Rencontre saturnale

Retour par Bellecour (trottoir du côté nord : moins de monde) en vue d'aller jeter un coup d’œil à la Cité de la Gastronomie, dans l'ancien Hôtel-Dieu. Mais, rue de la Barre, je vois que Gibert a installé sur le trottoir des bacs de livres d'occasion. Aux nourritures terrestres, je préfère les spirituelles. Je farfouille un peu, près d'une dame accompagnée d'une jeune fille. Je trouve un nouvel Ellory et m'apprête à rejoindre la caisse, à l'intérieur, quand je vois la dame prendre en main Le Monde selon Garp, de John Irving. 

Je ne peux m'empêcher de mettre mon grain de sel en lui confiant que ce roman avait été pour moi en son temps un véritable coup de poing. La dame semble peu intéressée mais la jeune fille beaucoup plus. Ce qui emporte sa décision, c'est le prix : un Euro. Direction donc la caisse pour tous les deux et là, j'ai la surprise de la voir payer aussi mon bouquin (deux Euros). "c'est pour vous remercier de m'avoir si ,bien conseillée !" me sourit-elle en rosissant. 

Et cela va durer plus d'une demi-heure, assis tous les trois sur le rebord de la vitrine, rue des Marronniers. La dame est de Paris et visite Lyon. Son amie, ou parente, est en fac ici, elle vient de Haute-Savoie, de La Roche-sur-Foron. Je leur donne quelques idées pour de futures visites, je lance aussi quelques autres conseils de lecture (dont Le Mur invisible, de Marlen Haushofer). Bref, un bon moment à échanger. Seul bémol : elle ont trouvé la basilique de Fourvière très belle ! Nul n'est parfait ! En antidote, je glisse celle d'Ainay, bien sûr. 

Et puis, la dame éprouve un besoin pressant et toutes deux se dirigent vers un salon de thé. Séparation. Je n'irai pas à l'Hôtel-Dieu et traverse le Rhône, en traînant un peu la patte : ça ne fait pas loin de trois heures que j'arpente les rues ! J'ai tout de même le temps de m'avouer que, depuis la retraite, je suis devenu bigrement bavard !