lundi 6 juin 2016

Vous avez dit classique ?

Après avoir vu sur Arte le film Alceste à bicyclette, de Philippe Le Guay, avec Fabrice Luchini et Lambert Wilson, j'ai eu aujourd'hui l'envie de me replonger un peu dans Molière, dans cette tirade d'Alceste, du Misanthrope. Une merveille, classique certes mais ô combien toujours d'actualité.

Au travers de son masque, on voit à plein le traître,
Partout, il est connu pour tout ce qu’il peut être ;
Et ses roulements d’yeux, et son ton radouci,
N’imposent qu’à des gens qui ne sont point d’ici.
On sait que ce pied plat, digne qu’on le confonde,
Par de sales emplois, s’est poussé dans le monde :
Et, que, par eux, son sort, de splendeur revêtu,
Fait gronder le mérite, et rougir la vertu.
Quelques titres honteux qu’en tous lieux on lui donne,
Son misérable honneur ne voit, pour lui, personne :
Nommez-le fourbe, infâme, et scélérat maudit,
Tout le monde en convient, et nul n’y contredit.
Cependant, sa grimace est, partout, bienvenue,
On l’accueille, on lui rit ; partout, il s’insinue ;
Et s’il est, par la brigue, un rang à disputer,
Sur le plus honnête homme, on le voit l’emporter.
Têtebleu, ce me sont de mortelles blessures,
De voir qu’avec le vice on garde des mesures ;
Et, parfois, il me prend des mouvements soudains,
De fuir, dans un désert, l’approche des humains.

3 commentaires:

Cornus a dit…

Je vote pour ! Une pièce que je connais peu.

CHROUM-BADABAN a dit…

On dirait : c'est aujourd'hui qu'il a écrit !

Calyste a dit…

Cornus : une des grandes de Molière !

Chroum : on y reconnaitrait plus d'un de nos contemporains !