guignol en particulier. Gêné au début, il s'est pourtant vite pris au jeu et s'est montré très intéressant, content du nombre de questions que lui posaient les élèves. Élèves qui furent non seulement attentifs et disciplinés mais qui jouèrent ce jeu que l'on dirait "interactif" aujourd'hui et qui n'est rien d'autre (mais rien de moins) que la communion des artistes et du public. Ainsi ai-je vu des presque pré ados battre des mains en cadence quand Guignol le leur a demandé, lui indiquer en hurlant par où le fuyard était passé, compter avec lui les coups de bâtons et répondre à toutes ses sollicitations verbales. Comme des gosses qu'ils sont encore, susceptibles d'être émerveillés.
La pièce que nous avons vue ce matin s'intitule "Guignol dentiste": à l'origine proposée aux adultes, elle a été adaptée pour les enfants en respectant le plus possible les idées de Mourguet (canut qui ne savait ni lire ni écrire et s'improvisa lui aussi arracheur de dents) et le texte mis noir sur blanc, comme tous les autres de ce répertoire classique, par Jean-Baptite Onofrio, un magistrat lyonnais à qui l'on doit Le Théâtre lyonnais de Guignol (1865).
Sortie réussie donc. Les enfants semblaient en avoir plein les quinquets et nous n'avions pas eu la singotte annoncée par la météo pour nous mouiller la couenne . Moi, à cette bonne Yvonne, je lui aurais bien volontiers fait peter la miaille!
Dans l'après-midi, j'avais un autre rendez-vous...... chez le dentiste. Pas fait exprès!
mercredi 2 juin 2010
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3 commentaires:
Alors ça Guignol, j'avais trouvé ça génial. J'étais aller voir avec ma grand-mère un spectacle donné dans la salle des fêtes de ma ville (j'étais plus jeune que tes élèves). J'en garde un souvenir ému. Je ne savais pas qu'on pouvait encore voir ça au parc de la Tête d'Or.
Et tes dents, elles vont bien ?
Cornus: il y a aussi un théâtre Guignol (en dur) sur les quais de Saône. Pour mes dents, simple détartrage. Le dentier, ce n'est pas pour tout de suite!
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