Extrait de 1984, de George Orwell.
"Ne voyez-vous pas que le véritable but
du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin,
nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n’y
aura plus de mots pour l’exprimer. Tous les concepts nécessaires seront
exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera délimité.
Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliées
[...]. Le processus continuera encore longtemps après que vous et moi
nous serons morts. Chaque année, de moins en moins de mots, et le champ
de la conscience de plus en plus restreint. Il n’y a plus, dès
maintenant, c’est certain, d’excuse ou de raison au crime par la pensée.
C’est simplement une question de discipline personnelle, de maîtrise de
soi-même. Mais même cette discipline sera inutile en fin de compte. La
Révolution sera complète quand le langage sera parfait. [...] Vers 2050,
plus tôt probablement, toute connaissance de l’ancienne langue aura
disparu. Toute la littérature du passé aura été détruite. Chaucer,
Shakespeare, Milton, Byron n’existeront plus qu’en versions novlangue.
Ils ne seront pas changés simplement en quelque chose de différent, ils
seront changés en quelque chose qui sera le contraire de ce qu’ils
étaient jusque-là."
Non, non, je ne pense ni au jargon de l’Éducation Nationale, ni à la réforme de l'orthographe. Promis !
vendredi 19 février 2016
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5 commentaires:
En te lisant, j'écoute Notre 'Paysan' de la République sur France Inter.
Je constate qu'il n'est pas nécessaire d'user d'une Nov-Langue pour dire le contraire de ce qu'on fait !
François Hollande le fait très bien en très bon français !
Avec une langue de bois complexe, fluide et séduisante...
Mais il est vrai que sur le plan de "l'expression populaire", les médias inventent souvent une mode, faite de néologismes barbares, d'acronymes et de tournures réductrices pour divertir en invertissant le sens de certains événements. Le discours de l'extrême droite... mais pas seulement... La pensée unique. La pensée publicitaire, ah celle-là !
Je n'y crois pas une seule seconde, personnellement. Je pense que tout est dynamique, avec des flux et des reflux, des simplifications, des complexifications et beaucoup de choses imprévisibles.
Chroum : rien de pire, effectivement, que les médias pour ça.
Cornus : moi, je suis tenté de ne voir qu'appauvrissement.
Bien vu Calyste ! J'adore Orwell.. Je pense que 1984 est un roman d'anticipation où malheureusement, on peut trouver des clés pour déchiffrer notre société présente. La Novlangue a d'ailleurs déjà envahi nos médias dominants, où on parle de "rénovation" quand on met à bas les acquis sociaux, etc... Je me souviens aussi que dans le roman, on réécrivait l'histoire en fonction des alliances politiques du moment.. encore quelques réformes de l'éducation et quelques simplifications et ce sera chose faite.
Jean-Pierre : c'est exactement ce que je voulais dire !
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