Dans l'Hindouisme, les animaux compagnons des dieux s'appellent des
vâhana. Ils les accompagnent au quotidien et leur servent souvent de
"monture". Ils permettent aussi aujourd'hui aux touristes de reconnaître
le dieu dont il est question. Ils n'ont pas droit à une vénération
particulière ni à des offrandes, à deux exceptions près : Hanuman,
commandant de l'armée des singes et serviteur du héros divin Râma, et
Nandi, le taureau blanc de Shiva. Parmi les autres, Mushika, le rat de
Ganesh, Hamsa, l'oie de Brahmâ, le lion (ou tigre) de Pârvati. Ces
animaux symbolisent en général la fonction principale de la divinité
qu'ils accompagnent : par exemple, le taureau de Shiva représente la
force et la puissance.
On retrouve bien sûr les animaux chez les gréco-romains : Aphrodite/Vénus et la colombe, la tourterelle ou le cygne, Arès/Mars et le chien ou le vautour, Artémis/Diane et la biche, Athéna/Minerve et la chouette, Dionysos/Bacchus et la panthère, Hadès/Pluton et le chien Cerbère, Héra/Junon et la paon, Poséidon et le cheval, le taureau ou le dauphin, Zeus et l'aigle. Même utilisation symbolique de ces animaux : la chouette d'Athéna/Minerve, par exemple, symbolise la sagesse et la clairvoyance (même si, chez les Romains, c'est presque le même mot qui désigne la chouette (strix) et la sorcière (striga, qui donne strega en italien), car ils les accusaient de boire le sang des enfants pendant la nuit (d'où la légende des Stryges).
Le christianisme n'a pas mis au placard cette habitude de montrer ou d'associer un saint avec un animal. Mais il ne s'agit plus ici d'un "attribut" du saint mais plutôt d'une référence à un des épisodes de sa vie. C'est un chien qui nourrit Saint Roch dans sa retraite et lèche ses plaies, donnant ainsi naissance au dicton populaire : "Langue de chien vaut médecin". Saint Gilles sauva une biche en recevant dans la main la flèche qui lui était destinée. Saint Macaire, qui avait fait recouvrer la vue au petit d'une hyène, en remerciement reçut d'elle une peau de brebis. Saint Gérosime enleva une épine de la patte d'un lion et se vit toute sa vie accompagné de l'animal (et cela me fait penser au roman de Chrétien de Troyes, Yvain ou le Chevalier au lion) qui vint mourir sur son tombeau.
Saint Malo, en Bretagne, qui se trouvait en mer le jour de Pâques, se fit, pour célébrer la messe, débarquer sur le rivage par une baleine qu'il avait prise pour une île. Saint Corentin était seul dans le désert avec un poisson et, lorsqu'il avait trop faim, il tranchait dans les flancs du poisson de quoi manger suffisamment et ce dernier se reconstituait ensuite pour le prochain repas du saint. Saint Galgan (oui, celui de l'abbaye toscane dont je suis tombé amoureux quand je l'ai découverte), en se rendant chez la jeune fille qu'il devait épouser, vit son cheval refuser obstinément d'avancer et comprit ainsi que là n'était pas la voie qui lui était tracée. Il y a aussi Saint Hubert apercevant une croix resplendissante entre les bois d'un cerf qu'il s'apprêtait à tuer.
Mais celui que je préfère, c'est Saint François d'Assise, lui qui ne supportait pas que l'on maltraite une bête, si petite soit-elle. On dit qu'il avait coutume d'enlever les vers de terre du chemin afin que personne ne les écrase. Les fresques le montrent s'adressant aux oiseaux dans la campagne d'Assise ou à une cigale près de la Portioncule. Lors de son voyage à Gubbio, il apprivoisa un loup terrible qui menaçait les hommes et les animaux du village. Le loup, l'ayant entendu parler, leva la patte droite et la mit dans la main du saint, en signe de "soumission". François demanda aux villageois de nourrir le loup car c'était la faim uniquement qui rendait le loup sanguinaire. Le loup vécut deux ans à Gubbio, entrant dans chaque maison où on le nourrissait. Tout le village le regretta lorsqu'il mourut de vieillesse.
Est-ce un hasard si le 4 octobre, le jour de la Saint François d'Assise, est déclarée journée mondiale des animaux ?
samedi 6 février 2016
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3 commentaires:
Et j'ajouterais, de mémoire, le cochon de saint Antoine, mais ne me pas pourquoi à moi.
Cornus : encore un que j'ai oublié. Pour l'explication, voici ce que j'ai trouvé : "De nombreuses représentations du saint nous le montrent accompagné d'un cochon portant une clochette. Il est ainsi parfois appelé en Italie Antonio del porco ou « saint Antoine des cochons » dans la vallée de la Bruche en Alsace. Selon Émile Mâle qui signale que cette tradition date de la fin du XIVe siècle, le cochon n'a rien à voir avec la vie du saint mais avec un ordre religieux fondé en Dauphiné en 1095 (les Antonins) : les porcs n'avaient pas le droit d'errer librement dans les rues, à l'exception de ceux des Antonins, reconnaissables à leur clochette. À noter cependant que les démons, qui ont tourmenté le saint, ont, dans un premier temps, été représentés par des animaux sauvages (lion, ours, etc.) puis sous la forme d'animaux plus familiers comme le loup et le sanglier, ce dernier pouvant expliquer le lien avec le cochon.
Fromfrom a l'explication, elle, mais je ne l'avais pas sous la main... J'imagine que ça recoupe très largement ce que tu as écrit.
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