Je suis un peu surpris de découvrir l'aigreur que provoque à certains la (prétendue) réforme de l'orthographe, que ce soit dans un camp que d'aucuns traitent de "fossilisés" que dans l'autre que l'on pourrait traiter, eux, à tout aussi bon droit, de "jeunistes" prêts à tout pour rester "dans le vent", comme on disait autrefois.
D'abord, il faut rappeler que cette réforme date de 1990 et que l'on a laissé la liberté à chacun de l'appliquer ou pas. Même liberté officielle pour celle de 2016. Et si les éditeurs de manuels scolaires ont décidé de la généraliser, je doute que ce soit pour les raisons couramment énoncées, mais bien plutôt pour accélérer la rotation de ces livres et ainsi en toucher de sérieux dividendes. Si ces messieurs sont si attachés à la règle, j'aimerais qu'on les soumette à de conséquentes amendes chaque fois (et c'est loin d'être rare) qu'il se trouve de monstrueuses fautes dans leurs manuels.
Je suis personnellement contre la réforme telle qu'elle a été décidé parce qu'elle est stupide et aura des effets contraires à ceux recherchés. Si l'on voulait modifier quelques aspects difficiles de notre langue, il fallait s'attaquer aux accords des adjectifs de couleur par exemple, où l'on lit encore que les adjectifs fauve et pourpre sont couramment employés, alors que ce ne serait pas le cas pour marron et orange.
Il fallait peut-être aussi toucher aux accords des sacro-saints participes passés des verbes pronominaux. Je n'ai pas honte de dire que, pour certains, je prends la précaution de vérifier la justesse de ce que j'écris. Si l'on veut supprimer le trait d'union, supprimons-le, mais dans tous les mots. Mais attention aux contresens que cela va engendrer. Enfin je ne vois pas en quoi nénufar est plus facile à écrire que nénuphar !
Pour finir, et c'est cela qui me chagrine le plus, elle me semble créer (ou amplifier) une langue à deux vitesses, comme il y a déjà une médecine à deux vitesses. Il y aura ceux qui continueront à écrire "à l'ancienne", parce qu'ils ont accès à cette culture, et les autres. Je laisse à deviner qui les lecteurs de CV d'embauche sélectionneront en priorité. J'ai été prof pendant de nombreuses années et, si j'ai toujours défendu la langue française dans sa beauté et ses particularités, je n'ai jamais oublié de tenir compte de l'avenir des enfants qui m'étaient confiés.
(Je précise, pour qu'il n'y ait pas de malentendus que je suis fils d'ouvrier, que, enfant, j'étais probablement dyslexique et que, pendant de nombreuses années, j'ai dû me battre avec l'orthographe d'usage.)
dimanche 7 février 2016
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5 commentaires:
Ce que je vais faire n'est pas bien ! Je vais un peu commenter à côté, pour dire qu'il est souvent des questions sur lesquelles je n'ai pas d'opinion tranchée et je m'étonne de voir à quel point certain sont sûrs de savoir quoi penser...
Je ne parle pas de toi sur cette question, sur laquelle tu es fondé à avoir une opinion bien-sûr.
Je dois dire que bien souvent aussi, si on ne fait pas l'effort de connaître le fond d'un sujet, les media nous assourdissent plus des colères qu'il suscite que d'explication...
Je dois écrire nénuph(f)ar une fois tous les dix ans, je pense que d'ici à ce que je l'écrive la prochaine fois, j'aurai déjà oublié cette réforme d'il y a vingt cinq ans. Tu parles de l'accord des couleurs, et celui des chiffres, c'est aussi un casse(-)tête non ? (est ce que l'on met un trait d'union à casse tête ou non ?)
Karagar : entièrement d'accord avec toi. On parle à tort et à travers, même dans les médias.
Valérie : moi, j'en mettrais un, mais l'absence du tiret ne me gène pas tant que l'on ne colle pas les deux mots.
Je pense que cette réforme n'apportera strictement rien, sauf aux éditeurs. Ceux qui ont une très mauvaise orthographe ou qui ne font aucun effort, continueront d'écrire de travers.
En tant que lecteur de CV et recruteur, je me moque de savoir si on utilisera l'orthographe réformée ou non. De toute manière, ce n'est pas là qu'est le problème. Le souci vient de choses très basiques comme les accords et la conjugaison ou encore de phrases écrites de travers. Il y a peu, voulant recruter un stagiaire bac+5, tu n'imagines pas les horreurs que j'ai pu voir.
Quant à nénuphar, il paraît que le f serait un retour aux sources, car le mot aurait été considéré comme d'origine grecque par l'Académie, ce qui n'est finalement pas le cas. En tout cas, le nom scientifique (et non latin) donne Nuphar lutea pour le Nénuphar jaune.
Cornus : grâce à toi, j'ai appris quelques chose : le mot viendrait de l'arabe.
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