dimanche 14 février 2016

Un garçon près de la rivière

J'étais persuadé d'avoir déjà lu du Gore Vidal. Or, en parcourant sa bibliographie, je me rends compte qu'il n'en est rien. Maintenant que c'est fait, je crois que je ne vais pas m'en arrêter là.

The City and the pillar (paru en français sous le titre Un Garçon près de la rivière) est son premier roman, publié à 23 ans en 1948. Le livre, qu'il avait hésité à faire paraître, provoqua un scandale au États-Unis parce qu'il s'agissait du premier roman dont les personnages, aux tendances homosexuelles, ne connaissent pas une fin tragique pour avoir défié les conventions sociales.

L'histoire : deux adolescents, Jim et Bob, passent une nuit sous tente et se laissent aller à leurs désirs. Bob s'en va. Jim passera plusieurs années à tenter de le retrouver en côtoyant successivement divers milieux comme celui des marins ou des stars d'Hollywood. Les retrouvailles seront terribles pour Jim.

Raconté comme cela, ça paraît plutôt bête et fleur bleue. Mais ça ne l'est pas. D'abord, l'écriture est splendide, pourtant en restant toujours simple. Et puis, il y a une telle pudeur chez Gore Vidal que ça prend aux tripes. Enfin, j'aime beaucoup l'attitude de cet écrivain qui n'a jamais accepté qu'on lui impose le terme d'homosexuel, disant que, pour lui, "il n'y a pas de personnes homosexuelles, seulement des actes homosexuels". "Nous sommes tous bisexuels. C'est un fait de notre nature." Cela correspond assez à ce que je pense moi-même.
( Gore Vidal, Un garçon près de la rivière. Ed. Rivages Poche. Trad. de Philippe Mikriammos.)

5 commentaires:

plumequivole a dit…

Voilà un nom que j'ai vu passer assez souvent devant mes yeux sans jamais chercher à lire, mais tu me donnes bien envie.

Cornus a dit…

Un fait est que l'on parle volontiers d'homosexuels, mais jamais d'hétérosexuels, comme si les premiers devaient se définir plus que les autres par rapport à la sexualité, comme s'ils se résumaient à ça. Je suis souvent agacé d'entendre dire par les uns et les autres qu'un tel est homosexuel, comme si c'était le principal trait de leur personnalité ou de l'intérêt qu'on leur porte. J'ai peut-être eu un temps ce travers (peut-être, par grave ignorance dans des temps anciens), mais j'estime qu'à l'heure actuelle, avec la pléthore d'informations de qualité accessibles (je mets en dehors les tenants des obscurantismes de tous poils), des gens normalement dotés d'un cerveau et prétendument cultivés, devraient pouvoir faire abstraction de ces détails, sauf éventuellement, pour l'anecdote positive. Hélais, ce n'est pas toujours le cas. Sans être des homophobes outranciers, il existe encore çà et là, une atmosphère (parfois davantage) de moquerie ou de critique.

Cornus a dit…

Tout ça pour dire que cela doit être intéressant.

karagar a dit…

je suis d'avis que l'homosexualité ne définit rien d'autre que notre orientation sexuelle et amoureuse et ne détermine rien d'autre dans l'absolu (sauf que des générations d'homos ont en commun l'attitude de la société à leur égard et que cela crée des similitudes sans doute), par contre "nous sommes tous bisexuels" où as tu été chercher ça????????

Calyste a dit…

Plume : oui, ça vaut le coup.

Cornus : je pense même que la société régresse en ce moment sur ce sujet.

Karagar : Ok mais pas de ghéttoïsation, Je ne supporte pas. Pour le reste, c'est une citation.