lundi 1 juillet 2013

L'Inconnu du lac

Samedi, séance cinéma au Comoedia. Je suis allé, seul puisque Jean-Clade et Frédéric avaient d'autres choses à faire, voir L'Inconnu du lac. Pour la deuxième fois, j'ai acheté un billet sénior: c'est fou ce que l'on s'habitue vite ! Un peu inquiet de ce que j'allais découvrir,  parce que je n'avais que vaguement suivi la présentation de ce film à la radio, j'ai eu la surprise d'entrer dans une salle aux trois-quarts vide. Mais le public présent n'était pas celui que j'attendais: essentiellement des femmes, dont beaucoup d'un âge certain. "Elles vont quitter la salle vite fait lorsqu'elles sauront de quoi il s'agit", ai-je pensé in petto. Eh bien non, ces dames étaient venues pour ce film et, apparemment en connaissance de cause.

L'histoire est simple: au bord d'un lac, une plage naturiste où se rencontrent des homos qui, ensuite, vont faire davantage connaissance dans le bois au-dessus. Franck, le personnage principal, converse chaque jour avec un homme isolé que sa femme a quitté. Un après-midi, il engage la conversation avec un beau ténébreux, Michel, dont l'ami vient immédiatement le rappeler à l'ordre. Franck est attiré par Michel. Alors qu'il s'était attardé le soir jusqu'à la nuit noire, il voit Michel, au milieu du lac noyer volontairement son ami. Pour connaître la suite, il vous faudra aller voir le film.

Les deux hommes sont beaux, les scènes sont rythmées par l'apparition de la voiture de Franck sur le parking de la plage où il la gare toujours de la même façon sous le même pin et par des vues sur le lac ou sur le ciel. Les scènes sont très réalistes (fellation, masturbation, éjaculation...) sans pour autant être pornographiques. La fin est extrêmement violente.

J'ai été surpris par le naturel avec lequel cette histoire est racontée, comme si, aujourd'hui, la drague homo dans la nature ne posait plus aucun problème à personne. La seule chose qui m'a gênée, c'est qu'encore une fois, on associe l'homosexualité et la folie meurtrière. Mais c'est un film à voir, à mon avis.

14 commentaires:

plumequivole a dit…

J'étais fort tentée et j'attendais qu'il passe ici mais à cause de toi je n'irai pas :) ! Je n'avais pas compris que la fin était violente, extrêmement dis-tu en plus, et ça je ne supporte pas, mais alors pas du tout, ça me rend physiquement malade. Tu me diras que ça fait un paquet de films que je ne peux pas voir, et des très bons même, ben oui hélas, mais je n'y peux rien...Bon, ben merci quand même !

Calyste a dit…

La Plume: elle est sans doute plus violente dans l'idée que dans les gestes. Moi qui suis comme toi, j'ai assez bien supporté.

P. P. Lemoqeur a dit…

Mais c'est pas nouveau... " Cruising" film emblématique de Friedkin, à l'époque époux de Jeanne Moreau tout gay friendly qu'il fut était pollué par une certaine morale,comme le fut quelques temps après, l' excellent "Looking fo Mr Goodbar" de Peter Brook avec Diane Keaton et qui véhiculait dans le champ hétéro la même bouse morale pré-sida. La libération sexuelle ok ! mais elle mène à la mort, eros n'est pas sans thanatos, on connaissait l'histoire ... et ils ignoraient encore le HIV...
Aujourd'hui on sait qu'éros et thanatos sont d'horribles complices mais si l'on a deux sous de bons sens on se protège et on leur nique la gueule... C'est pour ça que l'histoire du "prédateur inconnu sur la plage" et tu l'as bien dit, me rappelle une période que nous dirons "antérieure"...

CHROUM-BADABAN a dit…

Je n'ai jamais élucidé pour quelles raisons l'homosexualité est très souvent criminelle, meurtrière ? Comme si c'était inéluctable, comme un rite de passage à l'homosexualité...
Le meurtre comme un dépucelage...
Je pense, par exemple, à "Querelle de Brest" de Jean Genet et le film de Rainer Werner Fassbinder.
Pier Paolo Pasolini, assasiné, là je pense que c'était plus un problème de lutte des classes, des voyous extrêmement pauvres et sa richesse "affichée"...
Certes, il y a eu une époque où il fallait assassiner l'homosexuel qui gisait en soi en tuant un homosexuel... Symboliquement ou réellement...
Quand à Eros/Thanatos, c'est un mythe classique mais de l'ordre du fantasme plus que de la réalité, et ça concerne aussi les hétéros...
Mystère...

P. P. Lemoqeur a dit…

Eros/Thanatos, mais on est bien d'accord c'est pour tout le monde.

Je crois que le seul qui a bien parlé de tout ça toutes tendances confondues,c'est Fassbinder... Par ce que homo ou hétéro... pour toi le, latiniste ; "Homo lupus hominis"....

CHROUM-BADABAN a dit…

Oui l'homme est un loup pour l'homme...
Ce peut être une explication...
Et il faut prendre l'Homme au sens neutre et universel du terme, car les femmes entre elles ou avec les hommes, sous des apparences plus douces, contrairement aux idées reçues qui encombrent parfois ma tête, peuvent être tout aussi "saignantes" dans leurs rapports amoureux...

André a dit…

Eros et Thanatos, c'est aussi très présent aujourd'hui. Dans le milieu homo, beaucoup de gars se font tabasser ou détruire par des gens qui soudain pètent un câble, peut-être parce qu'ils ne supportent pas la part homo en eux. Une autre cause chez les gays comme les hétéros: la jalousie. Enfin, il y a les hétéros qui ne supportent pas la liberté que confère (dans leur fantasme ou en réalité) la différence. Le meurtre de mon mec a été commandité par un homme qui, je le crois, se trouvait dans cet état d'esprit. Je ne sais pas encore si j'irai voir L'Inconnu du lac.

Yo a dit…

Ce film m'a vraiment emballé (beaucoup plus que le précédent), pour beaucoup de raisons, mais notamment parce que le sexe y est présenté d'une façon tout à fait simple et tranquille (j'allais dire : charmante). C'est explicite mais pas vulgaire.
C'est amusant, parce que le côté "encore des pédés désaxés" ne m'a pas du tout frappé. Oh et puis pour une fois que les pédés sont tueurs et non pas dépressifs ! Un petit passage à l'acte de temps en temps ne fait pas de mal ! ;-)

Cornus a dit…

Je ne sais trop quoi en penser ou en dire et certains commentaires me fond un peu froid dans le dos.

Calyste a dit…

PP: j'avais vu ces deux films à l'époque et y ai pensé en écrivant ce billet.

Daniel: Je ne mets pas Querelle sur le même plan: plus esthétisant, plus onirique. Si j'osais, je ferais un rapprochement avec La Belle et la Bête.

André: je comprends ta réticence.

Christophe: tu provoques, là ?

Cornus: je suis d'accord avec Christophe: c'est un beau film. Je te conseille de le voir.

karagar a dit…

Vladimir l'a vu l'autre jour à Paris, finalement j'irais bien le voir, même si Plume ne veut pas m'accompagner....

Calyste a dit…

Karagar: oui, comme je le disais à Cornus, je crois que c'est tout de même un film à voir.

Didier M a dit…

Moi, ça m'a fait penser à "Plus fort que moi" de Guillaume Dustan. L'avantage de la littérature c'est que l'imaginaire est libre. Mais là tout est montré. C'est toute la différence entre porno et érotisme.

Calyste a dit…

Didier: tu sais ma passion pour les livres...