Comment réagir face à une classe qui, dès le début de l'année scolaire, prend un mauvais chemin, à savoir bavardage, agitation et réclamations intempestives? Pour ma part, dans ce cas d'espèce, j'ai depuis longtemps opté pour une méthode assez stricte. C'est ce que je fais encore cette fois-ci avec ma classe de sixième: élèves bougeant sans cesse, bricolant avec leur trousse et son contenu,, n'ouvrant pas leur livre, démarrant les exercices cinq minutes après la lecture des consignes, ne tenant aucun compte des remarques qui leur sont faites et continuant tranquillement la conversation alors que l'on vient de leur demander de se taire.
Il y a, quoi qu'on en dise,, un rapport de "force" à établir, des lignes de conduite à préciser dès le premier mois, des frontières à bien délimiter d'une part entre ce qui est permis et ce qui ne l'est pas, d'autre part entre les rôles et les attributions de chacun. Ainsi, quand il le faut, je n'ai aucun état d'âme à faire comprendre que c'est moi et moi seul qui, en tant que professeur, détient le "pouvoir" et que je compte bien l'exercer, avec bienveillance en règle générale, avec autorité, voire sévérité, si la situation l'exige.
Certains élèves (certains collègues même, parfois, mais de moins en moins souvent) sont surpris, choqués de mon positionnement. Pourtant, pour en avoir essayé d'autres en trente ans d'enseignement, je peux assurer que c'est celui qui est le plus productif. Bien sûr, le début d'année est toujours une phase difficile avec moi, avec mes exigences (certains diront mes "manies" ou mes "principes"). Les élèves me prennent bien souvent pour un affreux personnage qui éprouve un plaisir sadique à punir et à ne pas accepter leur attitude ou leurs travaux quand ils ne correspondent pas à ce que j'ai demandé. J'obtiens en général ce que je veux au bout d'un bon mois: rester debout au début du cours jusqu'à ce que le silence se fasse et s'asseoir seulement quand je le permets, lever la main pour prendre la parole, ne pas interrompre quelqu'un qui parle, présenter correctement les devoirs écrits, s'exprimer le plus clairement possible à l'oral (précision du vocabulaire et diction compréhensible)...
Il est étonnant de voir comment, ensuite, les rapports évoluent vite et bien. on peut se permettre de plaisanter, on ne s'en prive pas, sachant qu'après le moment de détente, on se remet au travail sérieusement. On peut accepter quelques retards ou quelques oublis parce qu'on est sûr qu'ils sont occasionnels et involontaires. L'atmosphère est plus légère, pourtant les exigences sont les mêmes, et des élèves qui, en début d'année, voyaient en moi le grand Croque-Mitaine qui adorait les tyranniser, se mettent à apprécier mes cours et ma façon de faire.
Je crois que c'est parce qu'ils ont trouvé le cadre dont ils avaient besoin et que la société actuelle ne leur donne guère. Je vais peut-être passer pour un affreux réactionnaire mais je pense que trop de permissivité nuit au développement harmonieux des enfants et ne leur permet pas d'asseoir leur personnalité sur de bonnes base solides. Bien sûr, cette exigence de rigueur n'est pas sourde. Je sais parfaitement comprendre certaines situations particulières d'élèves en difficulté (scolaire, sociale ou affective, ou les trois à la fois, malheureusement) et en tenir compte.
Reste que la phase de "dressage", quand il faut en passer par là, n'est pas agréable pour moi non plus et que j'ai la surprise de devoir l'appliquer cette année en sixième, chose dont j'avais perdu l'habitude depuis longtemps.
PS: j'ai écrit ce texte ce matin, pendant que mes élèves de troisième travaillaient sur une version latine. Je ne savais pas alors que cette journée du 23 septembre était celle de la lutte contre l'échec scolaire. Cela ne change d'ailleurs rien à ce que j'ai écrit. Et ce n'est sûrement pas en entendant Monsieur Philippe Mérieu intervenir au journal de 13 heures sur France Inter que je vais changer d'avis!
PS2: En écho à certains articles lus dans des blogs "amis", je tiens à préciser que ne me gêne pas le fait que les élèves utilisent le mot "prof" au lieu de professeur, l'essentiel étant de préserver le respect mutuel, mais qu'en revanche je n'accepte pas en classe des élèves qui confondent collège et plage ensoleillée. Là aussi, pour moi, une question de respect (et bien souvent d'esthétique!).
mercredi 23 septembre 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
5 commentaires:
Eh bien, tout ça me paraît marqué du sceau du bon sens et de la logique la plus élémentaire, très cher collègue.
En ce qui me concerne, c'est encore pire. Surtout avec les classes de secondes. Pour m'être laissé manger une fois la laine sur le dos, et avoir passé une année affreuse en compagnie d'une classe, pour indulgence excessive au tout début, j'ai décidé que dès la rentrée la loi martiale était décrétée. J'applique donc les mêmes règles que toi, mais en plus, JE LES PLACE. Horrible fasciste que je suis.
Au début, ils font des têtes haineuses. Par la suite, tout se met très gentiment en place, exactement comme tu le racontes. Sur la durée, les élèves ne sont jamais dupes. Sur une année, on est forcément jaugé par la majorité à notre vraie valeur (en tant que profs, je veux dire).
Bon, tu me paies un café ? J'ai plus de monnaie pour la machine, et j'ai une heure de trou pour attaquer mes copies...
Moi aussi, je les place, bien sûr. D'abord par ordre alphabétique pour associer plus vite noms et têtes, ensuite selon des critères variés (niveaux, lunettes, bavardages, ...).
L'heure de trou est passée maintenant: rentable pour les copies?
Non, tu n'es pas un réactionnaire..!
Je souscris tout-à-fait à ta vision du - allons-y - prof !. Mettre un cadre, eh oui. C'est élémentaire.
Voilà donc un autre sujet à aborder entre nous, lors de mon prochain passage à Lyon, sans doute et j'espère en 2010.
André L.
PS Voilà donc mon premier et très court commentaire - sur un blog - de ma vie d'internaute. Il est sur Potomac.
Une première fois sur Potomac?....un dépucelage en quelque sorte!..et l'a pas été trop dur le Calyste?
Joie de te voir apparaître ici, André! Fierté d'être le premier. N'hésite surtout pas à recommencer.
Pour 2010, il y a encore nombre de sujets à aborder ou approfondir. Merci de ton amitié.
Monsieur Piergil, je vous avais prévenu! Cette fois, c'est la trique! Enfin, non, le ... Bon, je passe l'éponge mais c'est la dernière fois!
Enregistrer un commentaire