Vous ai-je déjà parlé de Marthe ? Elle était buraliste tout près de chez moi et j'y allais acheter mes cigarettes, de préférence au bureau de tabac plus proche mais dont les tenanciers n'avaient rien pour attirer la sympathie. Marthe, au contraire, m'avait tout de suite plu quand je l'avais connue. Une dame mince, frisant la maigreur, à la taille élancée, à la voix forte et à la gouaille toute lyonnaise (en tout cas dans le quartier de la Guillotière).
Parfois, elle était secondée par son fils, mais je préférais tomber sur elle : toujours souriante, toujours un mot gentil à chacun, une mère pour la moitié du quartier. A ceux qui étaient un peu à court, elle faisait crédit, mais jamais personne ne l'a volé, tant on la respectait. Je ne sais rien de plus sur elle et, lorsqu'elle a vendu son commerce, une partie de l'âme de cette rue s'en est allée. Ses successeurs n'avaient pas son charisme.
Parfois, je la croise dans les alentours où elle doit toujours habiter. Ce fut le cas cet après-midi et nous avons bavarder un moment. Elle va bien et garde encore sa bonne humeur malgré une quasi cécité qui la handicape beaucoup. Me reconnaît-elle vraiment ? Je ne sais pas : elle avait toujours beaucoup de monde dans son magasin. Mais, quoi qu'il en soit, elle aime la compagnie et m'a fait promettre de ne jamais hésiter à l'aborder quand je la verrai, car, elle, hélas, ne peut plus voir les gens que lorsqu'ils sont tout près d'elle. Allez, Marthe, à bientôt.
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2 commentaires:
Je n'ai pas de rapport particulier avec les commerçants, sans doute parce que nous n'y allons pas assez souvent ou que les vendeurs changent ou "tournent". Une exception cependant : le marchand de légumes du marché du dimanche matin.
Cornus : je suis assez "copain" aussi avec quelques caissières de Casino.
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