Un mot sur ce roman qui m'a occupé si longtemps, avant que je ne l'oublie. Le scénario? Une femme, pendant qu'elle fait cuire un rôti au four, s'imagine sans cesse être quelqu'un d'autre. Ceci pendant 515 pages. Un peu lassant. Pourquoi l'avoir terminé? Sans doute à cause de certaines de mes pulsions masochistes, pour voir jusqu'où Jauffret irait, jusqu'où j'irai.
J'aurai pu, en fait, m'arrêter à la page 31, la première que j'avais marquée, parce que tout y est dit. Mais je ne le savais pas.
Si seulement vous aviez l'amour-propre qu'on prête à une bête, tous ces caractères, tous ces mots, ce phrasage, cette paragrapherie n'auraient pas pénétré vos méninges, insultant vos neurones comme une bande de salopiots. Vous vous seriez enfui dès la première page, abandonnant la lecture pour une activité dénuée d'intérêt, mais moins humiliante, et vous n'auriez pas servi d'exutoire à un ouvrage en furie. A présent, vous êtes allé trop loin, vous êtes un lecteur captif, vous faites partie du livre tout autant que cette femme en arrêt devant son four. Comme elle vous regardez la viande, vous l'entendez rissoler, vous êtes dans l'expectative, alors que de toute évidence il ne se passera rien de notable. La voilà la littérature, elle ne raconte rien, elle traîne en longueur le langage, elle lui permet enfin de s'exprimer, au lieu de toujours servir à dire quelque chose d'autre que lui.
(Régis Jauffret, univers, univers, Folio Gallimard.)
En plus, nous n'avons pas la même idée de la ponctuation!
mercredi 23 septembre 2009
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5 commentaires:
Dieu que s'est bien écrit sur ce blogue. J'en revient pas, c'est supère!Je comprend pas tous mais quant m'aime!
Je reviendraient...
Du même Jauffret j'ai abandonné la lecture de son non moins épais "Microfictions", dont la noirceur (le cynisme, le sordide ?) systématique avait fini par me lasser. Je trouve néanmoins son écriture "techniquement" intéressante, plutôt personnelle et souvent poétique. Je pense qu'il aurait tout à gagner à moins désespérer de la société ;)
Enlève ton masque de fausse dysorthographique, Germaine, je t'ai reconnue!
C'est effectivement la technique qui m'a surtout retenu de laisser tomber, Kab-Aod: ce monsieur est très roué pour ça!
AH ! J'ai entendu parler de ce truc, sans l'avoir lu. Par une copine prof de français, justement. Elle était comme toi, elle l'avait trouvé imbuvable, mais elle l'avait bu tout de même, parce qu'il avait été proposé à des lycéens dans une liste pour un concours de je ne sais quoi. Elle nous en avait fait un résumé hilarant.
A chaque fois qu'on me parle d'un navet cinématographique ou littéraire, ça me donne une furieuse envie de m'y plonger, non par masochisme, mais par goût de la dérision et de la rigolade. Mais bon, là je vous ferai confiance à tous les deux, et je m'abstiendrai. D'autant que le ton paternaliste de l'extrait que tu as recopié a tendance à me faire pousser des boutons...
Je crois que tu fais bien, Lancelot. Il y a tant d'autres choses plus intéressantes à lire!
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