jeudi 4 septembre 2014

Antigone

Pour me faire pardonner : un deuxième billet aujourd'hui, même si ce n'est vraiment pas la première fois!).

Antigone, ce n'est pas rien : du mythe grand cru. Il faut oser s'y atteler. Après Sophocle, l'initiateur, Anouilh l'a fait, dans un autre registre, celui de l'humour grinçant. Et puis l'écrivain belge Henry Bauchau se l'est approprié.

J'avais lu, il y a longtemps, les deux autres tomes de cette trilogie : Œdipe sur la route et Diotime et les lions. Lecture parfois difficile mais fascinante. J'ai retrouvé les mêmes sensations avec cette Antigone.

Bauchau extrapole beaucoup par rapport au mythe grec tel qu'on le connaît. Pourtant, il ne s'éloigne jamais de la philosophie de ce mythe. Les personnages principaux sont les mêmes, bien sûr, avec leur même caractère, leurs mêmes particularités : Antigone et sa fidélité, son respect des lois sacrées, Etéocle et Polynice, les jumeaux ennemis, Créon qui attend le pouvoir, tapi dans l'ombre, Hémon, le fils tiraillé et Ismène, la sœur, dans mon souvenir un peu palote. Mais ils y gagnent en intensité, en profondeur. Les jumeaux s'aiment jusqu'à la mort, Antigone, de retour de son périple avec Œdipe aveugle, tente de sauver Thèbes et ses habitants les plus pauvres, Ismène a du caractère et se comporte en opposante face à un Créon despotique.

Mais ce qui est extraordinaire dans ces livres, c'est le style de Bauchau, limpide et pourtant travaillé ( il a mis cinq an avant d'achever son Antigone ) et surtout son sens de l'épique, du mythique. Rien à voir avec Anouilh. Ici, ça sent la Grèce antique, la chaleur de l'été torride, la puanteur de la ville assiégée, la violence des combats, l’écœurante douceur du sang versé. En même temps qu'une profonde humanité, mettant ces héros légendaires à la portée de nous autres, simples humains.

Henry Bauchau est mort il y a tout juste deux ans. Ce livre traînait dans ma bibliothèque  depuis beaucoup plus longtemps.
(Henry Bauchau, Antigone. Ed. Actes Sud.)

5 commentaires:

Cornus a dit…

Pourquoi es-tu contre ces pauvres gamins ou ce langage franco-provençal ?

Calyste a dit…

Cornus : j'ai mis un moment à comprendre ce que tu voulais dire ! Au début, j'ai cru que tu t'étais trompé de billet !

plumequivole a dit…

Moi itou !

Nicolas a dit…

Tu me donnes vraiment envie de le lire !

Calyste a dit…

Nicolas : mes billets de lecture sont faits pour ça :partager mes joies.