La société JCDecaux est en charge de la gestion des vélos publics de Lyon, appelés vélov'. L'idée de pouvoir me déplacer à deux roues dans la ville m'a tout de suite séduit et je n'ai guère tardé à prendre un abonnement longue durée (une année, renouvelable). Bon an, mal an, j'en étais plutôt satisfait, même si certaines stations restaient désespérément vides et d'autres incroyablement pleines, tout cela bien sûr à l'inverse de mes besoins du moment. Mais j'ai la chance d'habiter un quartier très fourni en stations et il me suffisait en général de parcourir deux ou trois cents mètres supplémentaires pour trouver de quoi me satisfaire.
Et puis, d'une manière qui m'a semblé bien rapide et soudaine, les vélos ont été de plus en plus vandalisés, les bornes de lecture endommagées, l'approvisionnement des stations plus aléatoire. La société a réagi en augmentant le prix de tous les abonnements, celui à l'année passant de cinq à quinze euros. Pas encore très cher, mais tout de même une augmentation de trois cents pour cent! Explication: il serait ainsi possible de faire face à la dégradation, que les finances de Decaux ne pouvaient sans doute plus assumer. De qui se moque-t-on?
Dès la hausse effective, les vandales ont désertés les lieux, quasiment du jour au lendemain. Plus de vélos défoncés, ou bien peu, proportionnellement. Le départ des Vandales pour des cieux plus cléments est bien évident la seule explication rationnelle car les nouveaux abonnements à quinze euros ne pouvaient avoir renfloué les finances de l'entreprise aussi vite...
Qu'à cela ne tienne: à peine un peu plus d'un euro par mois, quand le moindre ticket de bus ou de métro est à 1,60, ce n'est pas la mer à boire. D'autant que je bénéficie encore de plusieurs mois avant de subir moi-même l'augmentation. Mais dernièrement, deux petits grains de sable sont venus perturber la machine. Le premier, c'est mon mal de dos qui m'empêche bien souvent de prendre un vélo. Mais ça, Vélov' n'y est pour rien. Le deuxième date d'une quinzaine de jours. J'avais remarqué que ma carte d'abonné n'était pas toujours lue facilement par les bornes à certaines stations. Comme elle fonctionnait très bien à d'autres, j'en ai conclu qu'il n'y avait rien de grave et ai changé un peu mes habitudes.
Mais voici que début septembre, alors que j'étais assez pressé puisque j'avais rendez-vous avec mon dentiste, cette carte resta obstinément muette. J'eus beau la passer, la repasser, la réchauffer, la frotter pour la nettoyer, attendre un instant en espérant que ce repos la remettrait d'aplomb, rien! Avant de me précipiter dans la bouche de métro, j'ai appelé Vélov' pour leur signaler l'incident et ai eu tout le temps (vu le délai d'attente pour qu'un opérateur décroche) de constater que ma carte avait souffert: elle montrait une fente sur l'un des longs côtés, ce qui la rendait illisible.
La voix féminine qui me répondit enfin m'assura que, dans les quinze jours, je recevrais par la poste une nouvelle carte, moyennant cinq euros de frais. Je lui fis remarquer que ma carte avait déjà deux ans et qu'il n'était pas étonnant qu'elle se soit un peu détériorée, même si je ne la transporte sur moi que dans une petite pochette de cuir qui la protège. Je m'entendis répondre que l'usure des cartes n'était pas pris en compte par la société. Dont acte. On me proposa de prendre, pour faire le lien, un abonnement à la semaine. Ainsi la seule solution, c'était que je paie une deuxième fois pour une période déjà réglée. Pas folle la guêpe.
Mes problèmes de lombaires firent que je n'eus pas à me servir d'un deux-roues pendant ces quinze jours. Mais de carte jolie, je n'en voyais toujours pas venir! Cet après-midi, je pris donc mon téléphone pour avoir des nouvelles. Autre attente. La voix enregistrée me fit taper mon code personnel, me dit aussitôt (quelle rapidité de lecture!) qu'elle ne le comprenait pas et me demanda de bien vouloir le retaper. Je le fis en tirant la langue pour mieux m'appliquer, mais le neurone de la machine répondeuse n'était pas au rendez-vous: il me fallut attendre un temps certain avant d'accéder à un vrai humain, qui se trouva être une humaine, fort polie et à la voix agréable. Elle rechercha mon dossier, assez rapidement, je dois le dire.
- Monsieur Calystee, merci d'avoir attendu (j'aurai pu faire quoi, autrement?). J'ai votre dossier sous les yeux. C'est un problème de carte fendue, n'est-ce pas (quelle perspicacité! je venais de lui dire! Elle devrait se reconvertir dans la voyance, cette brave dame!). Votre nouvelle carte n'a pas pu être éditée à cause d'un problème informatique (ben voyons!). Mais je me charge personnellement de l'affaire. Bien sûr, votre nouvelle carte ne partira pas ce soir, mais dès lundi. Vous devriez donc la recevoir mardi ou mercredi si la Poste ne fait pas grève (sales fonctionnaires!). Nous sommes désolés pour ce retard.
- Pas autant que moi, chère Madame, d'autant que, si je comprends bien, si je n'avais pas appelé, j'aurais pu attendre ad vitam eternam?
- Euh.... Oui. Je suis désolée.
- Mais alors, ma durée d'abonnement va être prolongée d'autant de jours que ceux où je n'ai pas pu utiliser vos vélos?
- C'est absolument impossible. Si encore vous nous aviez transmis vos coordonnées bancaires, j'aurais pu mais là, vous avez payé votre abonnement avec un chèque. C'est impossible.
- Vous voulez dire que si j'avais accepté le paiement automatique, vous alliez me rembourser en durée supplémentaire les jours perdus?
- J'aurais pu éventuellement faire quelque chose! (Apparition de l'adverbe qui n'était pas là tout à l'heure). Mais là je ne peux rien. Désolée, Monsieur Calystee. Passez un très agréable week-end, Monsieur Calystee.
Prends-moi pour un con, belle voix de rêve! Je ne vois pas en quoi le mode de paiement a une quelconque importance dans le prolongement d'un abonnement de quelques jours. Mais la voix de rêve était agréable, polie et calme. Et ça, un vendredi soir, passées cinq heures, ça n'a pas de prix. J'attends encore jusqu'à mercredi prochain, et là, je m'énerve pour de bon!
vendredi 18 septembre 2009
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4 commentaires:
Elle s'occupe de l'affaire, et de la faire ta carte.
J'aimerais, pour ma part, Olivier, que l'affaire soit dans ma poche!
Encore heureux qu'elle ne vous ait pas appelé "Monsieur Cyclistee" !
Qu'elle me nomme comme elle le désire (comme le tramway)pourvu qu'elle m'envoie cette carte qui m'évitera justement de le prendre.
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